Les Off de LPV Lutèce Eté 2020
Éclectisme au programme
Une semaine plus tard, on ne prend pas les mêmes sauf 4 rescapés mais on recommence. Nous nous retrouvons donc à 9 camarades autours de la table pour une soirée qui promet un éclectisme certain. Malgré la chaleur, nous sommes bien dans le restaurant qui est bien climatisé. Armés de trois seaux à glace et de divers rafraîchisseurs, nous avons pu profiter de vins à bonne température (même un était trop froid au départ, un comble à 32° extérieur). On peut aussi noter l'ordre des vins qui était très bien réalisé et surtout de la nourriture tout du long avec une bonne anticipation sur le nombre de vins. Rien que pour ça, je dis chapeau au MC et encore une fois tous mes remerciements.
Vin 1 : Champagne Larmandier-Bernier, Premier Cru, Longitude, Extra-Brut
Le nez possède une belle finesse et on note du floral (lys majoritairement). C'est un beau nez dans tous les cas sans être d'une complexité extraordinaire. La bouche est fine, avec une belle fraîcheur et un bon équilibre associé à une longueur très bien faite. J'aime bien pour l'apéritif, c'est une belle bouteille pour commencer (comme régulièrement).
Vin 2 : Champagne Veuve Fourny, Cuvée R, Extra Brut
Le nez est brioché, avec des fruits jaunes et un peu d'arômes citronnés. Je le trouve typique dans tous les cas des beaux champagnes à base de chardonnay. La bouche est délicate avec une structure et une colonne vertébrale que l'on ressent et qui fournit une certaine longueur tout en restant délicate et ronde. Un léger côté oxydatif apparaît en fin de bouche pour complimenter le tout. Un champagne de gastronomie selon moi.
Vin 3 : Champagne Jacquesson, Cuvée 735 DT
Rien qu'au nez, on sent que l'on a affaire à un très beau champagne avec des arômes délicieusement oxydatifs avec de la noix, quelques notes de curry. C'est bien complexe. La bouche est aussi très belle avec une matière assez imposante tout en restant équilibrée et se terminant avec une certaine amertume citronnée. La finale renforce les arômes oxydatifs et font de cette bouteille un très beau champagne à maturité mais qui pourrait encore tenir quelques temps.
Et bien, pour une première triplette de champagnes, les vins ont été à l'honneur et laisse augurer une superbe soirée. Les trois champagnes étaient intéressants avec une montée crescendo sur la puissance mais je serai heureux de recroiser ces champagnes à l'avenir.
Vin 4 : Domaine de la Louvetrie, Muscadet Sèvre et Lie, Haute Tradition, 2009
Le nez est un peu mutique au départ, on note cependant des fruits exotiques (mangues) et une pointe végétale qui s'intensifie à l'aération. La bouche possède une certaine amertume, un peu de gras mais tombe en milieu de bouche pour terminer de façon courte. Pas forcément fan de ce vin, je ne l'aurais pas du tout situé ni donner un tel âge.
Vin 5 : Domaine Les Cailloux du Paradis, Vin De France, Romorantin, 2016
Le nez est totalement fou et ne cesse d'être changeant avec une tendance bien nature avec de la pomme (presque comme du cidre) et du fumé. On sent aussi une note de poire à l'aération. Ca part dans tous les cas dans tous les sens et c'est rafraichissant d'avoir un vin aussi fou ! La bouche possède une belle amertume, emplit la bouche et possède une bonne rondeur et une finale sur le fumé et l'abricot avec une longueur très impressionnante. J'aime dans tous les cas beaucoup ce vin, un petit coup de coeur surtout pour son côté surprenant et très différent des vins dont j'ai l'habitude de boire (un peu comme le Zaune à Dédé qui m'avait ce type d'impression).
Vin 6 : Weingut Clemens Busch, Riesling Trocken, Marienburg "Farkenlay" Grosses Gewäch, 2011
Le nez pétrole énormément dans le verre avec des notes plus florales ensuite. C'est intéressant et amène directement sur du Riesling. Maintenant, un riesling d'où (allemand, autrichien, alsacien ?). La bouche est un peu perlante, une sensation de fruits exotique avec une certaine amertume en finale et une longueur moyenne. La finale fait ressentir des sucres résiduels. On part rapidement en Allemagne, c'est un beau vin mais pas d'effet waouh, j'ai préféré personnellement durant le confinement un kabinett 2015 de la même maison pour son côté plus immédiat.
Vin 7 : Domaine Benoit Ente, Bourgogne Aligoté, 2018
Le nez est au départ un peu mutique sur l'allumette, le citron. Il s'ouvrira lors de la dégustation pour mettre ses arômes plus en exergue par la suite. C'est pas mal sans être grand. La bouche elle possède de la tension avec des arômes citronnés et une longueur moyenne. Si l'on veut chipoter, on peut aussi trouver un creux en milieu de bouche et la finale apporte des arômes de pierre à fusil. C'est pas mal dans un registre simple (j'ai même noté très sympa pour l'apéro sur plusieurs jours).
Vin 8 : Domaine Benoit Droin, Chablis Grand Cru Les Clos, 2008
Le nez est superbe d'entrée avec une belle complexité générale et toujours ces arômes de citron associé à une spontanéité dans le développement de ces arômes. Tout semble en place là où tout doit être (n'ayant pas les mots pour décrire). La bouche est elle aussi très bien faite, sur des arômes de citron avec une belle longueur, une bonne tension. On sent un super vin qui est encore jeune et à la levée de l'étiquette, on se dit que 2008 sur un GC Droin, ça devrait encore attendre 10 ans avant de le boire. C'est quand même très beau.
Vin 9 : Domaine Gangloff, Condrieu, 2017 (pas à l'aveugle)
Le nez fait tout de suite viognier avec de la violette, du fruit jaunes (pêche plus qu'abricot). C'est aussi très complexe avec des notes d'élevage qui se font sentir. La bouche est elle aussi superbe, avec l'amertume du viognier mais aussi une certaine fraîcheur et des arômes de fruits exotiques en bouche qui est tapisée. Pas du tout lourd, jeune et un peu fou, je suis aux anges de goûter cette bouteille. Par contre, force est de constater que Condrieu reste un vin très clivant au sein de notre groupe avec les aficionados et les personnes qui n'aiment pas ce type de vins.
Des blancs de haut niveau pour cette première série avec un Romorantin qui m'aura subjugué, un Clos de Droin superbe même si encore jeune et un Condrieu bien né comme je les aime.
Vin 10 : Domaine François Cotat, Sancerre, Chavignol Rosé, 2019
Le nez fait très framboise c'est sympa même si c'est pas d'une complexité folle. Pareil en bouche, on a une bonne longueur et une certaine amertume et une impression de croquer une eau à la fraise très très légère. C'est sympa, une bouteille que je verrai bien sur des grillades avec les copains.
Vin 11 : Domaine Clos des Grillons, Calcaires, 2019
Le nez est sur les petits fruits rouges et d'arômes sanguins, un côté un peu évanescent du plus bel effet et une sensation de vin nature dont je n'arrive pas à déceler les arômes. La bouche est un peu perlante mais le fruit explose et laisse une petite amertume en finale. Un vin très sympa, que j'aimerai recroiser à l'occasion.
Vin 12 : Domaine Huguenot, Gevrey Chambertin 1er cru, Les Fontenys, 2014
Le nez fait directement très pinot avec de la cerise noire et quelques épices. Assez complexe d'entrée de jeu. La bouche est belle avec une acidité maîtrisée, une bonne longueur globale. Un vin que j'ai aimé, au début de sa maturité.
Vin 13 : Domaine Comtes Lafon, Monthélie 1er cru, Les Duresses, 2013 (pas à l'aveugle)
Je trouve le nez superbe avec un peu des fruits rouges, un petit côté cuir et des épices, c'est aussi d'une belle profondeur et donne envie d'humer le verre. La bouche est très délicate avec une belle finesse et un équilibre magistral sur les petits fruits rouges. Première rencontre avec le domaine qui est plus connu pour ses blancs, je trouve le niveau de ce rouge impressionnant et assurément un coup de coeur en Bourgogne.
Vin 14 : Domaine Alain Voge, Cornas Les Vieilles Vignes, 2013
Le nez est intéressant sur le poivre et la framboise. C'est un peu fermé mais prometteur. La bouche est pour moi un peu décevante avec du fruit noir, une petite acidité et une longueur correcte. C'est un bon vin globalement, sûrement un peu fermé et qui selon moi a souffert de passer après le Bourgogne.
Vin 15 : Chateau L'Evangile, Pomerol, 2004
Le nez fait tout de suite très Bordeaux avec des fruits noirs, un côté vieux cuir et même champignon. Au nez, le vin fait tout de même vieux et je serai parti sur un vin de 1995-1996. En effet, la bouche révèle une certaine acidité, des arômes de fruits noirs et une belle longueur. Les tannins se font encore sentir, preuve que le vin peut encore tenir. On sent dans tous les cas un Bordeaux bien élevé plutôt rive droite. A la levée de la chaussette, je suis étonné du caractère évolué d'un tel vin, aux antipodes de ce que j'ai pu boire en 2004 (mais sur la rive gauche). Première expérience appréciée pour moi d'Evangile hors salon (j'avais bu un 2008, 2011 que j'avais personnellement trouvé moyen). Un bordeaux à maturité dans tous les cas.
Au niveau des rouges j'ai adoré les deux pinots (je deviendrai bourguignophile) ainsi que le Clos des Grillons qui est une découverte. L'Evangile est aussi un beau bordeaux à maturité que j'ai beaucoup apprécié aussi mais sans coup de coeur (et pourtant, comme j'aurai aimé, moi le Bordophile de la troupe).
Vin 16 : Domaine de la Tournelle, Fleur de Savagnin, 2016
Le nez est très sympathique, avec un côté citronné, fumé, de la violette. Instinctivement, ça me semble venir du Jura (la robe était aussi trouble) plutôt avec une tendance chardonnay. La bouche est bien définie, très gourmande, ronde et glisse comme de l'eau de roche, sans aucune aspérité. Une bouteille avec une très belle buvabilité dans tous les cas et je n'ai pas du tout reconnu le Savagnin, je serai effectivement plutôt parti sur un Chardonnay. Cela confirme ma bonne opinion sur ce domaine.
Vin 17 : Domanie Camin Larredya, Jurançon sec, La Part Davant, 2018
Le nez fait très mangue, ananas avec aussi un mélange de pop-corn et de mirabelle. En bouche, on retrouve une certaine acidité, une belle longueur tout en restant frais et une finale qui donne une sensation "saline" (comme au bout de la langue quand on prend un grain de sel). C'est très sympa, sans aucune lourdeur pour un vin de la région et une belle découverte d'un domaine que je ne connais pas.
Vin 18 : Weingut Karl Erbes, Riesling Auslese Erdener Treppchen, 2006
J'adore le nez car il est là aussi déroutant avec un mélange de melon, pamplemousse et ananas ainsi qu'un côté pierre à fusil. C'est dans tous les cas très beau. La bouche est aussi intéressante avec une belle concentration, très digeste et des arômes de pastèque (!) qui se dégagent. Très beau vin qui montre aussi la tenue des vins allemands.
Vin 19 : Château Bastor-Lamontagne, Sauternes, 1981
Le nez est bien fait sur le pain d'épices, le clou de girofle et un peu de fruits exotiques (mangue). La bouche est équilibrée, sympa sans être remarquable. A noter une certaine légèreté dans le bon sens du terme car cela permet de ne pas faire pataud par rapport à l'allemand bus juste avant. Un bon liquoreux de fin de repas, difficile à placer en sauternes en ne connaissant pas l'apporteur (et la couleur).
Les photos du line-up du jour
Et voilà les amis, 19 vins plus tard et aucune fausse note au sein de ces vins. Chacun était intéressant avec quelques coups de coeur et si je devais ne prendre qu'un vin de chaque type ce serait sans hésitation le Jacquesson Cuvée 735 DT en champagne, le Romorantin des Cailloux du Paradis en blanc, le Monthélie 1er cru en rouge et le Karl Erbes en liquoreux.
Une belle dégustation avec un groupe formidable dans tous les cas (c'est peut-être le secret de cette succession de bouteilles réussies). Le programme des semaines suivantes reste chargé avec mercredi 1er juillet les Champagnes dans une soirée officielle et une autre off le samedi 4... Que c'est dur d'être amateur de vin !
Bonne dégustation
Matthias