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Propriétaire de Petrus et Trotanoy: interview

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Christian Moueix, une des grandes personnalités du monde bordelais, à  la
fois propriétaire des Châteaux Pétrus et Trotanoy.

Je ne me considère pas comme une personnalité du monde bordelais, c'est plutôt mon père qui aurait mérité tel titre. J'ai tout simplement eu la chance que mes parents me confient la gestion d'un domaine réputé, pour lequel je me sens responsable. En ce qui concerne les vins, je ne veux pas faire preuve de fausse modestie: nous avons refusé de suivre la mode des vins modernes et cherchons toujours à  produire un vin classique. Nous sommes ainsi devenus les gardiens du classicisme bordelais.

La réputation des Bordeaux est jalousée par beaucoup, certains essaient de les copier ou même de les surpasser. Comment voyez-vous le positionnement des Bordeaux aujourd'hui dans le monde?

J'ai eu la chance d'étudier en Californie à  la fin des années 60. Ceci m'a permis de me distancier du microcosme bordelais et de constater que d'autre parties de la terre pouvaient aussi produire des vins excellents. Cela m'a aidé à  relativiser l'importance des Bordeaux. Après de nombreuses années dans la profession, je suis cependant obligé de reconnaître aujourd'hui que les vins de Bordeaux sont inimitables et même irremplaçables. Ces vins possèdent la plus grande race, noblesse, la plus grande complexité et finesse. Mais cela seulement dans les grands millésimes et là  se trouve notre talon d'Achille. A Bordeaux, chaque année jusqu'à  la dernière minute nous sommes soumis au facteur risque. Nous marchons sur la corde raide. De cette incertitude peuvent naître des vins grandioses. Mais nous ne le savons qu'à  la fin. C'est un peu comme pour un artiste peintre. Un artiste pensant déjà  créer un chef d'Å“uvre unique avant d'avoir commencé à  travailler sa toile ne peut pas être un grand artiste.

Que devrait-on faire avec les millésimes mineurs?

On devrait les vendre comme Bordeaux génériques. Le négoce avait autrefois la possibilité d'assembler des vins, chose interdite aujourd'hui. Le négoce est donc considéré aujourd'hui comme la poubelle, il ne reçoit plus que ce que personne ne veut. Il est impossible de transformer du mauvais vin en bon, même par magie.

La technique actuelle ne permet-elle pas d'égaliser certaines irrégularités climatiques?

En aucun cas. Au mieux, il est possible de compenser un petit peu seulement les anomalies de la nature dans le vignoble ou dans la cave. à€ mon avis l'intervention dans le vignoble est la solution la plus naturelle.

N'étiez-vous pas celui qui a introduit le concept de vendanges verte?

J'ai pour la 1ère fois utilisé ce procédé en 1973. En me promenant dans le vignoble au mois de juillet j'ai constaté l'abondance extrême des grappes. J'ai donc trouvé raisonnable d'en éliminer une partie avant les vendanges. Sur certaines parcelles, je l'ai même fait moi-même. Je tairai les abondantes critiques qui me sont tombées dessus. Aujourd'hui nous pratiquons les vendanges vertes au mois de juillet et en août juste avant les vendanges ainsi qu'un toilettage où nous éliminons toutes les baies en mauvaises conditions.
Ensuite dans les chais nous intervenons très peu, bien qu'il serait beaucoup plus simple et plus économique de concentrer les moûts. A chacun son opinion et sa philosophie.

suite au prochain épisode
27 Oct 2002 16:06 #1

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Un innocent pourrait dire exactement ce qui est dit...un innocent plein de bon sens évidemment!
JMM
27 Oct 2002 16:41 #2

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