Quand arrive le début de la fin du confinement, il est temps de faire un petit point d'étape et de se retourner sur les 7 dernières semaines:
- je n'ai bu seule (j'ai le verre solitaire) "que" 7 bouteilles.
- j'ai pris moyennement de plaisir à boire seule, encore moins quand se répétait le même verre dans la semaine,
- du coup, j'ai commencé par les bouteilles les moins chères parce qu'il fallait bien commencer par quelque chose et que je dois avoir un oursin dans la poche (c'est un raisonnement assez idiot).
- le fil "la bouteille mystérieuse" a démontré que, même avec des descriptifs précis, ma culture vinique équivalait à ma culture musicale qui elle-même équivaut à celles scientifiques, littéraire.. A part le rugby point de salut?????
J'ai donc décidé de prendre les 3 dernières bouteilles qui ne me faisaient pas de l'oeil, de les servir en semi-aveugle, et d'en faire un retour.
Au préalable, j'ai tenté un rafraîchissement des naseaux en révisant les odeurs, au moyen de capsules sorties d'une boîte d'aide à la dégustation. Je déconseille cette boîte sauf si vous souhaitez passer la journée avec un mix des 30 capsules dans le nez.
J'ai humé les fleurs de mon oranger, j'ai plongé mon appendice nasale dans les pots d'herbes aromatiques, dans la tasse du café fini, ... et sachant que le thème de la dégustation était "périmètre 100 km", il me fallait de la terre mouillée. ...
On apprend de ses erreur, leçon 1: non le terreau n'est pas de la terre, et en plus, ça pue méchamment.
Ceci est donc un compte rendu qui montre que même quand on veut faire sérieusement les choses, l'humilité nous rattrape.
Contexte:
- nous sommes en guerre, donc pas d'accord mets-vins, (on n'est pas chez Jean Loup ou chez Eric Bé),
- Hyllos n'a pas validé les verres Lehmann 30cl
- les 3 bouteilles sont celles que jamais je n'aurais osé partager avec d'innocentes victimes
Vin 1: robe rubis, un peu terne, nez de fruits noirs et menthol, presque végétal, avec un peu d'aération des épices apparaissent, mais très légèrement. Pas de tanin. Reste sur la langue une pointe d'acidité.
Ce n'est pas mauvais, mais c'est anodin
C'est
IGP Landes Tannat Cabernet Franc NM des Vignerons Landais (et ouais, on ne se refuse rien... )
Cette bouteille faisait partie d'un lot gagné à la tombola de la Fête du Parti Communiste (si si), voici la suite...
Vin 2: cas d'école, je l'ai reconnu aussitôt: robe violacée, nez muet puis terreux (terreau) avec remontée d'alcool. En bouche, c'est juste mauvais.
Il y a tout là dedans: un millésime pourri, un sol anodin, des rendements fous, une conservation en garage pendant plusieurs années... Il a cet avantage, c'est qu'il rend le 1er vin meilleur.
C'était, il y a très longtemps, un
Saint Emilion 2013 Château Grand David de Mauvinon
Vin 3: un cadeau d'une copine qui avait des bouteilles comme celle-ci dans sa grange... Robe plus claire et tuilée que les autres, fort logiquement c'était le plus ancien du trio. Le 1er nez était désagréable, je n'ai pas d'explication, puis sont apparues des notes assez légères de chocolat, de grillé, de "vieux bordeaux" sans que ce soit péjoratif. En bouche, la matière est fine, presque évanescente, tendue par une aussi fine acidité.
En fait ce vin n'est pas mort contrairement à ce que je pensais. C'est tenu mais j'aime bien en fait... Je recrachais jusqu'alors mais l'ai bu avec un morceau de fromage (drôle repas de cacahuètes, saucisson ardéchois et coulommiers).
J'aurais bien mis un
mais je n'ai comme indice que le bouchon (qui en dit pas mal: 1996, Vertheuil, Haut Médoc).
Ce que j'en retire, c'est que j'ai fait de la place, ... certes, mais même si rien n'était transcendant, j'ai comparé et du coup, j'ai établi ma hiérarchie.
C'est comme cela que je vois l'apprentissage.
Quand on n'a pas le talent, les sens développés, il faut trouver des jeux pour apprendre.
Je ne vous cache pas qu'il me tarde de repartager et d'échanger, même si cette période a aussi ses bons côtés.
Agnès, la dégustation reste un mystère