Je commence par les pannobile (les vitikult suivront prochainement)
[size=large]Pannobile - Généralités[/size]
« Pannobile » est le nom d’un mouvement initié en 1994 par 7 viticulteurs de Gols, rejoints par après par deux autres, de sorte qu’ils sont 9 domaines à être aujourd’hui partie prenante de celui-ci. Le but est de constituer une plateforme où chacun des membres, tout en gardant sa totale indépendance, vient communiquer et partager ses idées et ses expériences dans l’optique d’élaborer , grâce à une sorte d’émulation mutuelle, des vins de haute qualité représentatifs de leur terroir et culture propres. Le terme « Pannobile » est la contraction de « Pannonia », nom de la plaine déterminant les conditions climatiques de l’endroit, et de « nobile », rappelant leur objectif en matière de qualité. Dans cette optique, chacun peut vinifier deux vins, un blanc et un rouge, portant ce label. Pour les rouges, seuls les cépages « locaux », blaufränkisch, zweigelt et saint laurent sont autorisés. Les raisins doivent provenir exclusivement de parcelles bien déterminées sur les communes de Neusiedl, Weiden, Gols, Mönchhof et Halbturn.
de gauche à droite : Gsellmann, Leitner, Heinrich, Renner, Nittnaus, Beck, Preisinger, Pittnauer, Achs
Pour bien percevoir les enjeux initiaux, il faut se remémorer que les vins rouges autrichiens de qualité étaient rarissimes dans les années 80's du siècle passé et que les progrès énormes réalisés dans la décennie qui suivit se fondaient principalement sur des cépages internationaux. Le mouvement "Pannobile" se voulait clairement en rupture avec cet état de fait.
Aujourd'hui, les cuvées sont rarement positionnées au top de la gamme des domaines comme elles l'ambitionnaient au départ mais elles constituent à tout le moins un étalon de référence qualitative de ce qui est élaboré dans la région du Neusiedlersee.
[size=large]Pannobile - La dégustation (horizontale 2009)[/size]
Nous avons dégusté la totalité des 9 cuvées produites dans l'excellent millésime 2009 qui finalement s'est avéré déjà très accessible. Les vins ont été ouverts quelques heures (5h en moyenne) auparavant et servis à 16°.
Le code des assemblages : ZW = zweigelt, BF = blaufränkisch, SL = sankt laurent, le nombre = le pourcentage)
Judith BECK (ZW60, BF30,SL10)
Une expression fruitée délicate assortie d'un boisé léger pour en souligner le contour. Bouche aérée toute en finesse aux tanins très lisses. Du fond mais pas trop. Finale légèrement fumée. Présence clairement en retrait par rapport à ses congénères mais on peut apprécier ce style féminin empreint de haute "buvabilité".
Hans NITTNAUS (ZW60, BF40)
Comme souvent chez Nittnaus, le premier abord est marqué par l'élevage (noisette grillée) puis le fruit (principalment griotte bien mûre) s'impose lentement associé à des notes de cuir et une touche balsamique. En bouche, c'est rond, fruité, en demi-corps, un peu chaleureux avec une finale sur des amers discrets qui donnent du soutien. Pas le plus sexy et demande sans doute un peu de temps.
Andreas & Hans GSELLMANN (ZW60, SL25,BF15)
Bouquet de fruits rouges et noirs bien mûrs, voire confits (pruneau notamment). La bouche est élégante, juteuse, toujours sur les fruits mûrs avec une pointe de chocolat, on perçoit moins de définition que chez Nittnaus. Son côté fruité chaleureux le rend d'emblée accessible mais j'aurais préféré davantage de structure pour le soutenir.
Helmut RENNER (ZW, BF)
Le nez reste en retrait mais on perçoit de fines notes épicées et florales derrière un élevage discrètement vanillé et fumé. Par contraste, le vin s'impose en bouche; c'est droit, plein, juteux, plutôt élégant malgré un caractère terrien affirmé. Fin de bouche persistante, épicée et fraîche à la fois. Très belle bouteille.
Gernot LEITNER (ZW53, BF35, SL12)
Bouquet expressif de café, tabac, fruits noirs, cuir, clou de girofle. La bouche se construit en largeur sur les épices et le fruit mûr avec des tanins veloutés et une pointe de végétal qui donne la fraîcheur voulue. C'est un beau compromis entre ampleur et finesse. Joli vin.
Paul ACHS (ZW, BF, SL)
Très réservé aromatiquement mais on devine malgré tout un fruit rouge très pur, frais et mûr (groseille, framboise, cerise). La bouche est linéaire, élancée tout en restant dense. Equilibre phénoménal et grain de tanin superbe. Une puissance contenue au service d'une élégance toute aristocratique. Grand vin en devenir.
Claus PREISINGER (ZW60, BF40)
Le nez s'exprime déjà bien : cerise, framboise, réglisse et tabac que l'on retrouve dans une jolie rétro légèrement mentholée. L'élevage reste discret. Très présent en bouche avec un beau volume, une certaine tension et une fine charpente. Finale persistante. Très belle bouteille.
Gernot HEINRICH (ZW65, BF35)
Bouquet expressif de type floral (violette) et fruité (cerise noire, prune) puis graphite. Elevage subtil au service d'une bouche étoffée, ample et complexe où les épices et le chocolat viennent compléter le fruit qui s'impose alors en finale. Puissant et long mais d'une buvabilité remarquable. Excellent.
Gerhard PITTNAUER (ZW, BF)
Bouquet de caramel et chocolat puis de cerises bien mûre, de mûres et de pruneau enfin d'épices et de végétal. La différence se fait en bouche : richesse, ampleur, fraîcheur, équilibre tout est en place de manière milimétrée. L'élégance de cette cuvée n'est jamais prise en défaut malgré sa puissance et son volume Longueur énorme. Top et coup de coeur de la soirée.
Un mot sur la cuvée 2000 de Paul Achs : Le côté confit saute tout d'abord au nez mais il s'assagit pour délivrer des senteurs nobles de coulis de fruit rouge, épices et végétal noble, cuir de russie, chocolat noir, pruneau.
La bouche est toujours aussi rectiligne avec un côté légèrement acidulé qui en renforce l'élégance et la fraîcheur. Matière fondante et longueur remarquable. Grande bouteille que je trouve personnellement à point mais qui vieillira sûrement encore parfaitement.
Pierre