En cette période bien particulière, s'il y a bien quelque chose qui nous mine en tant qu'amateur de vins, c'est de ne plus retrouver les copains et ces moments conviviaux de dégustation. Avec les différents menaces et ses variants, nous faisons coûte que coûte en sorte que la vie continue. Dès lors, lorsque l'un d'entre nous décide de nous inviter chez lui pour un déjeuner le vendredi 05 février, ni une, ni deux je pose mon vendredi pour être fin prêt.

Direction Houilles mais aie... le RER est bloqué en ce vendredi (un charmant incident grave de personne, les personnes de la région parisienne reconnaîtront la galère que ça génère). Qu'à cela ne tienne, malgré les galère, nous arrivons à nous retrouver. Au programme, 16 vins pour 6 personnes tout en respectant les gestes barrières autours d'un bon repas et les bouteilles à l'aveugle (sauf ses apports). Allez c'est parti !

Vin 1 : Champagne Charles Heisieck, Rosé NM
Dégorgement récent (2019).
Le nez possède des notes briochées, des petits fruits rouges bien agréables et surtout du pamplemousse qui se dégage à l'aération. En bouche, la bulle est fine à l'attaque, on sent une certaine sucrosité tout en restant fin puis les amers prennent la place et s'étire sur une longueur correcte. Une bonne entrée en matière, simple mais efficace.

Vin 2 : Champagne Françoise Bedel, L'Ame de la Terre 2002
Le nez est tout de suite plus complexe que le champagne précédent avec des notes citronnées, un peu d'oxydatif et des arômes de fruits secs et un léger boisé que l'on ressent. La bouche est elle aussi intéressante avec une attaque onctueuse (crémeuse), une bonne acidité générale et une finale qui s'étire sur les fruits secs. L'ensemble est bien équilibré avec une bonne longueur. Bien que l'on sentait la maturité, ce champagne pourra encore se garder sans aucun soucis. Un beau champagne de manière générale.

Vin 3 : Domaine de la Borde, Arbois, La Marcette 2018
Le nez est un peu mutique même si l'aération amène du citron, un peu d'iode. La bouche est sur une fine amertume en début de bouche, quelques arômes de citron viennent se greffer puis les amers reviennent. La longueur est relativement faible. A la levée de la chaussette, je ne peux qu'avoir une certaine déception car je connais bien ce vin et je l'ai trouvé très fermé par rapport à mes précédentes expériences.

Vin 4 : Domaine Berlancourt, Bourgogne Blanc, Les Demoiselles 2017
Le nez présente une très belle complexité, digne de certains villages beaunois (où j'étais parti à l'aveugle) avec un mélange de beurré, d'allumettes mais aussi du fruits blancs et des notes florales. L'aération amène quelques notes d'asperge qui rajoute un supplément d'âme. C'est très beau !
La bouche présente une attaque avec une fine amertume, du citron et des fruits jaunes. Aucun creux en milieu de bouche mais un beau gras et une grande salivation La longueur est très bonne et surprise à la levée de la chaussette, j'aurais mis un village voire 1er cru de Bourgogne. C'est dans tous les cas très beau et un vrai coup de cœur sur cette bouteille.

Vin 5 : Domaine Vincent Dauvissat, Chablis 1er cru, La Forest 2009
Le nez est vert, sur l'herbe coupée et une point de croûte de fromage qui arrive à l'aération (c'est peut-être aussi les remarques des copains car je n'avais pas cette croûte au départ).La bouche présente une attaque avec une forte amertume et des arômes alcooleux, la finale est sèche et la longueur est correcte. Un vin qui ne m'aura pas fait grande impression, trop riche et grosse surprise à la levée de la chaussette avec une vraie déception. Ce sera peut-être mieux dans quelques années.

Vin 6 : Domaine Huet, Vouvray, Le Mont Sec 2010
Le nez est tout de suite très classe, sur le citron, un peu d'élevage qui se fait sentir tout en étant intégré puis de la poudre d'amandes et de l'abricot à l'aération. L'ensemble fait encore très jeune mais déjà joli et prêt à boire. La bouche possède une attaque sèche puis le milieu de bouche part sur les fruits exotiques (abricot) et fait sentir un petit sucre résiduel en finale pour une bonne longueur. C'est dans tous les cas très joli, agréable et une sensation légèrement sucrée. C'est dans tous les cas très beau et encore jeune !

Vin 7 : Domaine Les Aurelles, Terrasses du Larzac, Aurel 2010 - non à l'aveugle
Le nez est sur l'herbe coupée, un peu de miel et une note de réglisse. L'aération amène des fruits exotiques notamment le litchi. C'est dans tous les cas complexe.
La bouche est sur l'amertume, un côté lactée et du miel en bouche ainsi qu'une finale herbacée avec une très belle longueur. On pourrait reprocher par rapport aux vins précédents une touche alcooleuse plus présente mais cela reste tout de même très beau.
C'est un vin encore jeune une fois encore (malgré ses 10 ans) même si l'on sent déjà un beau vin, il pourra encore s'améliorer. Clairement un vin de gastronomie.

Vin 8 : Domaine Philippe Alliet, Chinon, Côteau de Noiré, 2011
Le nez est un mélange de fruits noirs avec la mûre en premier lieu, des poivrons rouges et un peu de menthol. L'aération amène quelques arômes lardés et c'est dans tous les cas très beau. On est à Bordeaux non ?
La bouche présente des tannins fins, une belle gourmandise sur les fruirs noirs ainsi qu'une bonne longueur. Un très bon vin de Bordeaux que je placerais personnellement en rive gauche.
Ah bon la chaussette tombée, c'est un Chinon et en relisant mes notes la mûre et le poivron aurait dû me mettre sur la voie. Mais non,rien n'y fait l'aveugle c'est pas pour moi.

Vin 9 : Domaine Marquis d'Angerville, Volnay 1er cru, Champans 2006 - non à l'aveugle
Le nez est sur le noyau de cerise, on sent un élévage luxueux avec un peu de bois intégré mais aussi un côté animal et une note de noix un peu grillée. C'est complexe et laisse augurer le meilleur.
La bouche n'est hélas pas à la hauteur en demi-corps et un creux en milieu de bouche. La longueur est moyenne et quelques tannins se font sentir en finale. A la levée de la chaussette, on ne peut qu'avoir une certaine déception. A noter que la personne ayant ramené la bouteille chez lui le soir nous a dit que c'était sublime donc la préparation pourrait aussi avoir eu un impact. Deuxième rencontre des vins de ce producteur et si la première fois ce fut une claque (sur un Champans 2011), je ne peux qu'être plus déçu par cette bouteille.

Vin 10 : Domaine Sylvie Esmonin, Gevrey Chambertin Cuvée Vieilles Vignes 2011
Le nez est tout de suite plus accessible que le précédent même si plus classique avec un mélange de fruits noirs et surtout des notes florales qui apparaissent et qui sont du plus bel effet (rose notamment).
La bouche est aussi sur des arômes de rose, pleine de finesse avec une très bonne longueur. Un vrai coup de coeur pour une productrice que j'aime beaucoup (et que j'ai découvert grâce aux copains).

Si sur le papier, Angerville devait en remontrer au Gevrey, force est de constater qu'aujourd'hui et sur ces bouteilles, l'Esmonin avait un peu de tout en plus et s'est largement imposée.

Vin 11 : Domaine Clape, Cornas 2007
On a encore une fois dans un super nez puvert, assez mûr sur la framboise, un peu de cerise et une note végétale sur la ronce. L'aération amène aussi de la violette mais on reste sur une certaine cohérence par rapport au vin précédent donc pour moi pas de doutes, on et sur un Pinot.
La bouche est superbe, complexe avec une matière qui emplit la bouche sur les fruits rouges, aucune aspérité et une acidité qui remonte le tout et des petits tannins fins sublimement intégré. C'est tout juste superbe, je suis fan et à la tombée de la chaussette, je vois que mes talents de dégustateurs sont à toute épreuve (Pinot, Syrah même combat ) ! Vraiment un super vin et une superbe expérience pour mon premier Cornas de Clape (j'avais pour l'instant uniquement bu le vin des amis, le CDR et le Renaissance).

Vin 12 : Chateau Pignan, Chateauneuf du Pape, 2008
Bon là, on entre clairement dans une autre dimension, dans la dimension où le vin est évident, sublime et parfait. Rien qu'au nez boum, on sait où l'on est : on est chez Reynaud et la surprise n'est pas longue. En effet, le nez est extraordinaire, sur une infusion d'oernage sanguine mais aussi des arômes floraux. Tout se répond de la plus belle des manières et tout est intégré pour une merveilleuse complexité.
La bouche est aussi extraordinaire avec une complexité rare, du fruit, de l'orange sanguine et un milieu de bouche relancé grâce à une petite amertume. Longueur superbe. Les qualitiatifs me manquent mais c'est de l'émotion dans le verre avec aucun côté alcooleux. Putain qu'est-ce que c'est bon. Au-dessus de Rayas 2008 bu cet été au même endroit (et que j'avais déjà placé assez haut dans mon palmarès personnel). Pignan 2008 est vraiment un grand vin, déjà accessible, peut-être que Rayas ira plus loin mais à choisir pour boire aujourd'hui et pour le plaisir apporté, Pignan remporte de très loin la palme.

Vin 13 : Domaine D'Angerville, Pommard, 1962 - pas à l'aveugle
Le nez est évidemment évolué mais pas mort ! Il reste du fruit (framboise), quelques arômes de noix, des notes de sous-bois et de tabac blond. C'est aussi délicatement complexe et très différent mais pas désagréable du tout !
La bouche est encore bien vivante avec une acidité présente, une bonne longueur et ce mélange de fruits et de sous-bois en finale. Incroyable pourun vin de cet âge, un village qui plus est et dont je ne l'attendais pas à ce niveau (l'un de mes apports).
Ce vin était un pari, le but était de le boire en même temps que le Champans mais le MC à juste titre a voulu changer l'ordre et le mettre en dernier. Bonne pioche dans tous les cas ! C'est quand même émouvant de boire un vin de cet âge et à noter qu'à l'ouverture (4 heures avant dégustation), le vin semblait mort et avait une odeur pestinantielle (j'étais prêt à le jeter). Preuve en est que l'aération lente a quand même certaines vertues.

J'ai arrêté de prendre des notes sur les sucres mais j'ai noté en vin 14 un Huet Clos de Bourg 2005 plus sur l'ananas et les fruits jaunes, encore très jeune. En vin 15, nous avons eu le droit à un Karl Erbes,  
Ürziger Würzgarten Riesling Auslese 2000 qui était aussi très sympa avec cette légèreté que l'on ne trouve qu'en Moselle (et parfois en Autriche). Le vin 16 était un Chateau Caillou Crème de Tête 1970 encore bien vivant mais pas de grands souvenirs. 
Voilà, c'est déjà la fin mais quel plaisir de se revoir, de partager ces moments de convivialité et tout simplement d'être ensemble ! Il faut espérer que les restaurants rouvrent rapidement pour se faire ce type de soirée régulièrement. 


Matthias

mconstant écrit:
Direction Houilles mais aie...

Matthias

Excellent, même sans parler du reste.

16 flacons ! Ca commence à faire. Combien étiez-vous ?

mconstant écrit: Au programme, 16 vins pour 6 personnes