Nous avons bu chez moi vendredi soir qq superbes flacons. J'en donne un CR rapide de tête (les notes sont indicatives et ne sont que les miennes - CR diffusé aussi sur iacchos et DC.com donc pardon d'avance pour les doublons éventuels) :
1. Bollinger RD 88 (dégorgé début 2002) : beau champagne vineux (72% de pinot), dense, viril. Equilibré, long et bulle parfaitement intégrée. En repensant à Salon 82 bu il y 15 jours, cette cuvée s'avère ici plus puissante qu'élégante 16,5/20
2. Joliette 79 sec (c'est écrit sur le bouchon, qui fait foi, mais l'étiquette revendique 74 sec) :
Robe superbe, intense, vieil or. Nez typé (cire, champignon, pomme, coing, mangue), évolué comme il se doit. En bouche, on déguste avec plaisir un vin abouti, puissant, équilibré par une acidité idéale, au très beau caractère, long, qui paraît inaltérable (à noter que la vin a été carafé 5 heures à l'avance) 17/20
Voilà par ailleurs comment il avait été dégusté en septembre 02 :
1979 PP14 – DS14>13,5 – PC13,5-14. Note moyenne : 13,8
Robe vieil or.
Nez assez étrange, avec des notes engageantes de bergamote et de fruit confit, mais aussi des relents de carton humide, de serpillère, de fromage…
Sucre résiduel perceptible, saveur iodée et fumée (avec une pointe animale) ; on note une belle acidité en finale, mais surtout une matière fuyante, manquant de pureté et de densité.
On ne répétera pas le pb de la variabilité des bouteilles sur ces vieux millésimes !
3. CDP Bonneau 94 (merci plus particulièrement à la détermination de Thierry Klopp, qui nous avait déjà proposé ce vin cet été, mais nous avions conclu à un échantillon si ce n'est bouchonné du moins liégeux, peu net, défectueux) : cette fois-ci, le vin fait l'unanimité. J'adore !!!! (le vin, pas Thierry, qui reste pour autant lui aussi un excellent commensal). Il est typé avec ses notes de fruits (le vin, pas Thierry !), de fleurs, d'épices (poivre vert, girofle). Dense, long et surtout particulièrement désaltérant, très gourmand (j'ai pensé au style Rayas, mais la Bourgogne, ou encore l'Italie sont aussi évoquées). Issu d'une extraction semble-t-il retenue, châtoyant, plein de vie, ce vin complet réussit l'exploit d'être en même temps dense et aérien, solaire et frais (la sensation alcoolique est intégrée dans une trame fine où les arômes d'évolution, qui commencent à pointer, complexifient encore l'expression florale, fruitée et épicée). Remarquable. 17,5/20
4. TPG Frick SGN 92 : malgré un millésime faible, le vin surprend par sa matière, son fruit, son équilibre et sa persistance. Certes l'acidité n'est pas extraordinaire (certains pensent d'ailleurs à Gaillac, d'autant que la nèfle, le safran égayent le nez). Belle friandise tout de même, fraîche et pure. 16/20
5. Clos des Lambrays 97 : la seule vraie déception de la soirée (et c'est encore la bourgogne qui trinque, ou plus précisément nous ! - ne le prend surtout pas sur toi, Patrick Essa, nous avons par ailleurs eu l'occasion de louer les exceptionnelles vertus de La Bourgogne). Typé pinot noir mais sans charme ou classe particuliers. Banal, anodin, sans vice ni vertu dirait-on. On est plus en "villages" qu'en Grand cru et je ne reconnais absolument pas la description de certains journalistes vanatnt la "résurrection" de la propriété. La seule bouteille (il est vrai avec la précédente) qui ne sera pas "essorée". 14/20 (on regoûtera en club en février 2004 , sur un millésime plus récent, au cours d'une horizontale Morey GC)
6. Eglise-Clinet 86 : il me semble que l'aération a curieusement conféré au vin un côté plus ingrat (cela reste relatif) qu'à l'ouverture (où il apparaissait chatoyant, fruité, floral), en développant des notes plus animales, organiques (on peut penser à Latour). La bouche se révèle racée (bois aromatique, poivron, réglisse, fruits), solide, dense, classique, minérale, relativement austère mais sans aucun relâchement (la rive gauche supplante la rive droite dans les propositions d'identification). 17/20
7. Vega Sicilia Unico 87 (carafé 5 heures avant) : grande bouteille, dans le style de la maison, puissant, épicé. Même l'acescence est ici une alliée. Le chêne américain pointe sans excès au travers de belles notes chaleureuses de bourbon. Grand caractère original, distingué, puissant mais élégant, avec beaucoup de tenue. Le vin, très persistant, reste frais, ne vole pas sa réputation, et cela fait vraiment plaisir ! On en redemande ! 18/20
8. Angelus 89 : ici aussi, on peut penser, car le vin reste ferme, à la rive gauche. Très belle expression, racée, encore jeune. Le vin est racé, complexe, droit et ne souffre d'aucun alanguissement que pourraient expliquer l'encépagement (il y a tout de même je crois plus de 40% de cabernet franc - seulement 15% pour Eglise-Clinet) ou le millésime (si mûr). Un classique, lui aussi tout à fait à la hauteur de sa réputation. 18/20
9. CDR Gauby Muntada 95 : ouvert ce jour car si le vin ne sait être bon maintenant, je me dis qu'il ne le sera jamais et il parait de plus intéressant de le glisser dans cette série "prestige". Et bien, on n'est pas décus (et ce malgré la richesse éclectique de la série précédente). Fort caractère, encore jeune, fruité, épicé, pour ce vin sudiste fougueux aux accents de garrigue et d'olive noire. Ici aussi qq notes de bourbon pointent et peuvent rappeler une (belle) syrah australienne. Matière dense, longue, solide mais dotée de tannins fins de qualité, chaleureuse mais sans plus (fraîcheur remarquable et salvatrice). Très réussi. 16/20
10. Noval Colheta 1974 - 25 ans : magnifique expression complexe d'un vieux tawny (ici millésimé). En bouche, et je dirais pour une fois eu égard aux vins de porto en général (y compris en vintage, donc), l'alcool est parfaitement intégré pour un vin typé et très plaisant, puissant mais doux, qui n'agresse en rien un palais au demeurant forcément éprouvé par les nombreux vins précédents (il n'y a pas de crachoirs sur la table). 17/20
Voilà ... autant vous dire que le réveil a été un peu difficile le lendemain matin !
Histoire de ne pas être en reste toutefois le jour suivant :
11. VdT Muscat naturellement doux - Domaine les foulards rouges (CdRoussillon) : nez effectivement variétal, muscaté. Bouche légèrement perlante, manquant cruellement de densité et surtout de gourmandise. Anémique, très peu sucrée et dominante amère (peau de pamplemousse). 12,5/20
12. Haut-Marbuzet 93 : je suis parti, en fonction du caractère austère du vin (ainsi de ce que j'ai assimilé à des notes d'amande fraîche) sur un chianti ou une barbera. Il n'en est rien. Le vin possède encore du fruit (cassis) mais ne fait vraiment pas la roue, avec son caractère ferme, minéral (appellation et millésime obligent). Le bois est encore là , mais peut-être moins envahissant que dans un 1990 dégusté l'hiver dernier. Je ne pense pas qu'il puisse encore progresser, et je pense que ce commentaire est vrai pour les 93 bordelais en général (me trompé-je ?) 14/20.
13. Minervois Bois des merveilles (J.B. Sénat) Enclos de l'âne 2000 : belle bouteille. Grosse matière fruitée et épicée, méridionale (j'ai pensé à un châteuneuf concentré) mais le vin sait conserver de la fraîcheur. Prometteur pour 2006-2012. 15/20 (vers 16/20 ?)
14. Muscat Grant Burge Late Harvest 2000 (Australie) : ici aussi, déception pour ce muscat naturellement doux qui souffrirait d'une comparaison avec certains homologues français (Lacoste) ou espagnols (Casta Diva). Expression simple, curieuse (variétalité de sauvignon - agrumes et surtout buis) qui "planterait" de nombreux dégustateurs, je crois). Bouche assez pure, sans gros défaut mais plutôt fluette, tendre, manquant de tension, de caractère. 13/20