Seulement 3
sur LPV depuis mon passage au domaine l'an dernier.
Le domaine est peu commenté pourtant il semble intéresser du monde puisque c'est le seul pour lequel on me "pousse"
à donner rapidement mes impressions sur le nouveau millésime.
Nous y sommes passés hier lors de notre second périple printanier en Bourgogne.
Pour un aspect pratique lié à notre itinéraire, j'avais demandé à Sophie Meunier de passer en début de matinée ou en fin d'après-midi chez eux.
Elle m'avait demandé de passer assez tôt car leur journée était chargée en visites. Elle m'avait dit en plaisantant que tout le monde voulait venir en Bourgogne le 24 mai.
Effectivement lorsque nous sommes remontés de cave, il y avait un groupe de plusieurs voitures provenant de Belgique.
C'est Louis Meunier qui nous conduira en cave pour déguster ce millésime prometteur.
Auparavant nous aurons discuté avec Alain Meunier qui évoquera le passage de grêle sur le secteur Nuits/Prémeaux le jour de la finale de la coupe du monde.
Les parcelles impactées furent celle de Bourgogne, d'aligoté, Côte de Nuits village et Nuits "Les Fleurières".
Cela va se ressentir sur les volumes en forte baisse mais contrairement au gel, également sur la qualité.
La grêle, c'est un peu la double peine pour le vigneron.
Bourgogne "cuvée jeunesse"
80% de perte, il en reste un peu plus qu'en 2016 mais le vin n'a pas le niveau habituel.
On ressent une sécheresse en fin de bouche. Avec beaucoup de franchise le vigneron nous dit que c'est les effets du passage de grêle.
Il espère que l'élevage va atténuer tout ça mais rien n'est garantie.
Côte de Nuits Villages
Je commente les 3 ensembles.
Il y a cette année une nouvelle petite cuvée (1,5 pièce) qui se nomme
"Aux Leureys"
Elle est réservée pour les cavistes
Comme chaque année nous préférerons
"Les Vignottes" à
"La montagne"
PLus de rondeur pour le premier alors que le second est plus viril avec des tannins plus stricts.
La grêle n'ayant pas arrangé les choses sur ce secteur.
Je classe la nouvelle cuvée derrière Les Vignottes mais devant La Montagne
Chambolle Musigny
J'avais hâte de goûter cette cuvée car je l'affectionne souvent et elle reste accessible au niveau prix.
Un très gros coup de coeur. C'est l'archétype d'un excellent Chambolle village.
De la rondeur, des fruits rouges et une belle structure qui s'exprime tout en finesse.
L'élevage est à peine perceptible.
Je précise que toutes les malos sont finies.
Elles se sont passées très rapidement chez eux
Nuits St Georges "Les Fleurières"
On l'avait adoré en 2017, ce sera moins le cas cette année.
Un Nuits aux tannins un peu hérissés à ce stade. Là aussi le passage de grêle a affecté la parcelle et la qualité des raisins.
A revoir en fin d'élevage puis en bouteille mais quand il faut faire des choix et se limiter en nombre de bouteilles, ce n'est pas forcément cette cuvée qui sera prioritaire.
Chambolle Musigny 1er cru
Par rapport au village, la cuvée est moins immédiate au nez mais elle a plus de structure en bouche.
Les tannins sont soyeux. On retrouve les qualités d'un Chambolle avec le supplément de matière qu'on est en droit d'attendre sur les crus.
Il s'agit toujours d'un assemblage Chatelots et Feusselottes. Louis nous confiait qu'il séparera peut-être les 2 à l'avenir car il y a maintenant des moyens techniques qui facilitent la vinification de petits volumes. Je me souviens que son père ne souhaitait pas les séparer car les parcelles sont voisines et il estimait qu'il y avait peu de différences entre ces 2 climats.
Sans parler de l'aspect pratique car il est plus facile de ne travailler qu'une cuvée en cave.
Les vignes assez anciennes sont taillées en gobelets.
Une bouteille qui sera sans doute excellente après au moins 6 ou 7 années de garde tant le potentiel parait certain.
Nuits St Georges 1er cru "Les Chaboeufs"
Un Nuits féminin avec un nez très flatteur sur la griotte et les framboises.
Une bouche docile, tout en finesse avec une belle finale en longueur.
Un 1er cru qui ne demande pas forcément beaucoup d'années de garde pour se révéler.
Je le qualifierais de Nuits St Georges moderne car il va convenir à ceux qui consomment leurs vins plus rapidement ou qui n'ont pas les capacités de stockage adaptées pour des vins de garde nécessitant un fond de roulement important en volume.
Nuits St Georges 1er cru "Les Boudots"
Un nez sur les cerises noires bien mûres.
C'est réglissé et semble déjà puissant.
La bouche est telle qu'on l'attend avec une très grosse matière.
Un vin structuré sans être trop anguleux comme d'autres années.
L'effet 2018 joue peut-être à fond ici parce qu'on retrouve un vin qui a pris les qualités de son appellation et celles du millésime.
Les tannins sont fermes sans être séchants.
C'est le type de vin plein de potentiel qui séduit Gérard.
Il ne faudra pas être pressé pour jouer du tire-bouchon mais à terme ça fera à n'en pas douter un excellent 1er cru nuiton.
Vosne Romanée 1er cru "Les Beaux Monts"
La montée en gamme se poursuit avec un vin déjà bien ouvert au nez.
C'est très complexe sur les fruits rouges et les épices douces.
La bouche prend de l'ampleur mais en finesse
Je disais l'année dernière que c'était l'archétype d'un 1er cru vosnien, je peux dire exactement la même chose cette année.
Le vin a toutefois un peu gagné en gourmandise par rapport au millésime précédent.
Il est gorgé de soleil tout en gardant une belle acidité. Une cuvée qui m'a une nouvelle fois séduit.
Clos Vougeot
Un nez marqué par les épices avec des notes de ronces qui apportent un peu de fraîcheur.
De la griotte à pleine maturité.
Une bouche assez puissante qui semble un peu moins en place que le vin précédent.
La lecture de cette cuvée est assez difficile à ce stade. Nous étions 3 et nous avons 3 avis différents.
Sur celle là je suis curieux d'avoir l'avis des trois "touristes" de vendredi prochain
Romanée St Vivant
Que dire de plus que ce qui a déjà été dit !
C'est follement complexe au nez, soyeux en bouche avec beaucoup de volume et une finale interminable.
J'ai 2 gorgées dans mon verre, je ne cracherai rien et n'aurai rien à vider dans le tonneau.
On déguste et on savoure.
Il y a des vins qui ne se racontent pas mais qui se vivent.
Je mesure la chance que j'ai de pouvoir goûter cette cuvée tous les ans.
Louis nous dira que la vigne a été planté en 1926 et que c'est dans cette parcelle qu'ils ont le moins de perte de pieds.
Ils ont l'immense privilège de pouvoir travailler une telle parcelle et ils savent exprimer tout son potentiel.
A la fin de la dégustation, je faisais remarquer au vigneron que j'avais trouvé à peu près ce que je m'attendais à trouver.
Je me demande si c'est mon imaginaire qui a influencé mes ressentis ou si c'est vraiment toutes ces cuvées qui retranscrivent fidèlement les caractéristiques de leur appellation ?
Comme Gérard et Gaétan étaient globalement d'accord avec moi, on va pouvoir dire que selon nous ce millésime 2018 a permis aux différents terroirs de s'exprimer.
C'est un excellent millésime qui confirme tous les espoirs que nous pouvions avoir en Côte de Nuits