Bonjour à tous,
Nous nous retrouvons pour une dégustation de rentrée autour du thème Mâconnais (pour les blancs) et Beaujolais (pour les rouges)... même si il y aura quelques échappées de part et d'autre. Toujours un grand plaisir de se retrouver, surtout dans ces périodes parfois anxiogènes.
On se retrouve donc chez Sébastien, et le temps de déballer les denrées, la première bouteille est déjà ouverte ;
Effervescent d’ouverture :
Le vin s’affiche sous une classique robe jaune citron. Le nez est élégant, sur la pomme mûre, la brioche, un peu marqué par le bois tout en restant harmonieux.
En bouche, la bulle est fine et la structure de ce vin dans ensemble est d’une remarquable droiture, à l’acidité d’une grande précision.
Finale très Champagne, très crayeuse.
C’est agréable, bon, bien fait… Manquerait-il un grain de folie dans ce Champagne ? En tous cas il n’a pas fait un pli. Ce qui reste l’indicateur de référence. C’est donc
très bon de l'avis général, sans se distinguer outre mesure à mon goût toutefois.
Champagne - Jacques Lassaigne - Les Vignes de Montgueux - NM
Blanc n°1, bu seul :
Robe jaune citron bien mûr.
Le nez est très mûr sur les fruits exotiques, mais assez peu expressif, voire d’une faible intensité.
En bouche, c’est un peu le même topo : une acidité pas très présente, une aromatique exotique en retrait, presque pas de finale. Cela ressemble à du sauvignon, sans les notes végétales.
L’assemblée se déchaîne sur ce vin “Ventre mou”, “Saint Bris dans le Mâconnais”, un “vin de semaine”, “dilué, à gros volumes”. La critique, bien que feutrée, est implacable et le vin est jugé quelconque.
Moyen.
C’est un
Beaujolais - Jean-Paul Brun - Classic Chardonnay - 2018.
Les bourguignon-lovers se lâchent et regardent les collègues d’un air “je te l’avais dit”, et se reconnaissent avec l’air de se dire “Evidemment !”. On retiendra ce vin pour le boire avec des amis non amateurs. A un tarif inférieur à 10€, il ne faut pas (toujours) demander l’impossible. L’effet de séquence lui est de plus défavorable.
Blanc n°2, bu seul :
La robe est or jaune.
Le nez évoque un Hermitage à certains, avec ses notes de caramel, d’autres évoquent la mirabelle à l’eau-de-vie, l’encaustique, le miel, la marmelade d’orange. L’ensemble est complexe mais sans lourdeur, et au final harmonieux.
En bouche, une acidité bienvenue tient le vin de l’attaque à la finale, ce qui lui permet de présenter une structure imposante sans lourdeur, et de profiter pleinement d’arômes tertiaires marqués, sur la truffe blanche, la noisette, le caramel. Il reste un peu de fruits, plutôt typés exotiques. La terrine de porc au foie gras et au cacao (fameuse) fait ressortir des notes de zeste d’orange.
Un liquoreux, sans sucre ? L’assemblée est conquise, c’est
Très bon ++ !
C’est un
Viré Clessé - Domaine de la Bongran - Cuvée E.J Thévenet - Quintaine - 2014
On enchaîne sur une paire :
Blanc n°3 (Gauche)
La robe est or
Le nez exhale, et annonce un sérieux compétiteur au vin précédent, déjà impressionnant. Il y a là des agrumes, des zestes frais, de l’eucalytus/menthol/sève de pin, un élevage noble qui enchante Sébastien, amateur de vins “ambitieux” (comprendre bien infusés au chêne, neuf de préférence).
En bouche, le vin démontre une grosse matière et reprend les arômes du nez en y adjoignant du miel et de la cire, et se termine sur une très longue finale saline. Le vin est carré : aussi large que long, et dans des dimensions imposantes. C’est
Excellent.
Les spéculations vont bon train, JP annonce un grand vinificateur, et penche pour un Fuissé de Guffens. Il y a plutôt consensus vers cette option.
C’est un
Pouilly-Fuissé - Dom. Robert Denogent - Les Carrons VV - 2011
Blanc n°4 (Droite)
La robe est or.
Objectivement, le nez est beau, mais il souffre de la comparaison avec l’autre vin. Il y a des fruits exotiques, du fumé et de l’encaustique.
La bouche est plus acide que son camarade, mais la structure est moins imposante. Les arômes reprennent le nez, avec un supplément qui rappelle les herbes aromatiques sudistes (thym). La finale est harmonieuse. C’est
Très bon +, mais il souffre un peu de la comparaison.
L’exercice est intéressant, car c’est un
Viré Clessé - Domaine de la Bongran - Cuvée E.J Thévenet - Quintaine - 2011 , mon premier apport et que je n’avais pas reconnu.
L’assemblée loue le domaine, qui a le bon goût de commercialiser des millésimes prêts à boire, avec des prix qui restent contenus au vu de l’inflation qui sévit dans la région.
Nous passons donc aux rouges avec un premier vin, mon apport. Je l’avais ouvert le midi et en avait prélevé un verre qui m’avait fait craindre le pire. Volatil, Brett… un collègue oenologue l’avait senti en faisant la moue avant de lâcher un “Tout y est” assorti d’une grimace univoque.
Je le vends donc comme tel à la cantonnade avant de le servir, au nom de la science. Et voilà qu'après m'être jetée sur les terrine et autres fromages, Joseph et Sébastien amènent un pot au feu garni de saucisson lyonnais... Mazette, comment allons nous sortir d'ici ?
Rouge n°1
La robe est couleur de groseilles bien mûres, assez claire.
Le nez est certes un peu foxé, il a un peu de gaz, mais, mais… aussi quelques petits fruits rouges, du poivre, et en bouche une structure avantageuse, tendue un peu par ce gaz. Tout le monde me trouve injuste. C’est
Bon +
VDF - Domaine du Picatier - Les Gaménits - 2016, un gamay produit dans les Côtes Roannaises, en fait. J'ai en cave un vin du domaine issu de vignes prephylloxériques... nous verrons ce que cela donne dans quelques temps.
Les vins suivants sont servis en paire :
Rouge n°2 (Gauche) :
Le nez semble déviant, mais finalement c’est très acceptable au regard de son voisin. La bouche reste jolie, perlante, sur les petits fruits rouges et le poivre. C’est nature, c’est simple, c’est “torchable” comme on dit.
Bon++, mais on a eu peur au début !
Côte de Brouilly - Domaine Lapalu - Côte de Brouilly - 2019
Sans y faire trop attention, j’ai ramené ce vin chez moi à l’issue de notre soirée, et l’ai laissé 2 semaines dans la porte du frigo, juste rebouché. Je décide un soir d’y revenir… Quelle ne fût pas ma surprise ! Alors que je pensais trouver du vinaigre, j’ai trouvé un vin d’une très, très grande, finesse. Floral (pivoine), poudré, pinotant à souhait, des tanins d’une grande souplesse, une finale réglissée…
Très bon ++, un très grand plaisir sur cette fin de bouteille deux semaines plus tard.
Rouge n°3 (Droite) :
Ici, le constat est sans appel, ce n’est pas buvable. “Ca sent le *** !” tonne l’assemblée.
ED
Coteaux Bourguignons - Antoine Lienhardt - Gamayoptère - 2018
JP est déçu car il avait acheté cette bouteille “bien nature”, spécialement pour Victor, amateur du genre et qui n’a finalement pas pu être des nôtres ce soir.
Il nous explique que le vin est issu de vignes de Gamay plantées à Fixin, et Sébastien est révolté qu’on puisse y faire un tel vin, plutôt que de tout arracher et d’y mettre du joli Pinot Noir. Sentiments mitigés, mais ambiance garantie - dont acte.
Rouge n°4, bu seul
La robe est rubis, le nez pinote un peu, il y a du moka, un peu de cuir et des fruits rouges.
La bouche est dynamique mais pas fuyante, gouleyante tout en présentant un peu de structure, avec une acidité bienvenue et des tanins soyeux. La finale est un tout petit peu asséchante.
On pense à du grenache à cause du moka. C’est
très bon, même si un peu sérieux.
Côte de Brouilly - Julien Dutort - Côte de Brouilly - 2011
Seconde paire rouge :
Rouge n°5 (Gauche)
Robe grenat, nez lacté, avec du caramel.
Bouche de fruits rouges mûrs, avec une belle attaque, mais un milieu de bouche un peu mou. C’est tout juste
bon, et surprise car c’est
Domaine Marcel Lapierre - Morgon - Cuvée MMXI - 2011... on en attendait un peu plus.
Rouge n°6 (Droite)
La robe est tuilée, et d’emblée le nez semble plus net que son voisin, avec des notes florales.
La bouche offre une belle complexité, entre les fruits noirs, un peu de résine, du poivre, le tout réhaussé par une sensation acidulée. On signale un grand équilibre dans l’assemblée, il lui manquera simplement un peu de longueur pour le porter un cran au-dessus.
Très bon.
C’est :
Domaine Nicolas Chemarin - Morgon - Corcelette - 2014
Belle première rencontre avec ce domaine !
Les vins se terminent sur un susucre, apporté à JP mais dont je n’ai plus le nom…
Le robe est jaune paille, le nez offre des notes de poivre blanc, des fruits exotiques pas trop mûrs, un peu de tilleul, quasiment un peu de végétal, ce qui est surprenant pour un vin présenté comme moelleux, mais pas désagréable.
La bouche reprend le nez en y adjoignant du zeste de citron vert, un “grip” presque tannique comme disent les anglais. Grosse sensation acide au début, qui me fait penser à un vin qui ferait ses 35-40 g/l de résiduel, mais JP confirme un chiffre plutôt aux alentours de 90 ou 100g/l. Belle découverte, c’est
Bon++, à revoir dans quelques années (4-5). C'est un Jurançon (correction plus précise à venir quand mes camarades m'auront soufflé la réponse).
Edit : C'était un
Jurançon - Château Saint-Sernin - Varua Maoh - NM , 100% Petit Manseng
La soirée enchaîne sur divers spiritueux, apportés de leurs séjours alpin par certains, ou généreusement offerts par notre hôte Sébastien (Chartreuses de toutes les couleurs, whiskies...). Un immense merci pour l’accueil, et à madame également qui nous aura rejoints vers 11h00.
Départ général à 1h30… ce fût une excellente soirée ! Vivement la suivante… qui se tiendra demain, sur le thème “Bordeaux !”