Le lendemain de la verticale de Beaucastel, quelques survivants ont encore eu le courage d'affronter quelques bouteilles lors du repas dominical.
Elles ont été présentées par couple, le plus souvent à l'aveugle, chacun d'eux constituant une sorte de joute amicale entre deux vins ayant souvent de nombreux points communs.
Je laisserai les comptes-rendus détaillés aux autres participants, mais voici quelques éléments de réponse dès à présent.
Coulée de Serrant 1996 contre Coulée de Serrant 1996
Voici un vin qui a déjà fait l'objet de nombreuses discussions sur LPV, en partie de mon fait, puisque j'avais déjà eu trois déceptions en autant d'essais avec les bouteilles issues de ma cave, le vin s'étant à chaque fois montré avec une robe évoluée, sans charme aucun, prématurément oxydé. Vu les nombreuses critiques laudatives lues au sujet de ce vin, je me suis dit que j'avais sans doute hérité du mauvais lot, raison pour laquelle j'ai acheté une autre bouteille sur ebay. Cette dernière présentait un niveau nettement plus bas que la mienne, ce qui était déjà mauvais signe. A l'ouverture, les deux bouchons sont complètement imbibés et couverts de moisissures. Vraiment très mal parti !
Et pourtant, à ma grande surprise, les deux vins se sont révélés très agréables, je dirais même excellents, à défaut d'être grands. La seconde bouteille était plus directement accessible, alors que la première (la mienne), moins évoluée, ne s'est vraiment révélée qu'après une longue aération en carafe (plusieurs heures). Cela me réconcilie un peu avec le cru, bien que je trouve toujours très dommageable que la qualité des bouchons soit aussi médiocre...
Trimbach - Riesling Cuvée Frédéric Emile VT 1983 contre Hugel - Riesling VT 1983
J'ai déjà commenté ces deux vins dans le forum Alsace, je n'y reviendrai donc pas, mais je ne peux passer sous silence la domination à mon avis écrasante du vin de la maison Trimbach. Ecrasante n'est d'ailleurs peut-être pas le mot juste, tant ce vin est aérien. Un très grand riesling qui, en ne montrant aucun signe de fatigue, démontre les capacités de vieillissement de ce magnifique cépage (à moins que ce ne soit du terroir dont il est issu...)
Domaine Les Milles Vignes - Cuvée de la Cadette - Fitou 1998 contre Clos de l'Obac 1995
Dans ce cas-ci, il faut bien avouer que le point commun principal était qu'il s'agissait de deux bouteilles apportées par mes invités...
Deux très beaux vins, à maturité pour le premier, d'un équilibre et d'une longueur étonnants. Je serais curieux d'en connaître le prix, car le rapport qualité-prix doit être faramineux ! Le Clos de l'Obac 1995 est tout bonnement superbe, encore très jeune, avec une robe aux reflets encore violets, un fruité très mûr, une magnifique minéralité, et un équilibre somptueux. Grand vin, grand avenir : qui a dit que les vins du Priorat ne vieillissaient pas ?
Domaine Charles Joguet - Chinon - Clos de la Dioterie 1995 contre Les Varennes du Grand Clos Franc de Pied 1989
Deux vins qui démontrent à ceux qui en doutaient encore qu'il n'est pas nécessaire de posséder une robe profonde pour faire partie de la classe des grands. Les deux vins ont en commun un magnifique soyeux de texture, le Clos de la Dioterie l'emporte à mon avis par sa plus grande complexité et sa longueur, alors que les Varennes du Grand Clos se montre plus variétal dans son profil aromatique. La jeunesse des vignes n'y est sans doute pas étrangère.
Château Montus - Madiran La Tyre 2000 contre Château du Cèdre - Cahors GC 2000
Ici, nous sommes repartis vers des robes noires, impénétrables, qui dirigent instantanément mes convives vers le Sud-Ouest. Mais, loin de nous retrouver devant des monstres de tannicité et d'extraction, nous apprécions tous deux vins d'une grande finesse, pour ma part au sommet de ce que j'ai pu goûter en vin jeune dans chacune des deux appellations. La Tyre possède un boisé plus flatteur au premier abord alors que GC semble un peu plus fermé. A l'aération cependant, mon coeur a fini par pencher vers le cahors, mais de toute justesse...
Merci à Didier pour le superbe Clos de l'Obac que je dégustais pour la première fois, et à Marc pour ce Fitou qui est assurément une véritable découverte !
Luc