La dégustation est organisée autour de 4 paires de bouteilles minutieusement choisies et apportées par Claudius. Les vins sont servis à l’aveugle.
SAMEDI
1ère paire
Vin N° 1
Claudius
Robe nette et brillante. En bouche la chose est tout de suite claire, Nebbiolo.
Souffre un peu de l’élégance de la bt 2, mais a plus de fond et de complexité,
Il est aussi plus long et termine sur des tanins poussiéreux en fin de bouche
Ce vin ne fera que s’améliorer sur 2 jours alors que la bt 2 perdra bcp de charme sur cette même période de temps
Yves
Nez moyennement expressif, balsamique, avec une touche animale. Bouche goûteuse, typée, sur des tannins marqués et une once de rusticité. Assez long. Un vin qui se serait certainement mieux exprimé sur un brasato. J’ai trouvé les tannins plus fondus le lendemain, avec une matière plus profonde et un toucher plus sensuel.
=> Azienda Agricola La Ca Növa, Barbaresco Montestefano, 2016
Vin N°2
Claudius
Robe plus terne et brouillonne, légère pointe de réduction à l’ouverture qui se dissipe rapidement. C’est du pinot noir, c’est évident ! un pinot noir extraverti comme je les aime, sur les petits fruits rouge pétants et croquants, juteux en bouche avec une belle énergie …
Une note végétale donne encore une note supplémentaire de fraîcheur. Belle texture soyeuse. Plus évident et plus simple que le 1er vin, mais tellement immédiat et délicieux …
Le vin danse en bouche, élégant. En contraste avec son aîné le 2015, qui dans mon souvenir se présentait sur un fruit plus dense, mûr et lourd.
Yves
Après quelques minutes d'aération : beau nez de pinot sur la rose, la rafle, les fruits rouges et des notes de rafle. Bouche de demi-corps, sur les fruits rouges mûrs, la groseille, avec des tannins vivants, à peine anguleux, sur une touche végétale qui apporte beaucoup de fraîcheur et de style (rafles ?). Elevage parfaitement intégré. Même si ce n'est pas d'une grande complexité, j'aime beaucoup, et même plus.
=> Domaine Fourrier, Gevrey-Chambertin Vieille Vigne, 2016
2ème paire
Vin N° 3
Claudius
Robe intense et presque noire sans reflets évolués. Nez sur le fruit noir, le goudron, assez énigmatique (effet de séquence ?) . Le lendemain une pointe mentholée au nez. Bouche profonde, impressionnante, mais manquant d’expressivité. C’est un vin énorme qui ne se livre que trop peu.
Je ne l’ai pas reconnu alors qu’il m’est plusieurs fois arrivé de le reconnaître. La note caractéristique de truffe noire manquait à l’appel.
Yves
On peut dire que ce vin a rivalisé avec son concurrent, un vin du même millésime. Il est moins puissant, avec moins de tannin et de concentration, avec une belle qualité de fruit et un joli toucher de bouche, sans qu'il trahisse pour autant trahir le style bordelais. bien que l’assise tannique soit importante, il semble moins extrait que le vin N° 4. Savoureux, séduisant et long. Très bon mais loin d’avoir fini sa vie.
=> Château Pavie Macquin, Saint-Emilion Grand Cru, 1998
Vin N°4
Claudius
Robe un peu moins concentrée. Nez plus expressif sur le tabac et les fruits noirs, bouche plus savoureuse et ductile. Moins long, mais cela ne dérange pas
Se livre en l’état bien mieux que la bt 3
Yves
Nez complexe, sur les fruits noirs et des notes de tabac, de cuir, de cèdre. Bouche structurée, concentrée, sur les fruits noirs, des notes balsamiques et une grosse trame tannique et minérale. Longue finale savoureuse. Impressionnant de densité, c’est un vin qui demande probablement encore un peu de garde pour fondre totalement sa masse tannique. Très bon mais un peu déçu quand même à la découverte de l’étiquette. Il manque à ce vin la magie que l'on est en droit d'attendre d'un cru de cette réputation.
=> Château Ausone, Saint-Emilion 1er Grand Cru Classé, 1998
Intermezzo 1
Vin N° 5
Yves
Nez un peu moins complexe que celui des deux Bordeaux qui ont précédé, sur les fruits noirs. Bouche goûteuse, avec un joli toucher sur des tannins enveloppés dans une liqueur concentrée et ronde. Boisé bien intégré, beaucoup d’harmonie et d’équilibre dans ce vin suave. Avec Belair, c’était l’un de mes vins préférés lors des primeurs 2008 (dans la catégorie « accessible ») et je ne crois pas m’être trompé, même si cette bouteille me paraît plus concentrée que dans mon souvenir. Très bon déjà maintenant mais je vais quand même attendre encore dix ans les bouteilles qui me restent.
=> Domaine de Chevalier, Pessac-Léognan Grand Cru classé, 2008 (rouge)
Intermezzo 2
Vin N° 6
Claudius
Yves nous sert une bt isolée aussi en chaussette noire.
Robe translucide … après les 2 Bordeaux cela ressemble à du rosé ;-)
Très beau nez expressif sur l’orange sanguine, la fraise …Touche végétale agréable en bouche …
Fin mais avec encore qqs rigidités qui demandent à se délier. Vin surprenant et complètement sui generis. J’ai bien aimé, il faut absolument que je le regoûte.
Yves
vin non dégusté à l'aveugle et que je connaissais. Robe diaphane, nez sur les fruits rouges, les agrumes, les cailloux cassés, le béton mouillé. Bouche aérienne, éthérée, raffinée, avec une grosse minéralité un peu rocailleuse et une fraîche acidité qui structurent l'ensemble, sur une sensation de douceur suave et un bon goût de grenache. Belle finale sur un fruit sensuel et parfumé. Peut rappeler Rayas par certains aspects, en plus aérien et moins volupteux. Un vin intellectuel et un peu étrange qui n'a pas démérité dans la série. J'aime. Mon fils a adoré.
=>
Commando G, Rozas Primer, D.O Madrid, 2018
3ème paire
Vin N° 7
Claudius
Superbe de raffinement au nez, notes de réglisse, d’épices, un peu balsamique, aussi
très beau en bouche sur une texture lisse de grande finesse,tanins encore un peu poussiéreux en finale. Très beau et se développera sur 2 jours
Yves
Beau nez de Barolo bien typé, assez viril, sur le balsamique et les épices. Bouche structurée par une trame dense, serrée, très sapide, Dans un style très différent des Brunate de Rinaldi de la même année, moins élégant mais un vrai Barolo dynamique, bien couillu, mais non dépourvu de finesse et de complexité, plein de petits tannins croquants et de fruit. Il fera merveille à table sur un brasato al Barolo. J’ai beaucoup aimé. Une découverte.
=> Azienda Agrivoticola Elio Sandri, Barolo Perno Riserva, 2011
Vin N°8
Claudius
Bouquet à tomber ! D’une complexité hallucinante, caléidoscope de mosaïques d’arômes,
délicatesse pure, une forme de perfection !
Bouche ni la plus longue, ni la plus profonde, ni la plus concentrée mais parfaite en soi, un équilibre et une expressivité qui provoquent une jouissance jubilatoire !
rien à rajouter, mon vin du WE … et je ne crois pas être le seul …
déjà bu lors d’une verticale antérieure de ce cru au même endroit, ce millésime qui ne fait de loin pas partie de mes préféré m’avait déjà marqué.
Yves
Peut-être le vin de la soirée. Certainement pas le plus concentré, ni le plus long ou le plus puissant mais quelle classe ! un bouquet enivrant comme un parfum, un peu de rose, des fruits rouges, des épices douces. C'est complexe, fin et virevoltant à la fois. On retrouve les notes du nez avec un joli relief de tannins fins, bien intégrés. L’ensemble est hyper séduisant. Rien ne sonne faux ni ne lasse dans ce vin. C’est d'ailleurs la seule bouteille qui a été terminée. Grand vin de séduction plus que de concours.
=> G. Rinaldi Barolo Brunate 2011
4ème paire (vins apportés par Patrick Riedo)
Vin N°9
Claudius
Un air de famille, très bien construit. Net et précis, plus puissant, belle fraîcheur.
Très bon mais le tout est un peu plus rigide. La grâce viendra-t-elle avec l’âge ?
Yves
J'ai assez vite pensé à un nerello mascalese de l'Etna. Nez propre, sur un joli fruit et des épices. La bouche est bien construite, puissante, propre, sèche, architectonique, sans douceur - au contraire, on retrouve des sensations salines - et d'une belle longueur. J'ai plutôt aimé mais cette petite note saline ne m'a pas paru très jouissive sur un vin rouge. Un vin intellectuel plus qu'hédoniste. Jolie bouteille quand même.
=>
Passopisciaro, Contrada G, IGT Terre siciliane, 2014
Vin N° 10
Claudius
Très beau, à nouveau du nebbiolo ? …sur le fruit, jeune , demi-corps, bel équilibre, c’est déjà délicieux avec une belle tonicité. 2 jours plus tard le fruit a perdu de son éclat, rompant ainsi le point d’équilibre, ce qui fait ressortir les tanins en fin de bouche.
Mais entendons-nous, cela reste très bon.
Yves
Très beau nez, fin, sur les fruits rouges, des nuances balsamiques, des épices. Bouche un peu fermée mais savoureuse, sur une grande fraîcheur fruitée. C’est sapide, délicat, fin et long, mais on sent que ce vin en a encore sous la pédale et qu’il demande un peu de temps pour intégrer son acidité et fondre ses tannins pour construire un ensemble plus harmonieux et nuancé. Bu trop tôt mais grand potentiel. Je ne touche plus avant 8-10 ans.
=> Giuseppe Rinaldi, Barolo Tre Tine, 2016