Nous nous sommes retrouvés [le 4 juin 2018, ndmm] avec notre petit groupe habituel pour une soirée consacrée malbec. Tous les vins ont été goûtés à l’aveugle, servis en mangeant à notre habitude, pour autant que je sache sans trop de préparation sauf une mise au frigo d’urgence au vu de la température ambiante.
Mas del Périé, La Roque, Cahors 2017
La robe est violacée, assez foncée mais pas impénétrable. Au nez on a immédiatement un beau fruit frais (cerise burlat principalement), un côté floral qui me fait penser au 100 visages de Mérieau (bon, en même temps c’est une de mes rares références en côt…)
La bouche est à la fois très gourmande mais recèle une puissance indéniable : comme un souffle d’acidité caillouteuse (avec une fine fraicheur / amertume tanique, un peu de chaleur alcoolique un peu aussi ?) qui sous-tend un ensemble pourtant bien rond et juteux. Au niveau aromatique on reste sur le cocktail du nez, un léger côté poivré et mentholé apporté par la fraicheur de la bouche en plus. Jolie persistance sur la peau de raisin / cerise.
On sent que le vin est un peu chaud et qu’il bénéficierait d’une température un peu plus fraiche, mais il n’en souffre pas vraiment et c’est déjà très bien comme ça !
Remarque a posteriori, j’ai été frappé par l’accessibilité de ce vin (moins d’un an après la vendange, donc à peine mise en bouteille j’imagine) alors que j'avais de fortes craintes en achetant la bouteille à l'arrache à l'heure même où j'étais attendu à MalaCôtff !
Domaine Minchin, Franc du Côt Lié, Touraine 2014
En fait un assemblage avec du cabernet franc (30% a priori ?).
La robe est plus sombre, mais toujours sur une couleur violacée pleine de jeunesse.
Des arômes boisés (je ne sais pas comment le vin est élevé ceci dit) sautent au nez immédiatement par contraste avec le vin précédent, ainsi que des arômes « sous-boisés » (champignon, humus) à l’aération. Il y a un fond de fruit noir aussi mais ce n’est pas ce qui domine l’impression.
C’est assez rond, avec une fraicheur en attaque et des tanins un peu plus présents que précédemment mais qui restent légers. Une certaine amplitude mais finit un peu court. Comme au nez, fruits noirs, sous-bois, boisé, voire un peu d’olive ? L’impression que le tout peut se fondre, s’arrondir un peu.
Jean-François Mérieau, Gueule du Boa, Touraine 2014
On reste sur une robe assez foncée et violacée. Le nez est « touffu » (on ressent comme une « densité » olfactile), surtout marqué par une délicieuse odeur de baies noires sauvages (sureau ? Voire mûre sauvage). Une impression de « nature » aussi, un léger arôme animal en toile de fond, complexifie le bouquet sans le rendre désagréable.
La bouche est surtout extrêmement mentholée, de bout en bout, avec une belle allonge, puissante, droite. Cela manque un peu d’ouverture aromatique cependant (à ce moment !)
Plus tard (donc pas pris en compte dans nos classements), le nez révèle une enivrante odeur de poudre. Ça ne paraît pas très agréable dit comme ça, mais c’était au contraire quasi-impossible de détacher son nez du verre (peut-être parce qu’il n’y avait pas que ça mais un fond fruité / floral derrière aussi) ; et une fois le nez détaché, on retrouvait cette fraicheur mentholée de fou, avec cette fois plus de gourmandise aromatique pour l’enrober : super !
Alpamanta, Natal « Malbec », Argentine, Mendoza 2014
On quitte pour une fois le violet pour aller vers une robe plus rougeoyante, toujours sombre.
Le nez est assez discret mais les effluves qu’on arrive à accrocher sont très engageantes : c’est terreux, un peu fumé, avec un fond de prune noire.
La bouche est pleine, ronde, avec une belle matière suave et épicée à la fois, voire saline dès le milieu de bouche. Il y a de la fraicheur certes, mais au bout de quelques gorgées les tanins prennent un peu la bouche tout de même. L’aromatique rappelle celle du nez, malheureusement aussi par une certaine discrétion, avec une petite note de tabac supplémentaire.
Un vin qui laisse une impression ambivalente : à la fois on sent que c’est bon, on le sait, on aime, et puis d’un coup on n’est plus tout à fait certain… Bon, je l’ai classé 2nd tout de même !
Château du Cèdre, Cahors 2014
On revient à la robe standard de la soirée, sombre et violette. Le nez est d’abord bien boisé, puis révèle des odeurs de sous-bois à l’aération.
En bouche, on sent une matière ronde, boisée, assez veloutée, des tanins tout de même mais plutôt bien fondus… mais c’est comme une enveloppe, une coque un peu creuse, le vin semble manquer de profondeur à ce stade. C’est bon cependant, dans un style plus « boisé conventionnel ».
Les ordres de préférence du soir (biaisés, il me manque celui d’un convive malheureusement, je sais juste qu’il faut rajouter une première place pour La Roque).
En conclusion, une bien belle soirée où tous les vins étaient au moins bons voire très bons. Il est intéressant de noter qu’en termes gustatifs je rapprocherais plus le Mas del Périé du Mérieau, et le Minchin du Cèdre :
prévalence de l’homme sur le terroir ?
J'étais très content en tous cas de survoler ces différents styles, ça donne envie de pousser un peu sur les côtoïdes !
Joseph