Chers bavards,

Voici un compte rendu des vendanges qui commencent ces jours à  Bordeaux (début octobre). Le commentaire provient de source sûre (Château Latour !). Bonne lecture.

Amitiés,
Alain

"Les Vendanges 2002

Les conditions climatiques et phénologiques
Rapports sur les vendanges

Le Ban des vendanges a été proclamé le 14 septembre pour l'Appellation d'Origine Contrôlée "PAUILLAC" et tous les domaines viticoles se hâtent désormais afin que dans les chais, les tables de tri, les cuves et tout le matériel de vinification soit enfin près.

Au Château LATOUR, nous terminons également les derniers préparatifs dans le nouveau cuvier qui va prochainement accueillir la récolte, pour la deuxième année de son existence.

A la vigne, tous nos vignerons apportent les ultimes soins qui permettront, autant que faire se peut, d'améliorer encore l'enrichissement de nos grappes. Effeuillage, rognage, marquage des vieux pieds, ratissage des allées, … tout est mis en Å“uvre pour que le raisin soit beau et que le vignoble soit digne de l'événement qui se prépare.

Sur le plan qualitatif, nos espoirs pour ce millésime sont conditionnés par la climatologie des prochains jours. Ce climat qui aura joué de nous tout au long de l'année, depuis la floraison jusqu'à  cette phase cruciale de la maturation.

En effet, malgré un hiver 2001/2002 excessivement sec, (nous avons enregistré un déficit hydrique de 200 mm sur la période d'octobre 2001 à  avril 2002), les mois qui ont suivi furent davantage marqués par les dégradations pluvieuses.

Au début du mois de juin, une perturbation orageuse est venue contrarier l'épanouissement des fleurs. Un temps plus frais s'est installé par la suite, et une partie des inflorescences les plus fragiles, a dû renoncer à  son épanouissement. Des phénomènes de coulure sur les Merlots et de millerandage (fécondation incomplète) sur les Cabernets Sauvignon ont été rapidement constatés, induisant directement une perte sensible de la récolte.

Le début des mois de juillet et d'août ont été chaotiques mais fort heureusement de larges périodes ensoleillées ont permis le déclenchement de la maturation, qui, ayant pris du retard, se poursuit encore en ce moment.

"août fait le moût" dit le dicton, mais septembre aussi … certaines années !

Justement, cette année, plus encore que l'an passé, il faudra être patient. Si le ciel de septembre reste clément, si le vent d'est poursuit son action bénéfique sur la concentration naturelle des baies de raisin, nous pourrons compter sur un beau millésime.

Concernant enfin, la date prévisionnelle du début des vendanges, nous envisageons la récolte de nos premiers Merlots (terroir de notre 3ème vin le "PAUILLAC") autour du 26 septembre 2002. Pour les vieux Merlots, il faudra attendre les tous premiers jours d'octobre. Le ramassage des Cabernets Sauvignon sera probablement plus tardif que l'an dernier (deuxième semaine d'octobre). "

www.chateau-latour.f...

merci Alain pour les infos.

Mais que peut-on penser de l'appréciation générale du millésime ?

si on traduit l'expression un "beau" millésime (dans la bouche des producteurs) dans le langage courant (des amateurs de LPDV), ça veut normalement dire "très moyen", non ? ;-)

Thierry de Libourne semblait bien informé et plus pessimiste.

amicalement

Yves Z

Absolument d'accord!

Latour qualifie d'ailleurs les millésimes 1991 et 1993 de "bons".
Ca situe le débat..!

Alain

heureusement qu'il y a Winemega.com et LPDV !

un peu de pub de temps en temps, on peut bien se le permettre

un bavard

Je pense que gentillement, il va falloir reviser et actualiser les classifications de millesimes.

Car, avec la technologie actuelle et le travail de fourmi entrepris par plusieurs domaines, nous ne retrouverons plus jamais (sauf cataclysme) un millesime a * ou ** etoiles (sur 5). Au pire ***, souvent **** et ***** etoiles 3 a 4 fois par decennie.

Il nous faudra donc relativiser et assumer que les *** d'aujourd'hui se comparent au * ou ** de 15 ans en arriere.

Salutations,
Anthony

Anthony,
le Bx 97 ne perd-il pas des etoiles chaque année et naturellement?

Theoriquement pas vu que les classements de millesimes sont, en general, absolus et pas relatifs.

Maintenant, si l'on prend notre classement interne, surement .... Mais il peut pas descendre en dessous de zero quand meme .....

Anthony

C'est vrai, Anthony...
Je ne pense pas qu'on reverra de sitôt des vendanges déclassées comme il y a encore 30 ans dans les années 70 (72 et 74). Même les misérables 91, 92 et éventuellement 93 finissent par s'en sortir "honnêtement".

Comme certains commencent à  le penser, est-ce grace aux enzymes nouveaux utilisés qui, semble-il, arrivent à  "booster" les vins les plus rachitiques?

A ce sujet, j'ai un petit article sur la page des brèves de comptoir sur mon site - www.winemega.com/Bre... pour ceux que ça intéresse... Est-ce la fin d'une époque?

Alain

Jancis Robinson sur les vendanges 2002 :

Any European wine region that reports a perfect vintage will certainly be exceptional this year. There's been an awful lot of
weather about, but little of it of positive benefit to the vine.

In general there were exceptionally cold periods during the winter, a rather dry spring and not really enough rain during the
summer. The summer was, in many wine regions, characterised by far more cloud but no more rain than usual. Conditions
were warm and mildly humid (as opposed to usefully drenching) - perfect for the development of various horrid fungal
diseases.

In Bordeaux where I was on 12 and 13 September proprietors were prepared to admit that this could not be a great vintage
but, in bright sunlight and an established period of high pressure, were still saying bravely that it could be a good one. The
health of the grape bunches was far from perfect (different-sized berries and some rotten grapes) and, perhaps more
importantly in this region full of sorting tables, ripeness levels were way behind average. In fact one Médoc proprietor was
heard to say that he planned to make white wine this year as red was clearly impossible.

This is of course an exaggeration, and the fine weather that began just before my visit looked set to continue for a while - but
the nights were cool so there will be no miracle compensation. Comte Alexandre de Lur Saluces of Ch d'Yquem (my pal) told
me they had done their first small picking that day, 12 September, botrytis being already well established in the vineyards.
Red wine producers were hanging on and crossing their fingers, but at least their leaves were still green.

In Beaujolais many leaves had already turned red and photosynthesis was clearly out of the question. The harvest was
already in full swing when I visited on 15 September, filling vats already too full of wine no one wants to buy. Much faith was
placed in the north wind which, in the mornings at least, accompanied some fine weather to keep the moulds at bay.

There were similar reports from Burgundy to the north where those of us on export markets think that all must be fine and
dandy because we can't always get our hands on the wines we want. But apparently the great soft under-performing
underbelly of wines that are not good enough to be of interest to serious burgundy importers are languishing in the region's
less famous cellars and there is general talk of a crise viticole again - more serious than that in 1996 and probably at least as
serious as in 1991 when the reasons were entirely global and economic. This time, it's because not enough French wine
producers have really learnt that if you snooze, you lose. (Now I understand why Hugh and I got so many blank looks from our
French audiences as we told them how the world of wine had never been better.) Some Burgundy producers are planning to
start picking on 16 September - purely because of the (lack of) health in their grapes.

It was a similar story in the Rhône with of course those awful floods in the Gard, southern Côtes du Rhône and
Châteauneuf-du-Pape. Some growers in Côte Rôtie had already started picking when I was there on 13 September (after a
quick trans-hexagonal flight from Bordeaux), so bad was the health of their Syrah. 2002 will not be glorious in the Rhône and
quantities are likely to be low.

But in a restaurant in Chénas, I bumped into someone from Pol Roger who assured me that all was a breeze in Champagne.
How's that for in-depth reporting?