Domaine Joseph Voillot : visite mai 2015
Visite au domaine avec J.-P. Charlot en compagnie de Fedor pour récupérer les 2013 : accueil comme toujours très sympathique, dense et enrichissant : 1h30 de dégustation et de discussion. Bref, un très bon moment et une belle surprise finale.
Pas de notes donc des impressions générales sur le millésime 2014 : la grêle a frappé encore une fois comme chacun sait en 2014 sur les AOC pommard et volnay : les pertes sont variables mais approchent sur certains climats les 90% : à titre indicatif, le Pézerolles fait 1 pièce, le Rugiens deux . . . Pour autant, la qualité est bien là (à défaut de la quantité), aussi bien en Volnay qu’en Pommard. À noter que J.-P. Charlot ne vinifie plus le climat en premier cru « Brouillard ».
Les vins n’ont pas été sous-tirés.
Les Meursault :
- Le
Meursault village les chevalières est en place, quasiment accessible, lui manque une complexité qui viendra avec une petite garde.
- Le
Meursault 1er cru les Cras est davantage porté sur la rondeur, une plus grande allonge, et un côté gras qui ressort plus. Finale plus conséquente pour un beau blanc en devenir.
Les Volnay :
-
Volnay village : le fruit ressort bien, acidité présente, tout est déjà là, presque à boire. Bien en l’état.
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Volnay 1er cru Fremiets : expressif, très sur le fruit rouge, acidité structurante : du potentiel. Tannins bien présents, normal vu l’âge du jus.
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Volnay 1er cru Caillerets : houla, pas été conquis sur cette cuvée : austère, tannins très (trop) présents, un côté pierreux (i.e : minéral), astringence marquée sur la fin : il m’a rappelé Brouillard par ce côté minéral et fermé dans sa jeunesse. À attendre impérativement.
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Volnay 1er cru Champans : Nez ouvert, sur le fruit rouge, charmeur ; cette impression se retrouve en bouche, où tout est (déjà) là : rond, précis, structuré, du volume, tannins bien présents, fine acidité : un grand en devenir. Mon préféré comme d’habitude.
Les Pommard :
-
Pommard Village Clos Micault : du fruit, de la rondeur, une fine acidité, un joli volume : l’ensemble se goute déjà bien et devrait, dans une grosse paire d’années, être accessible.
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Pommard 1er cru Épenots : austère en l’état, le fruit est en retrait, tannins très présents, astringence en finale. Du volume tout de même. À attendre naturellement.
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Pommard 1er cru Pézerolles : plus ouvert que les Epenots, le fruit ressort plus mais l’ensemble est serré, la matière est ici concentrée. À attendre évidemment.
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Pommard 1er cru Rugiens : goûté sur deux fûts (neuf et 1 vin) : si sur le fût neuf, le bois ressort trop et apporte des notes torréfiées et vanillées, celui gouté sur le fût d’un vin présente des notes bien fruitées, un gros volume et déjà une sensation d’équilibre apportée par l’acidité : un pommard de grande classe en devenir.
L’impression générale est plus que positive : malgré les très faibles rendements, pour la troisième année de suite, les 2014 s’annoncent qualitatifs et d’un caractère plutôt classique. A encaver selon mes goûts.
Pour finir la (longue) dégustation, J.-P. Charlot nous ramène, à l’aveugle, «
quelque chose de vieux » : la robe est un peu évoluée, mais pas trop. Le nez est très ouvert, sur le fruit rouge puis cuit, avec des notes tertiaires de sous bois. Ça pinote clairement. Bouche à l’unisson, d’une grande fraicheur, marquée par le fruit rouge et des arômes tertiaires de tabac et de champignons. L’acidité, qui est millimétrée, relance le vin constamment. L’aération lui fait du bien et complexifie l’ensemble. Au jeu de l’aveugle, on se lance pour un volnay du début des années 90. On est bien sur Volnay mais bien plus vieux :
Volnay 1er cru Champans 1974 ! Le vin paraît hallucinément jeune pour 41 ans, très bien équilibré, un tour de force dans un millésime très moyen.
Beau vin.
J.-P. Charlot nous explique que son beau père a beaucoup trié cette année là, et que quelques bouteilles se goutent encore très bien. Celle – ci en est l’illustration.
Un grand merci à J.–P. Charlot pour son accueil, son écoute, sa vision de la viticulture et sa générosité.
Cordialement,
Seb