Les 50 ans du Vougeot
La revanche
La nuit a été courte mais réparatrice. En tout cas pour les convives...
Car Anne et Vincent n'ont pas dû en profiter autant que nous.
Les mauvaises langues du groupe (je donne pas les noms mais tout le monde aura reconnu Gildas) sous-entendent qu'un Farrell en carton aurait pris beaucoup de place dans la couche nuptiale...
Moi, je pense que c'est le stress avant la finale !
Tous les sportifs connaissent cette petite boule au ventre d'avant les grands matchs, quand il s'agit de concrétiser tous ses efforts en remportant la coupe.
On retrouve donc nos amis sacrément bien affairés, gérant avec une maîtrise digne des meilleurs forains un repas qui s'annonce dantesque.
Les tire bouchon sont de sortie. Les fourchettes sont affutées. La boucherie dévalisée. Le feu du barbecue prêt à accueillir un troupeau.
En avant pour un nouveau grand moment de générosité !
Gouffier, Bourgogne Aligoté, En Rateaux, 2018
Robe jaune paille.
Nez un peu brouillon, sur l'huile d'arachide, une pointe de volatile qui tire sur le vinaigre blanc.
Bouche ferme et qui manque de trame et de définition à mon goût, avec toujours cette sensation sèche d'acidité volatile un peu irritante.
Pas fan.
Champagne Egly Ouriet, Brut grand cru
Robe d'un léger doré.
Beau nez droit et franc, classieux et précis, sur un superbe compromis entre notes de fleurs blanches et épicées.
Bouche impeccablement positionnée, sur une propulsion acide d'une parfaite maturité, une belle bulle crémeuse mais surtout une ampleur aromatique minérale et épicée du plus bel effet.
Finale à la fois élégante et juteuse, plein de fond et d'allonge.
Superbe !
Champagne Egly Ouriet, Grand cru Vieillissement Prolongé
Robe identique au brut.
Vin absolument passionnant à goûter en séquence (et en aveugle) car s'il affiche une évidente parenté de style, avec toujours cette magnifique maitrise dans la précision aromatique que dans l'équilibre plein et énergique, il gagne aussi ici en vinosité.
On trouve en effet plus de densité, de corps, un gain d'ampleur, une forme de punch qui accentue la longueur en bouche sans rien sacrifier à sa buvabilité ni à sa qualité de bouche.
Sacré client !
Une paire exemplaire de qualité et de maîtrise.
Très difficile de faire un choix et c'est peut être et seulement les accords de table qui permettraient de décider du potentiel de ces deux vins.
Bravo au domaine !
Domaine Gérard Boulay, Sancerre, Clos de Beaujeu, 2008
Robe jaune paille d'un léger vert fluo.
Nez serré, pas forcément folichon, sur le citron, la menthe mais aussi des notes minérales froide, entre le salpêtre et le pneu.
Bouche curieuse, un peu bancale, sur une forme d'épaisseur de texture, presque de la rondeur mais aussi une acidité dissociée du corps du vin.
L'ensemble est peu amène car illisible, s'abîmant dans une forme de chaleur raide incompréhensible.
A revoir.
Domaine Gérard Boulay, Sancerre, Monts Damnés, 2008
Robe jaune doré.
Nez moche, pesant, lacté et caramélisé.
Bouche lourde et oxydée, marquée d'une redoutable amertume.
ED
Domaine de Cabrol, Cabardès, La Dérive, 2016
Robe sombre, presque noire.
Nez puissant, noir, sur la cerise amarena, le cassis, l'olive et les épices.
Bouche large, sur un gros volume riche, tempétueux de jeunesse, sur des amers imposants.
Les goûts sont marqués par les fruits noirs, avec beaucoup de présence.
Finale trop riche à mon goût, sur de beaux tanins présents mais qui imposent la garde pour se polir.
A attendre car pas un vin pour pdf en l'état.
Mas du Salagou, IGP Pays d'Oc, Cinérite, 2010
Robe sombre marquée d'une nette évolution acajou.
Nez sudiste et solaire, sur le chocolat, des notes d'herbes de Provence, un petit végétal qui peut faire penser au cabernet mais aussi une note vernis qui lui fait perdre en précision.
Bouche volumineuse, riche, avec un petit côté capiteux, sur un volume puissant, une bonne acidité et des tannins de qualité.
Les goûts ne sont plus primaires, avec un fruit noir en train d'évoluer vers de notes maltées.
Finale un peu chaleureuse pour moi mais avec encore beaucoup de fond.
Bien.
Domaine de Montcalmès, Coteaux du Languedoc, 2007
Robe grenat clair aux atours briques.
Nez élégant, assez évolué, compromis de cerise noire, d'olive et de senteurs de noisette.
Bouche souple et déliée, sur une jolie trame veloutée toute en délicatesse et en douceur.
Finale un peu fuyante, sans réserve de puissance.
Joli vin mais il me semble temps de terminer nos bouteilles.
Je l'ai pour ma part jamais trouvé meilleur que sur son flamboyant génial de jeunesse.
Bien+
Château Montrose, Saint-Estèphe, 1996
Robe grenat sombre brunie sur le disque.
Nez austère et froid, sur un végétal présent, des notes de fruits cuits et un alcool un peu dissocié.
Bouche toute en fermeté, là encore sur une froide expression, avec une acidité tranchante qu'une matière un peu faiblarde peine à compenser.
Les goûts sont un peu vieillots et trop marqués par le végétal à mon goût.
Finale raide et saillante, manquant de chair et de confort.
Pas fan.
Château Cos d'Estournel, Saint-Estèphe, 1996
Robe plus jeune et sombre que le Montrose.
Nettement encore plus marqué par le végétal, assez fortement poivronné.
La bouche en revanche possède la chair qui manquait à Montrose, avec un très net surcroit de richesse qui apporte le volume nécessaire au plaisir en produisant un vin à la fois frais par sa belle acidité mais juteux et long par ce beau corps.
Les goûts sont très classiques d'un bordeaux à l'ancienne, compromis agréable de fruits noirs épicés et d'un végétal moins prégnant qu'au nez.
Belle finale vivifiante, aux tannins totalement fondus.
Joli vin d'un beau classicisme.
Domaine Bart, Bonnes-Mares, 2005
Robe profonde, sur un grenat sombre sans évolution.
Nez riche mais aussi serré, sur le cacao, les cerises à l'alcool, le bois sec.
Bouche pas en place du tout, là aussi riche en attaque, avec du volume et de la sucrosité mais aussi une densité brute, une puissance mal tempérée qui confine au brutal, avec des tannins saillants.
Finale capiteuse, presque bancale où les éléments volume, acidité et tannins se répondent de manière contradictoire.
Peu plaisant en l'état.
Satané millésime que 2005 !
A revoir.
Domaine des Lambrays, Clos des Lambrays, 2005
Robe grenat clair sur un léger orangé.
Nez discret, presque fermé, sur de fines touches de fleurs séchées et d’épices douces.
La bouche en revanche est superbe, sur une belle matière ronde et toute en suavité, à la fois juteuse et fraîche, sur une trame soyeuse de grande classe.
Finale toute en élégance et en allonge, sur une délicatesse parfaitement maîtrisée.
Très bien.
Domaine Harmand Geoffroy, Mazis-Chambertin, 2002
Robe sur un tuilé net mais avec du fond à coeur.
Nez au bouquet évolué très agréable, sur le café, le cacao enroulé dans de jolies notes de fruits rouges séchés.
Bouche pleine et juteuse, sur un corps concentré et une belle trame acide qui apporte de l'allant.
L'ensemble est parfaitement à point, avec de la densité et un point d'évolution aromatique très agréable.
Finale sérieuse pleine de fond, sur des tannins présents de belle classe.
Très beau vin.
Domaine Anne Gros, Clos-Vougeot, Le Grand Maupertui, 2002
Robe plus claire que le Mazis, grenat rubis.
Nez fin, sur le pot pourri, de délicates notes épicées mais aussi un petit lacté de yaourt aux fruits des bois qui me plait moins.
Bouche souple, délicate, presque fragile, sur une matière déliée mais qui manque de puissance à cœur, agréable par sa douceur mais sans vraie capacité de relance.
La finale aux tanins imperceptibles ne tient effectivement pas la longueur malgré de jolis goûts floraux.
Bien mais une bouteille qui semblait à boire.
Domaine Gérard Boulay, Sancerre, Clos de Beaujeu, 1995
Robe jaune paille sans trace d'évolution.
Très joli nez irrésistiblement riesling par ses notes terpéniques (naphte), de zeste d'agrumes, de mangue et de menthe fraîche.
La bouche est moins à mon goût, marqué par une douceur tendre bizarre qui me rappelle l'Aspegic de mon enfance.
L'équilibre est bancal car pas vraiment sucré, juste sur une espèce de goût douceâtre que je ne comprends pas.
Le vin se refait en se retendant un peu sur les chèvres.
Mais rien à faire, il me reste énigmatique.
Domaine Ganevat, Côtes du Jura, Les Grands Teppes Vieilles Vignes, 2005
Robe jaune paille sans une once d'évolution.
Beau nez complexe et franc, sur de fines notes de pétard, de fleurs blanches et de zeste d'orange.
Magnifique équilibre en bouche avec une matière bien mûre tranchée par une acidité motrice délicieuse, sur des goûts floraux d'une grande délicatesse.
Finale confortable, longue et d'une précision scintillante absolument délicieuse.
Superbe !
Domaine des Closserons, Coteaux du Layon Faye, La Placette, ?
Robe cuivrée ambrée.
Nez bizarre, sur la confiture d'abricot, la pâte de coing mais aussi une énorme volatile qui me cisaille les narines, presque sur des notes de colle scotch.
Bouche sirupeuse, sur une grosse liqueur massive, une acidité mordante avec toujours ce vernis peu élégant.
Finale dissociée, au sucre fort d'un côté et d'un mordant virulent de l'autre.
Je n'aime pas du tout.
Château d'Yquem, Sauternes, 1989
Robe bronze cuivrée.
Beau nez riche et doux, sur l'orangette, le safran, le caramel au lait.
Belle bouche structurée, sur une liqueur bien présente mais parfaitement tenue, plus par de magnifiques amers que par une acidité aérienne d'ailleurs.
Les goûts sont d'un grand classicisme, compromis d'abricot, de marmelade d'orange et de caramel safrané.
Finale agréable d'une persistance agréable mais pas interminable.
Bien à très bien.
Bodegas Toro Albala, Don PX Gran Reserva, 1971
Robe impressionnante d'épaisseur, digne d'un vinaigre balsamique qui colle au verre.
Nez extraordinaire de complexité, sur le café ristretto, la figue, la datte, la confiture d'abricot, le goudron, la réglisse, le caramel brun. Et des dizaines d'autres senteurs qui se télescopent dans une myriade empyreumatique, fruitée et épicée impressionnante de présence.
Bouche absolument géniale, sur une texture sirupeuse d'une épaisseur presque confiturée mais qui parvient à ne pas verser dans le confit écœurant grâce à une acidité dantesque.
Les goûts sont au niveau de complexité du nez, conciliant des contradictoires torréfiés et fruités dans un ensemble ébouriffant.
Finale qui se sirote à la goutte tellement le vin est puissant et fantastique de persistance.
Remballez vos Rollex ! Le truc à faire avant de vraiment rater sa vie, c'est de gouter un monstre pareil !
Grand vin !
Ah n'di djiou, ça c'est du génie LPVien pour se basculer le demi siècle ou je ne m'y connais pas !
Même le temps avait décidé de se mettre au niveau de l'évènement: juste les petites averses qui vont bien pour maintenir les 15° d'usage à maintenir à température idoine les vins comme les dégustateurs.
Un PACA n'aurait pas survécu... mais nous, on était comme des normandes au pré !
Nina, Anne, Vinvin,
Un énoooooorme merci pour votre générosité simple et vraie.
Ici aussi, les amis, c'est la vie !
PS: euh, sinon la bande d'affreux, y'en a pas un qui veut prendre la plume pour griffonner deux bafouilles ?
Même si je sais qu'historiquement, le LPVien version l'HN est plus proche du cénobite, c'est pas que je me sens seul mais on a connu des anachorètes plus populaires que moi dans cette rubrique...
Vivement les 60 !
Bisous
Oliv