Bonjour à tous
Quelques jours avant le confinement et la "guerre" déclarée par monsieur Macron je suis invité pour un moment unique et trois vins magnifiques
Le premier vin est un Champagne de Jerôme Prevost issu presque exclusivement de pinot meunier " les béguines " à la vinosité franche rappelant les vins de Anselme Selosse. Premier coup de coeur

On enchaîne toujours à l'aveugle sur un vin rouge à la robe magnifique et légèrement évoluée vers le rouge brique avec un nez baroque , extravagant sans cesse changeant avec des notes très légères de sous bois, de fruits à l'eau-de-vie, de pot pourri....
La bouche est d'une délicatesse subjugante hors norme. Un vin en apesanteur comme sait faire Lalou Bize.
L'ami qui a sorti ces trésors nous demande notre avis (nous étions trois pour ce moment magique)
J'avance un grand cru de la Côte de Nuits d'une grosse vingtaine d'années voire même un peu plus....
Clos Vougeot 1949 du domaine Jacques Prieur tasteviné par la maison Calvet



Et non c'est plus âgé ! Impossible franchement de dire cet âge. 70 printemps bien sonnés!! Respect à ce vieux monsieur qui pourrait courir derrière des jeunettes sans s'essouffler !!

On enchaîne avec le troisième et dernier vin. Celui ci présente une robe plus claire, un nez d'une pureté merveilleuse sur des notes de fruits et quelques notes de viande très très délicatement fumée.
La bouche est peut-être encore plus délicate. Je pensais que le Clos allait rendre la suite problématique mais la vache on se demande tous les trois si on ne monte pas encore un petit cran.
Fred et moi annonçant une très belle syrah du Rhône Nord et un vin d'une belle vingtaine d'années et c'est :

Côte Rôtie 1979 domaine Dervieux Thaize

Là c'est le beau-père de Rostaing ! Un vin éternellement jeune.



Merci encore pour de tels moments où le temps semble se figer pour le plaisir hédoniste de trois amateurs !!

Bonjour à tous

Petite soirée post- confinement avec l'ami JB (number one dans notre petit cercle) qui est venu en presque voisin.

Repas simple avec jambon de Parme, magnifique entrecôte d'un boucher hors classe, purée, fromages et fraises

on commence avec une bulle servie à l'aveugle et à l'apéro, La bulle est fine, un nez légèrement oxydatif et une bouche ample et savoureuse. Le vin a du fond et impressionne puisque l'ami JB part immédiatement en champagne en annonçant même une belle maison!! Il s'agit de:
Domaine Labet Crémant du Jura 2015

On continue avec un rouge pour accompagner la viande cuite quasiment "bleue", toujours à l'aveugle (sauf pour moi malheureusement encore une fois). La couleur est sombre avec quelques reflets légèrement brique témoignant d'une petite évolution. Le nez est d'une grande complexité mêlant les épices, le tabac, la mûre avec un côté à la fois sauvage et très civilisé. La bouche est d'une rigueur bordelaise avec le "confort" moins marqué mais avec de la gourmandise faisant gamberger JB qui sait qu'il n'est pas à Bordeaux, il hésite, réfléchit et a une soudaine illumination en disant un Mas Jullien d'une dizaine d'années. Il peut doubler la mise puisqu’il s'agit de:

Mas Jullien Coteaux du Languedoc 2000
Le vin est un condensé de ce qui fait le grand vin n'en déplaise à certains, la complexité aromatique, la bouche sans faiblesse, la sapidité qui nous rappelle que le vin doit être une boisson que l'on prend plaisir à savourer en mangeant avec une gourmandise jamais vulgaire. Seul hic pour les buveurs cracheurs compulsifs, il faut s'armer d'une grande patience tant ces vins ont besoin de mûrissement pour croître et embellir . Je ne parle pas du prix cela mettrait beaucoup de vins dans un embarras certain !!

Arrivent quelques fromages et pendant que l'on en dresse le plateau je m'éclipse pour revenir les mains chargées d'une dernière bouteille. Cette fois on passe au blanc.
Je sers notre hôte du jour. Le vin a une robe encore pâle et arbore une très légère réduction qui disparaîtra relativement vite (j'aurai dû l'ouvrir avec un peu d'avance). Ces notes passées le vin affiche une très grande pureté avec des notes de pêche blanche et aucune note oxydative que l'on aurait pu craindre sur un vin non protégé. La bouche emporte totalement l'adhésion avec un côté dense (il y a clairement une très belle quantité de vin) et frais à la fois. Nous nous servons et resservons avec plaisir et la bouteille ne traîne pas. Au total une bouteille magnifique qui me laisse une bien meilleure impression que le Meursault tillets 2009 de Jean Marc Roulot bu la veille. Un second grand vin après le Mas Jullien. Dommage que désormais les vins de Kenjiro Kagami atteignent des prix invraisemblables.
Domaine des Miroirs Kenjiro Kagami Sonorité du vent 2014

HERBEY 99 écrit: Mas Jullien Coteaux du Languedoc 2000
Le vin est un condensé de ce qui fait le grand vin n'en déplaise à certains,

Pas assez cher mon fils!

Tant mieux pour les amateurs !! Olivier Jullien à qui j'ai commencé à acheter du vin au tout début des années 90 a placé son ambition dans le vin pas dans le prix. Il y en a d'autres ( je songe particulièrement à Jean Marie Raveneau ) .

Franchement, c'est quand même très bien comme ça. Ce qui m'interpelle le plus chez Olivier Jullien, c'est cette volonté de toujours tout remettre en question. c'est un truc qui me parle parce que je sais que c'est difficile. C'est une preuve de modestie, d'abnégation, je trouve ça admirable.

Je suis totalement d'accord et si je m'en suis détourné, c'est sans doute parce que j'ai jugé à un moment donné de l'évolution du style que peut être je ne pouvais pas comprendre. Sans doute aussi l'espace temps me manquait : je m'en veux aujourd'hui de ces jugements hâtifs. Et après tout quand on cherche, est-ce si grave de se tromper de route ? L'important est de chercher et de ne jamais penser que l'on est arrivé et Olivier Jullien est bien dans cette façon de voir le vin : ensuite, grand ou pas grand : il n'y a que le moment qui est grand ou ne l'est pas et celui qui boit le vin participe aussi à et de ce moment.

Je ne sais pas si vous l'avez lu, mais je vous conseille "la mécanique des vins" , un livre-entretien où Laure Gasparotto interroge Olivier Jullien. Je l'avais lu lors d'un WE chez une amie toulousaine (où j'avais rencontré la BAC) et j'avais été impressionné par la profondeur de pensée du vigneron. Quelques jours plus tard, J'en ai fait envoyer un exemplaire à Jean-Michel Comme, car je me suis dit qu'il se reconnaîtrait dans la démarche d'Olivier Jullien. Et effectivement, ça lui a beaucoup plu !

Eric B écrit: Je ne sais pas si vous l'avez lu, mais je vous conseille "la mécanique des vins" , un livre-entretien où Laure Gasparotto interroge Olivier Jullien. Je l'avais lu lors d'un WE chez une amie toulousaine (où j'avais rencontré la BAC) et j'avais été impressionné par la profondeur de pensée du vigneron. Quelques jours plus tard, J'en ai fait envoyer un exemplaire à Jean-Michel Comme, car je me suis dit qu'il se reconnaîtrait dans la démarche d'Olivier Jullien. Et effectivement, ça lui a beaucoup plu !

Effectivement un livre très intéressant et facile à lire qui explique bien les origines du domaine ainsi que la philosophie d’Olivier Jullien, notamment pourquoi il a si souvent changé ses vins alors que le succès était assuré.

Des vignerons que je connais un peu c'est celui qui avec Xavier Caillard a le plus d'ambition "artistique " pour le vin qu'il fait. Cela dans un climat d'inquiète ferveur. On peut en sourire voire les moquer, personnellement ça me touche....

Bonsoir à toutes et à tous
Ce midi match retour du magnifique repas à Paris quelques jours avant le confinement.
On prend les mêmes et on recommence. Cette fois nous sommes quatre puisque ma chère et tendre nous a rejoint.

Le chef qui sait les apports de chacun a concocté un menu "especiallement " pour nous.

On commence par quelques amuse bouche dont je retiens une huître préparée à la japonaise si j'en crois le boss. L'huître est crue mais accompagnée d'une sauce savoureuse avec soja et épices. Moi qui n'aime plus les huîtres je me suis régalé
Dans nos verres est servi le premier vin. Un champagne vineux à l'énergie incroyable. J'annonce Chardonnay et Selosse car j'ai le souvenir de ce vin chez l'ami JP à la Charité. Bingo. Il y a de très belles notes oxydatives et la longueur est appréciable. L'air lui fait un bien fou et le dernier verre est le meilleur comme malheureusement souvent !!
Champagne Selosse "Version Originale" (dégorgement en avril 2019)




On continue sur le deuxième vin qui va accompagner à la suite du Champagne le tourteau de Roscoff accompagné d'un velouté glacé de courgette violon (ne me demandez pas je ne sais pas ce qu'est une courgette violon !! ).
La robe est d'un beau doré mais malheureusement un petit nez liégeux vient tempérer notre enthousiasme. Le vin est séveux profond avec des notes de mousseron et de pralin. La longueur impressionne mais put.... de satané bouchon !!
Chablis premier cru La Forest 1986 Domaine René et Vincent Dauvissat
Il s'agit de:



On continue avec le Chablis avec un risotto de langues et vieux comté et truffe d'été. Ce plat est à se damner.
Le plat suivant est excellent également même si moins surprenant, homard breton , girolles et pommes de l'île de Ré.

Les rouges arrivent pour escorter le pigeonneau de Bresse.
Le premier est discuté. L'ami Stéphane part dans le sud en annonçant un beau grenache. Fred annonce Bourgogne et même le domaine. L'est fort le mec puisqu'il a raison. Reste le millésime et Stéphane dit millésime chaud.
On a un vin complet long et dense sur des arômes à peine évolués. La bouche est dense et tel qu'il se présente on peut espérer encore de très nombreuses années devant lui. Il s'agit de :
Domaine Michel Bonnefond Ruchottes Chambertin 1997 (vignes appartenant à Michel B et exploitées par le domaine Roumier, 2/3 des bouteilles sont habillées comme sur la photographie)




Le dernier vin est sans doute celui qui m'a le plus ébloui. Il présente un nez d'une pureté et d'une complexité d'école. La bouche est de taffetas et la longueur impressionne encore davantage. Je pars sur Rhône Nord et annonce 1990 en précisant même St Joseph pensant à la fameuse cuvée vignes des hospices de Jean-Louis Grippat. Nein !!
Cornas "les Reynards" 1990 domaine Thierry Allemand



Arrivent ensuite les fromages sur un plateau qui a pu laisser pantois maestro Didon et également les desserts mais malheureusement je suis bien saturé !!!

Bonne soirée

R