Bonsoir,
Chaque année, un ami et moi organisons un dîner pour 8 personnes dans les cuisines de Benoît Violier (3 étoiles à Crissier, Suisse) autour d'un menu tout chasse. Il faut dire que Violier est probablement LE chef de la chasse. La chasse est sa passion et il vous trouve des bestioles inhabituelles.
Mon ami s'occupe de la partie solide, moi de la partie liquide.
Cette année, j'ai décidé de saisir cette opportunité pour goûter un certain nombre de Bourgognes rouges 1978, ne serait-ce que pour voir si je devais me dépêcher de boire certaines bouteilles, si je pouvais encore attendre ou s'il était trop tard. J'ai prévenu nos convives que c'était un dîner à hauts risques, vu l'âge des bouteilles. Toutes les bouteilles amenées ayant été achetées par mon père et moi-même en 1980 directement aux domaines et stockées dans l'excellente cave de mes parents. J'avais demandé au sommelier de ne rien carafer, sauf La Tâche.
Avec les amuse-bouche nous avons attaqué par Salon Le Mesnil en magnum 1999. Ce qui m'a frappé dans ce champagne vineux à souhait, c'est l'extrême finesse des bulles Et puis, une pointe d'évolution en bouche qui m'a moyennement plu. Nous avions pris le même champagne l'année passée et il m'avait semblé plus vif.
Sur la suite, je n'ai pas pris de notes. De toutes façons, je ne suis pas le champion de la découverte des 53 arômes que les grands palais vont déceler, mais franchement, mon plaisir n'est pas là. Chacun son truc. J'espère cependant que ce CR donnera quelques indications utiles à ceux des LPViens qui auraient encore un certain nombre de Bourgognes rouges 1978 en cave. Je ne me suis pas non plus attardé sur les accords mets/vins, mais je peux vous dire que tous les mariages étaient réussis.
* Entrée. Eterlou des Alpes (un chevreuil de 2 années) sur un toast légèrement truffé. Vosne-Romanée Malconsorts Lamarche 1978.
En commençant par le VR Malconsorts, je jouais un peu la sécurité car j'en avais ouvert une autre bouteille il y a un mois et demi et elle avait dominé les débats par son extrême finesse et élégance.
Epaule un peu basse. Un nez envoûtant de complexité sur des arômes bien entendu tertiaires. Une couleur tuilée sur les bords mais encore d'un beau rouge au centre. Superbe attaque en douceur avec une certaine longueur, mais pas très puissante. Bref, un vin à son apogée qui avait dominé quelques grands crus du même millésime il y a un mois et demie.
* 1er plat: Lapin de garenne et sa vinaigrette, rémoulade aux pommes Mairac. Petite entorse au concept de la soirée, La Tâche 97 (carafé 2 heures).
Superbe couleur rubis profond. Nez extrêmement fermé. Fermé en bouche également. Bref, une erreur. Nous l'avons repris en fin de repas et c'était déjà bien mieux. Mais quand même un infanticide.
* 2ème plat: Blanquette de Mouflonne des Alpilles aux truffes blanches d'Alba. Grands-Echezeaux Lamarche 1978.
Couleur plus soutenue que le Malconsorts. Nez sur un mélange d'arômes tertiaires avec quelques notes fruitées. Là encore, belle attaque en douceur avec un développement en bouche très harmonieux et une belle longueur. Superbe rétro-olfaction.
* 3ème plat: Bécasse des bois en salmis. Clos Saint-Denis Georges Lignier 1978.
LE vin de la soirée à la quasi unanimité des convives. Pourtant robe tuilée, un peu terne. Nez sur les arômes tertiaires, un peu moins complexe que les 2 Lamarche. Par contre en bouche, après une belle attaque, c'est vraiment l'explosion des arômes qui vous tapissent tout le palais, avec une belle longueur, sans excès de puissance cependant. Le tout porté par un superbe velouté.
* 4ème plat: Râble de lièvre poêlé à la marjolaine, fusilli aux bolets bouchons. Chambertin Trapet 1978.
L'année passé, ce vin avait été remarquable sur le mouflon. Cette année, il me semble un ton en-dessous. La couleur est belle, encore assez soutenue, et le nez agréable. C'est la fin de bouche un peu courte, même si elle est plaisante, qui dérange pour un Chambertin. Légèrement décevant pour moi.
* 5ème plat: Noix d'entrecote de Cerf, choux Impala, sauce Diane. Calon-Ségur 1978, histoire de changer. Puis La Grande Rue 1978.
Là encore, mauvaise idée. Le Calon ne passe pas après tous ces Bourgognes délicats. Même bien patiné par les années.
Rectification immédiate avec La Grand Rue 1978, à l'époque où elle n'était encore que 1er cru. Alors là, vin trop jeune. La robe est encore assez profonde, le nez assez fermé (mais pas complètement) et pareil en bouche.
Ceci étant, l'accord avec la puissante sauce Diane était magnifique.
* Fromages, desserts et mignardises sur le reste des bouteilles et sur la fin du magnum de Salon.
Une heure plus tard, Clos Saint-Denis dominait toujours par son ampleur, et le Malconsorts brillait par sa finesse. La Tâche était bien mieux et La Grand Rue s'ouvrait tout doucement. Les Grands-Echezeaux partaient quant à eux sur des arômes de compote de prunes, sur un côté un peu figué. Ces diverses évolutions dans le verre ont été l'un des aspects intéressants de cette soirée.
Moralité: tous les bouchons (d'origine) étaient parfaits et aucun vin n'était passé. Même le Chambertin qui était un peu en-dessous était quand même très agréable. J'avais amené d'autres bouteilles de Bourgogne rouge 1978, elle sont reparties avec moi.
1978 est bien une très grande année de Bourgogne. Le seul vin qui me fait souci est donc le Chambertin Trapet car j'en ai encore quelques bouteilles. A reboire bientôt pour voir si ce 'était pas une mauvaise bouteille, toutes les précédentes ayant été magnifiques.
Cordialement.
FPG