Avant toute chose je souhaite mes meilleurs voeux à l'ensemble du forum qui m'apporte tellement!
Ces quelques bouteilles bues pendant la période des fêtes ont toutes répondues au même protocole qui reste inchangé me concernant: Une bonne heure d'aération pour les champagnes, et et 4 à 6h pour les vins tranquilles, sauf mention contraire.
Champagne Krug 1985
L’effervescence n’est plus. Il est dit que je n’aurais pas de bonne expérience sur Krug 1985!
Cependant, le vin a encore des choses à raconter, bien que son apogée soit dépassée.
Le nez exprime de beaux arômes caramélisés et de pelures d’orange.
La bouche est fluide, sur des saveurs fumées presque de pétrole. Il y a un beau fruit confit, c’est assez riche et on pense à un beau Sauternes en buvant le champagne. Malheureusement, il n'y a ni la complexité ni la construction qu’on est en droit d’attendre d’un Krug millésimé. L’expérience se termine par une finale fuyante.
Champagne domaine Jacques Selosse Grand Cru Blanc de Blancs
Dsg 07/2005
Cette cuvée est l’ancêtre du Version Originale.
Robe évoluée avec une effervescence très discrète mais vivante.
Nez sur l’abricot confit, les pelures d’orange et quelques traces de torréfaction.
Bouche très délicate mais d’une fraîcheur magnifique. Il y a un zeste d’oxydation mais de façon moins évidente que sur les cuvées VO d’aujourd’hui. La bouche possède un magnifique toucher qui enrobe le palais, avec des notes de mirabelles qui ressortent nettement, chose assez rare sur un blanc de blancs. Il y a clairement un côté fruit rouge avant que le champagne ne bascule définitivement sur l’agrume confit comme la mandarine et l’orange. Texture, équilibre, acidité, tout y est pour délivrer un jus totalement délié, alliant richesse et fraîcheur. Finale crayeuse énorme qui explose en bouche pour s’ouvrir une longueur délicate mais vivace.
Un excellent champagne, kaléidoscopique comme je les aime, ça commence tout en délicatesse, ça vibre en bouche avec un gros volume, ça explose, et ça revient sur la délicatesse.
Champagne Dom Pérignon rosé 1996
Un vin que j’ai déjà dégusté quelques fois dont la dernière fois remonte à février 2021.
Il ne prend pas une ride, avec un fruit des bois très élégant qui domine au nez, une fraîcheur magnifique couplée à une matière dense, c’est un rosé très féminin, avec en bouche la fraise et la framboise écrasées. Ce vin est d’une incroyable souplesse alors que le jus est d’une intensité rare. L’aspect fumé que j’avais relevé la dernière fois semble absent de cette bouteille, mais elle ne perd en rien de son élégance et de sa présence avec notamment un côté floral beaucoup plus affirmé. Finale magnifique sur la rose fanée, diaphane, sur une longueur délicate mais persistante.
C’est toujours un grand rosé, ce vin à une présence indéniable qui fait qu’il s’impose naturellement
Champagne Krug 1990
J’ai bu de nombreuses fois ce 1990 et j’ai toujours eu un petit doute quant à l’évolution de ce millésime. Et bien cette bouteille m’a rassuré.
Nez opulent sur les agrumes confits, l’abricot et les amandes grillées.
Bouche qui allie richesse et fraîcheur grâce notamment à une superbe acidité intégrée à un jus extrêmement dense et mûr. On a bien évidemment ce toucher crémeux puis la profondeur du vin étonne d’emblée: complexe et stratifié sur des arômes toastés et caramélisés auxquels se mêlent l’écorce d’orange, un splendide abricot confit et enfin des fruits à coque. L’équilibre est parfait et le vin fait beaucoup plus jeune, nombres de 2000 font beaucoup plus âgés aujourd’hui. Finale somptueuse sur l’amande grillée et le café s’ouvrant sur une longueur kilométrique.
Ma plus belle bouteille de Krug 1990 à ce jour, plus vineux que 1988 et 1989 mais qui s’exprime pleinement avec un caractère à part.
Champagne Ulysse Blanc de Noirs “Les Maillons” 2015
dsg 03/2019
Nez très expressif sur le cranberry et la poire, puis à l’aération, apparaîtront des notes florales et vanillées.
Bouche très souple, mais expansif avec un jus d’une très belle densité. C’est d’abord un toucher crémeux, puis une touche oxydative et ensuite le vin déroule déjà, sereinement, sur une belle complexité: amandes, épices, framboises, cannelle… Rare de voir un champagne si jeune et pourtant déjà si accompli et si complexe. C’est racé et sapide, d’un style très bourguignon. Magnifique tension, tout en équilibre avec une effervescence douce. Grande et belle finale saline, traçante, sur une superbe longueur.
Encore un champagne délicieux signé Olivier Collin qui gravit très vite tous les échelons de la Champagne.
Alto Adige Cantina Terlano Terlaner “Rarity” 2008
Après un vieillissement de 10ans sur ses lies en foudres, cette cuvée, au nombre 3340 bouteilles a été mis en bouteille en 2020
Robe d’un jaune or soutenu.
Nez herbacé, où la menthe se mêle au foin, avec des nuances fruitées où la pomme prédomine.
La bouche est très atypique. Tout d’abord car il y a perlant qui empêche le vin de s’exprimer correctement, il a fallu secouer énergiquement la bouteille pour que celui-ci disparaisse. Jamais vu ça sur un vin de 13 ans d’âge!
Ensuite, le vin fut beaucoup plus cohérent et expressif. Il a fallu laisser prendre quelques degrés au vin afin qu’il délivre tout son potentiel, avec une attaque impactante sur une belle fraîcheur et un jus riche et profond qui prend le relais, toujours sur ces notes mentholées et de pomme. Il y a du gras et de la vivacité qui donne allonge, intensité et tension. C’est équilibré et racé à la fois. Finale que j’aurais aimé plus intense mais dont la longueur est très belle.
C’est excellent et une très belle expérience sur ce cépage peu réputé qu’est le pinot blanc.
Pouilly Fumé domaine Dagueneau Silex 2004
Au nez, les arômes de pomme dominent dans un premier temps avant de laisser place à un duo floral (jasmin) et herbacé des plus agréable.
Bouche riche, la densité du jus me surprend un peu là où je pensais trouver un vin traçant. La pierre à fusil et les fruits tropicaux envahissent le palais avec une superbe acidité qui étire le vin pour le rendre léger alors que la matière gagne encore en intensité. Très belle finale, tout en fraîcheur sur la pierre mouillée.
Un beau Silex mature.
Margaux château Margaux 1990
Le nez est la définition même du classicisme bordelais, c’est envoûtant et élégant à la fois, sur des notes de prune, de violette, de cassis et de cigare. La feuille de tabac domine nettement.
La bouche joue sur du velours, avec une maturité évidente. Toutefois, on est frappé par l’impression de jeunesse que délivre ce vin, tant le jus paraît encore frais sur la prune, le cassis, le sous-bois et la truffe. Stratifié et opulent, je trouve néanmoins le vin dissocié entre le nez et la bouche tant cette dernière paraît juvénile au regard des arômes délicieux et évolués qui s’échappent du verre. Évidemment, l’équilibre est magnifique avec un vin extrêmement texturé. Grande finale majestueuse, soyeuse, sur le cuir et le cigare qui s’étire d’une façon interminable.
C’est objectivement un grand vin, nul doute là dessus, mais je me demande si c’est le style que je préfère… De mémoire, j’ai été plus enchanté par Lafite 1986 que par ce Margaux 1990 mais je chipote par goût personnel, je lui reproche surtout un manque de cohérence entre le nez, la bouche et la finale.
Shiraz South Australia Penfolds Grange 1998
Dans ce millésime acclamé, la shiraz domine nettement avec 97% pour 3% de cabernet sauvignon.
Nez d’une complexité folle, sur la mûre, la framboise écrasée, le barbecue, le poivre, les épices… Tout y passe avec l’aération où des arômes de fèves de café viendront s’ajouter.
En bouche, le vin est massif, surtout avec ses 15% d’alcool, mais à vrai dire je m’attendais à pire. C’est d’un équilibre parfait, avec une fraîcheur et une gourmandise magnifique. Le jus est dense et délié sur un fruit éclatant auquel vient se mélanger des saveurs viandées et de café torréfié. C’est texturé et onctueux à la fois, avec une pointe de vanille, la complexité et la présence en bouche y est, c’est presque trop facile! Le vin profite de l’aération dans le verre avec l’apparition de saveurs de figues, de violette, et de fumée. Éminemment complexe, tout y est pour faire un grand vin, à commencer par la finale massive, presque charbonneuse qui déroule comme un rouleau compresseur sur une longueur énorme.
C’est un grand vin objectivement, kaléidoscopique, intense et sapide à la fois.
Toscana IGT Tua Rita Redigaffi 1997
Le vin a nécessité un carafage pour qu’il puisse s’exprimer pleinement.
Nez qui signe le merlot dans toute sa splendeur: c’est mûr, épicé, tabac, café, fruit noir comme la prune, thé noir…
Bouche robuste qui impacte d’entrée sur un jus dense et complexe à souhait sur la myrtille, la viande rotie, le thé noir… Ensuite le vin s’installe et s’assagit en bouche, déployant une belle acidité intégrée pour donner allonge et assise au vin. Les arômes tertiaires prennent ensuite le relais sur la feuille de tabac et l’épice douce. La sensation de virilité disparaît au profit de plus de plénitude notamment avec une finale mentholée tout en fraîcheur possédant une longueur admirable.
Excellent toscan, même si je préfère un supplément de texture
Toscana IGT Tignanello 1971
Bouchon pourtant en bon état mais le nez sur l’acétone et la bouche acide et décharnée confirment que le vin est mort.
Napa Valley Opus One 1996
Nez très précis sur les fruits noirs, les truffes, le cuir et le sous bois.
La bouche est, pour qui aime le classicisme bordelais, un magnifique modèle du genre. C’est élégant, structuré et frais, avec cette touche d’opulence propre à la Napa Valley. L’attaque est fraîche, avec une pureté de fruit des bois remarquable, avant d’attaquer sur une complexité exemplaire qui se dévoile par strate: truffes, puis tabac, puis notes herbacées et cuir. L’acidité de ce vin est superbe, elle enrobe le jus tout en délicatesse le permettant de vibrer et de s’exprimer pleinement. Les tannins sont totalement fondus et portent une belle et délicate finale sur le cigare, que j’aurais aimé plus impactante au regard d’un ensemble de haut vol.
Excellent, encore une preuve que les vins californiens, lorsqu’ils sont bien équilibrés (le vin ne dépasse pas ici les 13,5° d’alcool) vieillissent admirablement bien. Le bouchon, bien qu’entamé, était de très bonne qualité.
Pomerol Château L’évangile 1982
Le vin a mis du temps à se livrer, 1h avant la dégustation, un passage en carafe fut envisagé mais il s’est finalement livré avec beaucoup d’élégance.
Le nez un kaléidoscope à lui seul. C’est un vin que l’on hume un bon moment avant d’y porter les lèvres. Il faut vraiment le respirer pour s’approprier cette farandole d’arômes propre aux Bordeaux matures: un fruit noir éclatant, de la truffe, du cigare, du cuir, du graphite, du cèdre…
La bouche est tout en délicatesse. On est loin des grosses cylindrées du millésime, c’est vraiment un vin de méditation qui demande de l’attention. L’attaque commence tout en douceur avec du sous bois, puis l’on plonge dans des saveurs de violettes avec un fruit d’une pureté incandescente. Le vin est crémeux mais pas dense pour autant, sa légèreté étonne et séduit avec une magnifique complexité qui s’effeuille sur des arômes tertiaires tels que le charbon et la viande grillée. Le vin est séveux avec une superbe tension qui donne équilibre et vigueur. Finale magnifique et vibrante sur le menthol et le cèdre.
C’est superbe, dans un style intemporel que j’aime beaucoup.
Barsac château Climens 1990
Nez exubérant sur l’abricot confit et le pain d’épices.
Bouche qui allie densité, richesse et vivacité avec une magnifique fraîcheur. Fort heureusement car au vu de la concentration du jus se serait imbuvable. Le vin enveloppe la bouche et dépose comme un mille-feuille une myriade de saveurs: orange amère, gingembre, épice douce, abricot… Équilibre magistral avec un zeste d’acidité qui élance l’ensemble pour le rendre digeste et gourmand. Grande finale épicée et sirupeuse comme de la cire d’abeille, tout en gardant cette fraîcheur intense.
Excellent. Plus je bois du Sauternes et plus je me dis qu’il faut que j’étoffe ma cave avec.
Sauternes château d’Yquem 1983
Nez extrêmement puissant sur le coing et le caramel brulé.
Le premier verre est assez atypique puisqu’il sature le palais de tout: de sucre, de jus d’une densité énorme, c’est sirupeux voir même peu digeste dès la première gorgée, ça ressemble plus à un cognac qu’un vin liquoreux.
Mais à l’aération, le vin devient plus affable, plus civilisé et surtout plus équilibré. L’abricot confit et la peau d’orange se mêle aux arômes de sucre brun brûlé. En bouche, le vin s’affine peu à peu, c’est mielleux, du jasmin apparaît qui s’entremêle avec de la mandarine. Le vin a toujours ce côté visqueux mais avec moins de vigueur, il demeure digeste. Très bon équilibre même si l’acidité est un peu juste à mon sens, c’est délicieux en l’état mais je préfère un liquoreux avec légèrement plus d’allonge en terme d’acidité. Finale immense en terme de saveurs sur la marmelade et le miel.
Excellent, mais il faut aimer les sauternes visqueux.
C'est si difficile de faire un classement tant les vins dégustés sont de style différent. Disons que pour les rouges bordelais, j'ai préféré le charme de l'Evangile 1982 bien qu'objectivement Margaux 1990 est supérieur. Penfolds 1998 est un grand vin, tout comme Opus One 1996. Pour les champagnes, Krug 1990, Selosse et Dom Pé rosé sont tous 3 de grands champagnes. Niveau blanc, j'aime la pureté du Silex, et pour les liquoreux, Yquem, bien que supérieur, fatigue un peu de par sa densité en fin de repas.