Crus du Beaujolais 2003
Lundi 11 octobre 2004
Le contexte :
- Les vins sont dégustés à l'aveugle, mais découverts par séries de 4.
- Nombre de dégustateurs : 18.
- Beaucoup de vins nous ont été offerts (merci aux vignerons).
- Tous les crus sont représentés hormis Régnié et Chiroubles.
- PP: Pascal Perez - LG : Laurent Gibet.
- Dégustation préparée par Pascal Perez pour le club IDV.
- ED : Echantillon Défectueux.
- Synthèse des commentaires de dégustation par Laurent Gibet.
Les vins :
1. Côte de Brouilly – Château Thivin – Cuvée de la Chapelle 2003 :
PP13 – LG(13) - 9,50 euros
- Robe tendre, « framboise ».
- Nez fruité, fleuri, avec des parfums de réglisse et d'épices. Pointe amylique et alcool présent pour pas mal de dégustateurs.
- Bouche frêle, simplement acidulée, chaleureuse.
- Ce vin (ce sera heureusement le seul de la série) est servi trop chaud : jugement réservé.
2. Fleurie – Yvon Métras 2003 :
PP14,5 – LG13,5/14 - 16,50 euros
- Vin sans soufre.
- Robe peu dense, « framboise », et une matité indiquant un probable vin sans soufre.
- Nez développant des arômes de violette confite, de rose, de fruits confiturés (cerise, framboise, fraise). La (très légère) réduction est là aussi pour confirmer un « sans soufre ».
- Bouche indéniablement mûre, particulièrement gouleyante (ce côté coulant des vins exempts de soufre), encore à l'état brut semble-t-il. Certains apprécient son côté charmeur (pureté du fruit), je trouve personnellement qu'elle manque de prolongement.
3. Brouilly – Jean Claude Lapalu – Cuvée Vieilles Vignes 2003 :
PP14,5 – LG14,5 - 10 euros
- Robe brillante, assez intense.
- Nez typé de gamay, intense et plutôt capiteux, sur la confiture de framboise, le cassis, la réglisse, le poivre, les fleurs.
- Bouche serrée, structurée, nette, légère et fraîche (malgré sa densité et la maturité du fruit), dans un style plus classique, qui possède du potentiel.
4. Morgon – Jean Foillard – Côte du Py 2003 :
PP14,5 – LG14 - offert
- Vin sans soufre.
- Robe sans grande intensité, très légèrement mate.
- Nez bien mûr mais restant assez simple offrant des senteurs de fleurs et de fruits (framboise, mûre, cerise).
- Matière relativement tannique (ligneuse), dotée d'une légère astringence, dont la finale a tendance à « pinoter ». L'alcool est bien là mais sans exclure une certaine fraîcheur. Beau volume mais le vin semble moins prêt que le précédent.
5. Morgon – Jean Paul Thévenet – Vieilles Vignes 2003 :
PP14,5+ – LG(13) - 9 euros
- Vin sans soufre.
- Robe discrète, légèrement turbide.
- Senteurs prononcées de fruits en confiture, complétées par de la réglisse et une pointe animale.
- La bouche me semble manquer sacrément d'harmonie, avec son aspect déconstruit, cette dissociation entre une matière mûre et une acidité forte. L'amertume et l'astringence confèrent de plus un caractère campagnard. Sur le constat du volume, de la netteté du fruit et de l'équilibre, Pascal est plus confiant dans la capacité du vin à se bonifier dans quelques années.
6. Fleurie – Clos de la Roilette – Cuvée Tardive 2003 :
PP12,5 – LG13 - offert
Robe peu intense.
- Nez marqué par le végétal : rafle, ronce voire géranium. Notes additionnelles de violette, de rose, de poivre vert … et de banane.
- En bouche, une expression gustative très (trop ?) mûre, « figuée », jure avec un caractère acide, aux tannins un peu durs. Le manque de sève, de pulpe dessert un vin étriqué.
7. Morgon – Dominique Piron – Côte du Py 2003 :
PPED – LGED - 8,50 euros
Bouchon !
8. Chenas – Domaine Piron & Lafont – Quartz 2003 :
PP12 – LG11 - 10 euros
- Robe d'intensité moyenne.
- Nez souligné par des arômes de poivre, de cacao, de kirsch, de rafle, qui peut rappeler celui d'une syrah sudiste.
- Bouche désagréable, en raison de sa sécheresse et de son amertume. L'extraction a semble-t-il été trop poussée. Trop infusée, cette matière ne devrait pas s'en remettre.
9. Moulin à Vent – Domaine du Vissoux – Rochegrès 2003 :
PP15 – LG14,5 - 8,35 euros
- Robe pas trop intense, brillante.
- Olfaction sur le cassis, les fleurs, le laurier, avec un soupçon de végétal que certains décrivent comme du bourgeon de cassis, d'autres comme de l'eucalyptus. Traces d'élevage (caramel au lait).
- Bouche fruitée, réglissée, dotée d'une bonne mâche. En l'état, elle semble mal se goûter, fraîche certes mais peu frivole en raison d'une minéralité austère. Les notes attestent d'un gros potentiel.
10. Morgon – Domaine Calot – Cuvée Jeanne 2003 :
PP15 – LG14,5 - offert
- Exhalaisons démonstratives et de caractère, mûres, mariant les fleurs (y compris fleurs blanches), la torréfaction, la fraîcheur délicate de la mandarine. Un nez oriental au final, original, de grande classe.
- Bouche nette, cohérente, au beau développement doux et fruité (cerise), sans complication mais harmonieux. Un vin facile (dans le bon sens du terme), dense, à la texture raffinée ainsi qu'à la sucrosité bien intégrée.
11. Fleurie – Domaine de la Madone (Jean Marc Desprès) – La Madone Cuvée Spéciale Vieilles Vignes 2003 :
PP13,5 – LG13,5 – offert
- Nez simple, disgracieux car chaleureux et épicé à l'excès.
- Bouche intrigante, piquante, peu typée, au beau volume mais un peu dissociée (le sucre et l'acidulé n'y font pas bon ménage).
12. Fleurie – Domaine Chignard – Cuvée Spéciale Vieilles Vignes 2003 :
PP14 – LG14 - 10 euros
- Nez mûr, expressif, avec des notes de bourgeon de cassis et de plus surprenantes de citron.
- Bouche compacte, astringente, marquée par la rafle, la groseille, le cassis. Le jus, relativement acide, manque de velouté, mais on peut apprécier son fruit et sa structure (tannins présents mais mûrs). Un dégustateur pointe une note boisée (élevage en bois selon l'étiquette).
13. Morgon – Marcel Lapierre 2003 :
PP13,5 – LG13 - offert
- Vin sans soufre (non filtré).
- Robe tendre.
- Nez offrant des odeurs de rafle, de fruits (cerise, groseille), de végétal.
- Bouche dans un registre évanescent (sans soufre ?), en l'état renfrognée (acidité, notes végétales qui pourraient signer un gamay ligérien, fruit timide). Ce vin peu structuré paraît bien malingre et court.
14. Moulin à Vent – Paul Janin – Clos du Tremblay 2003 :
PP13,5 – LG13,5 – offert
- Nez typé, légèrement amylique, acidulé, mêlant des senteurs de groseille, de cerise, de réglisse et une pointe de géranium.
- Bouche un peu banale, à la fois acide et rugueuse (acerbe pour certains), dominée par la groseille. Allonge correcte toutefois.
15. Brouilly – G. Descombes 2003 :
PP15,5 – LG16 - offert
- Vin sans soufre.
- Robe assez intense.
- Nez agréable, disert. Les notes mûres (pruneau, banane écrasée, cerise, réglisse, violette) rappellent que l'année fût affectée par le soleil.
- Bouche pour laquelle tous les éléments semblent en place. Elle s'avère glissante et en même temps profonde, dotée d'un équilibre, d'une pureté, d'une minéralité qui conjuguent intransigeance (potentiel) et gourmandise (le vin régale d'ores et déjà ). Richement dotée, elle réussit le tour de force de n'être affectée d'aucune lourdeur.
- Un vin de classe (de race ?), très différent de celui produit par l'illustre Marcel Lapierre.
16. Juliénas – Michel Tête – Domaine du Clos du Fief Cuvée Prestige 2003 :
PP14 – LG14,5 - 8,80 euros
- Le nez est marqué par un boisé torréfié net.
- Bouche dotée d'un beau jus plutôt long et net. Le fruit est mûr et accompagné par des notes de café et de réglisse.
17. Saint-Amour – Michel Tête – Domaine du Clos du Fief 2003 :
PP15 – LG14,5 - 7,60 euros
- Le nez mûr développe ces notes récurrentes de fleurs et de cerise confite.
- Bouche fruitée, réglissée, solide et plutôt gourmande.
18. Morgon – Marcel Lapierre 2003 :
PP13,5/14 – LG14 - offert
- Une autre cuvée de l'emblématique Marcel Lapierre : vin (très peu) soufré à la mise (non filtré).
- Robe tendre.
- Effluves ligériens de nouveau (végétal, cassis, fraise) et un peu de banane.
- Bouche qui vaut pour son fruit, très gouleyante, plus satisfaisante à ce stade que la cuvée purement sans soufre. Cette cuvée apparaît très « sans soufre » mais le peu de soufre ajouté contribue à une expression moins acariâtre, moins perturbée, plus aimable. Le débat reste ouvert …
Conclusion :
- Dégustation aux résultats mitigés, pour des vins offrant tout de même des expressions variées. La canicule a imprimé sa marque et contribué à la production de vins très mûrs et capiteux, sans ostentation toutefois dans de nombreux cas.
- Pour autant, on aurait aimé la chaleur de l'été 2003 plus valorisante car les équilibres ne sont pas toujours convaincants (tannins un peu durs, « acidité pointue », chaleur excessive).
- Le vin de G. Descombes est remarquable.
Laurent