Voilà quelques temps que je n’avais partagé sur LPV mes dégustations, me limitant à quelques lignes sur notre groupe Whatsapp, certainement par pure facilité.

La toute fin de semaine a été un peu fébrile, dans les préparatifs en cette période spéciale.
Qui amène quoi ? Qu’allons-nous manger ? Est-ce que ce sera le bon accord ? Mais à quelle heure on se retrouve…

Nous étions donc les hôtes de Seb, notre QG ne pouvant nous recevoir pour la raison qui nous impacte tous.
Au nombre de 4 sous la présidence de ChrisDu : Seb, Chris et Sylvain.
Le plat principal ainsi que la première entrée venaient du Barto où nous avons nos habitudes.
Le menu final a été connu le matin même pour cause d’approvisionnement incertain, donc chaud pour les accords.

Les vins ont été dégustés à l’aveugle.

Une petite bulle pour bien commencer.

Champagne Jacquesson Cuvée 740 millésime 2012

57% Chardonnay, 22% Pinot meunier, 21% Pinot noir.

Le nez pâtissier est un peu oxydatif, levuré.
La fine bulle est très classieuse, une amertume bienvenue en finale relève le tout.

Très bien ++ 17/20

Les toasts avec la magnifique terrine ayant atomisé le vin, Seb a du sortir quelques chips en urgence.
Pas une bonne idée le pâté avec le champagne…




Entrée 1 et 2

-Asperges de Camargue avec émulsion moutarde citronnée.

-Dés d’Espadon poêlés en marinade.

Domaine Vincent Dauvissat Chablis premier cru Séchet 2011

100% Chardonnay.

Le nez est boisé, pas très net. Forte réduction.
Après agitation, un peu de choux fleur, et un caractère salin, marin qui sans être désagréable étonne.
Je penche pour un Languedoc nature un peu bizarre.
La bouche manque de matière.
C’est plat. Cependant la longueur est honorable.
Un vin qui se boit, mais bon pas l’éclate non plus.
Tout le monde est dépité à la découverte de l’étiquette.
Verdict bouteille déviante.

Non noté

Apparemment, ce n’est pas la première déconvenue autour de la table sur ce domaine.




Domaine la Croix Belle numéro 7 blanc 2016 IGP Côtes de Thongue

7 cépages : Viognier, Chardonnay, Grenache blanc, Sauvignon, Grenache gris, Muscat petit grain, Carignan blanc.

Alors là à l’aveugle, celui qui trouve l’ensemble des cépages a toute mon estime.

Le nez est boisé, puissant, du grillé et de la coco.
La bouche est ample massive, alcooleuse. La matière est bien présente.
L’élevage ambitieux parvient à équilibrer tout cela et donne un vin fort agréable, mais clairement pour la table. C’est quand même du lourd.
Accord parfait avec l’espadon.

Très bien+ 16,5/20




Passons aux choses sérieuses avec le plat.

-Epaule d’agneau label rouge, désossée, roulée et rôtie servie avec un écrasé de pommes de terre aux herbes.


Domaine Jules Desjourneys Fleurie la Chapelle des bois 2010

100% Gamay

La robe est sombre laissant présager une jolie matière.
Le nez est discret, légèrement bourguignon.
Vin bien équilibré, tout est là, peu de choses dépassent. C’est beau, classieux et droit. L’aromatique est plutôt froide.
Certains évoquent un vin jeune, d’autres, un peu plus âgé mais tout le monde semble d’accord sur une origine sudiste.
Manque peut être un peu de fruit pour égayer le tout ? Il est promis à un bel avenir en tout cas.
L’accord était osé mais réussi avec le plat. Au vu des commentaires mitigés sur le fil dédié, c’était plutôt une bonne surprise.

Très bien++ 17/20.


Domaine l’Aiguelière Côteaux du Languedoc Montpeyroux Côte dorée 1995

70% Syrah 30% Grenache

Le nez est végétal, sur le vieux bois ainsi que le poivron noble (vert plutôt).
La bouche confirme le nez. Egalement des arômes tertiaires de vieux Bordeaux avec un boisé typique.
C’est un peu austère mais bon et bien fait.
Nous sommes unanimes, c’est un Bordeaux. Jérôme sors de ce corps.
Ah non ?
Super Toscan alors ?
En tout cas, il y a du Cabernet ça c’est sur.
Ah, le vin et ses mystères…

Très bien+ 16,5/20




Domaine de la Grange des pères 2007 Vin de pays de l’Hérault

Syrah, Mourvèdre, Cabernet Sauvignon et Cournoise

Ah que dire…
C’est beau, très beau même. C’était très bien avec le plat, mais on pourrait disserter également dessus comme vin de méditation.
Le nez est sur la compotée de fruits rouges, un peu de fraise, des épices. Il n’y a pas un peu de Reynaud là dedans?
Les tanins sont parfaits, le tout relevé par l’alcool bien intégré. Une légère sucrosité est présente. Cela persiste en bouche, invite à se resservir le tout sur une délicate amertume.
Parti sur un beau vin sudiste à base de Grenache. Un Châteauneuf prestigieux d’un millésime solaire?
Le côté un peu fruit cuit me fait penser que la bouteille est à parfaite maturité et qu’il est temps de la boire de peur que cela ne tourne à l’oxydatif.

Excellent 18,5/20.




Le plateau de fromages.

-Tomme de Savoie affinée
-Comté 18 mois
-Brebis ail et fines herbes
-Chèvre

ChrisDu dégoupille

Stéphane Tissot La Mailloche 2000 Arbois

100% Chardonnay

Seb dit : « Je n’aime pas le Jura, tu sais bien »
ChrisDu : « Tu y viendras, c’est obligé »

Pas du tout oxydatif, très Bourguignon.
Le temps n’a-t-il aucune action sur ces vins ?
A recommander pour les novices ou réfractaires.
Parfait avec le fromage.

Très bien+ 17/20




Sur un Bavarois à la mangue.

Château Rayne Vigneau 1997 1er grand cru classé Sauternes

80% Sémillon, 20% Sauvignon Blanc

Nez classique qui safrane.
Le vin a en partie mangé son sucre.
Est-ce un Rieussec ?
Parfait avec le dessert.

TB+ 16,5/20

En guise de conclusion, c’était une bien belle soirée qui nous a fait du bien au moral.
Malheureusement, l’effectif était restreint.
Merci à Seb pour son accueil et à tous pour vos apports.

Sylvain

Et bim, encore un Dauvissat qui se goûte mal...
Heureusement qu'il y a le Jura Bourguignon

Pour aller dans le sens de Vougeot dans le fil dédié cette fois c'est à moi qu'il reste un Sechet 2011 (pourtant très bien goûté il y a 4 ans)...qui vivra verra.
Par contre je suis un peu surpris qu'une terrine atomise un champagne, a fortiori ce Jacquesson. Problème de bouteille?

Soirée de retrouvaille qui m a l air bien sympa.
Vivement la prochaine en comité complet - dans le respect des règles sanitaires bien sûr.
En tout cas c est sympa d'avoir fait travailler le Bartho.

O

Frisette écrit: Pour aller dans le sens de Vougeot dans le fil dédié cette fois c'est à moi qu'il reste un Sechet 2011 (pourtant très bien goûté il y a 4 ans)...qui vivra verra.
Par contre je suis un peu surpris qu'une terrine atomise un champagne, a fortiori ce Jacquesson. Problème de bouteille?

Bonjour Frisette.
Non, pas un problème de bouteille. Juste que la terrine était un peu trop relevée pour la finesse du Jacquesson.

Merci pour ce super compte-rendu Sylvain.
Je me suis régalé à midi avec la fin du Fleurie sur un sauté de veau aux champignons et aux asperges (recette Cyril Lignac) et avec la fin du Rayne Vigneau sur le dessert qui restait.
Et hier soir le numéro 7 a parfaitement accompagné une raclette.

Sébastien.

J'arrive après la bataille et je ne veux pas tirer sur l'ambulance.
Mais tout de même...

Certaines coïncidences coïncident mal.

Friends écrit: Merci pour ce super compte-rendu Sylvain.
Je me suis régalé à midi avec la fin du Fleurie sur un sauté de veau aux champignons et aux asperges (recette Cyril Lignac) et avec la fin du Rayne Vigneau sur le dessert qui restait.
Et hier soir le numéro 7 a parfaitement accompagné une raclette.

Sébastien.

Eh bien moi, j'ai fini la Grange des pères.
Ça se tenait encore bien, mais je confirme que cette bouteille était à la fin de son plateau de maturité.
Encore à un très bon niveau tout de même.

Eh bien moi, j'ai fini la Grange des pères.
Ça se tenait encore bien, mais je confirme que cette bouteille était à la fin de son plateau de maturité.

Sympa le compte-rendu....je tacherai de me souvenir de ne pas ramener de GdP en 07 lors d'une prochaine dégustation en session plénière alors

olivierp écrit:

Eh bien moi, j'ai fini la Grange des pères.
Ça se tenait encore bien, mais je confirme que cette bouteille était à la fin de son plateau de maturité.

Sympa le compte-rendu....je tacherai de me souvenir de ne pas ramener de GdP en 07 lors d'une prochaine dégustation en session plénière alors

Mais si, au contraire ramènes c'est tip top.

Juste pas dans 10 ans.

Un grand plaisir de voir un compte-rendu sur cette séance et de multiples rebonds, merci Sylvain



Chris nous a ramené des bulles pour fêter ses 40 ans,

Champagne Jacquesson Cuvée 740
Fine bulle, douceur en bouche, très fin, très agréable, m'évoque les Rachais en plus tendre. C'est très bon, j'évite de trop y regoûter, je ne sais pas cracher le champagne et il y a de la route pour le retour; étonnamment, il prend un goût de pâté sur la terrine, mélange d'aromatiques pas des plus sophistiquées.

"je suis un peu surpris qu'une terrine atomise un champagne, a fortiori ce Jacquesson. Problème de bouteille?" disait Frisette
Pour moi ce n'était pas une question de domination d'un élément sur l'autre, c'était une fusion aromatique qui renforçait des notes de pâté ordinaire alors que séparément ni la terrine ni le vin ne méritaient ça
En tout cas, ce Jaquesson 740 m'étonne par sa rondeur, les derniers millésimes goûtés étaient beaucoup plus tendus, je n'achète plus depuis le repositionnement tarifaire au dessus des 40€


Sur l'espadon (manque de motivation, manque de maîtrise sur les plaques à induction, j'avais remisé la sauce vierge, juste poêlé les cubes de poissons après les avoir marinés dans le jus de citron ),
Sylvain commence par nous servir un meursault...

IGP Côtes de Thongue numéro 7 blanc 2016 Domaine la Croix Belle
en tout cas le nez promet, petite réduction fine, du grillé, léger coco me souffle-t-on. La bouche confirme le style, c'est finement boisé, riche mais tendu; c'est assez alcoolisé, gras, couillu dirait mon voisin de l'autre côté du lac (Hervé si tu nous lis ) mais c'est beaucoup plus fin que les quelques chardonnay exotiques boom boom qui m'ont été infligés récemment. Je sens bien que c'est un peu trop riche mais je n'aurais pas été choqué de découvrir un bourguignon 2015, ça reste dans les limites acceptables d'un style que je n'aime pourtant pas trop
TB

Chablis premier cru Séchet 2011 Domaine Vincent Dauvissat
Le nez est vraiment affreux, non disons bizarre, pas très expressif de prime abord, l'agitation lui tire des notes désagréables, de poisson, de chou fleur, voire de vase. En bouche c'est plus gras, moins tendu que le précédent, plus acide que tendu, assez complexe mais pas expressif du tout. Peut-être du chenin ?
B+ quand même. Dépité au tomber de la chaussette, encore un chablis que je ne reconnais pas mais surtout vraiment pas très fun
J'ai emporté la bouteille que personne ne voulait Finie sur plusieurs jours, le pire de l'aromatique a disparu, je retrouve un beau vin plutôt riche et suffisamment tendu, pas très expressif néanmoins; j'en déduis que :
1. C'était en grande partie de la réduction, quel dommage de ne pas avoir mieux aéré ce vin
2. dès que ça se réchauffe un peu, il reste des relents fugaces d'aromatique désagréable sur la serpillière mouillée donc peut-être y a t il un petit défaut à la bouteille quand même
3. Ce vin est peut-être dans une mauvaise phase à attendre encore quelques années



On passe au plat principal avec 3 rouges sur l'épaule d'agneau roulée , arrivée rosée du Barto; le réchauffage au four lui fait perdre son saignant mais le jus dans le plat y gagne aussi

Fleurie la Chapelle des bois 2010 Domaine Jules Desjourneys
Nez fruité, menthol, cassis à l'aération. La bouche est d'abord fruitée mais ce n'est pas l'impression qui reste, assez volumineuse mais fluide, trame acide, petite amertume, légers tannins, un peu d'alcool en fin de bouche, un vin sérieux
TB++
à aucun moment on ne se doute que c'est un beaujolais; pour moi avec ce cassis mentholé et les tanins ça aurait pu contenir du cabernet. L'élevage domine clairement le cépage mais ça pourrait être grandiose dans 10 ans


Coteaux du Languedoc Montpeyroux Côte dorée 1995 Domaine de l’Aiguelière
Nez au premier abord un peu madérisé, fruits cuits, vieux bois, menthol (m'évoque le chilien Don Melchior 1996 bu un peu tard), la bouche confirme que c'est un vieux bordeaux (c'est mon apport ), des notes végétales très prononcées, du poivron ? plutôt vert mais bien enrobé dans une matière très riche mais qui reste fluide, tanins astringents en finale. Tout le monde soutient que ça contient du cabernet, même moi qui sait ce que c'est. J'en viens à me demander si la bouteille n'est pas un faux mais le bouchon était incontestablement d'origine. Quelques restes agréables dans ce vin mais je pense qu'il est trop tard tout en me demandant si l'élevage n'était pas too much en jeunesse
B++
Il me semble que c'était une des stars du Languedoc il y a une vingtaine d'années, récupérée plus qu'achetée aux enchères récemment, je me faisais une joie de faire goûter ça à Chris.
En tout cas, même sur la pente descendante, ce vin n'est pas mort, j'avais oublié les 2-3 cl d'épaulage dans un petit verre protégé d'un couvercle, le lendemain je retrouve le vin tel qu'on l'a goûté, aromatique madérisée moins sensible en bouche, riche, fluide, végétal et tannique


Vin de pays de l’Hérault Domaine de la Grange des pères 2007
Seb me l'avait fait goûter à l'ouverture 2 heures avant pour déterminer sa préparation : Superbe fruité, un sudiste péchu mais sur une trame élancée comme un Charvin qui approche de sa maturité; recommandation : aération au frais, carafage pas indispensable
Regoûté à table, très beau nez soyeux, pointe de fraise à l'agitation. Bouche fraîche, sans aspérité, tenue parfaite; Superbe vin. Plus tard, l'aromatique tend vers des notes de fruits cuits, de pruneaux et la bouche s'épaissit un peu (hein mes papilles ? boah non ), on tend vers un Chateauneuf 2007 de style frais.
J'avais déjà rencontré ce vin il y a quelques années, c'est mon préféré des quelques millésimes goûtés. Il est à maturité mais je pense loin du déclin.
EXC


Sur le fromage,
l'Arbois La Mailloche 2000 de Stéphane Tissot est d'une jeune époustouflante, jamais goutée comme ça; les 2-3 précédentes étaient un peu plus sur l'oxydation du coup je le gardais pour le fromage
Nez très grillé,notes de levures; bouche fraîche, longue, traçante, on dirait plus un Graviers voire un Tour de Curon qu'une Mailloche souvent un peu fumée voire oxydée. C'est beau et en même temps un peu frustrant ce manque d'évolution.


Sur le dessert, le Sauternes Rayne Vigneau 1997 (50cl) a commencé à manger ses sucres, c'est doux mais pas saturant ni lourd; aromatique très safranée ; à l'aveugle j'aurais tenté Rieussec 99 (private joke, spécial dédicac' Jérôme ) mais la bouche est un peu plus fine .


Encore une belle soirée, les grandes tablées permettent de goûter beaucoup de vins mais j'apprécie beaucoup ces formats à la maison où l'on prend finalement le temps de goûter les vins et on contrôle le rythme de service

PS : Je n'ai rien présidé du tout, faudrait arrêter de stigmatiser les gros qui ont juste besoin d'espace et se placent en bout de table

Très exhaustif.
Sympa d'avoir plusieurs ressentis pour la même soirée.
Good job.