Vendredi 13 au Gunthard Horror Wine Show
Tous les LPViens de cercles de dégustations occultes ont un jour connu ce moment cauchemardesque où s'enchainent les grimaces, rictus de douleur, énervements de déception et cris de souffrance face aux gadins qui s'accumulent.
Déjà qu'arriver à réunir tout le monde, entre les papa-papous noyés dans les couches, les agendas ministériels de robot COP ou les Gnafrons exilés provinciaux tient de l'exploit sur le papier... Alors quand notre Santa semble transporté par de mauvaises énergies (un comble!) et que notre bondissant Flo se retrouve noyé sous les Bibs en série, on aurait dû se dire que ça démarrait douteux, notre affaire !
Les langues mauvaises et fourchues diront qu'on était sûrement en jour Pissenlit, de ceux qu'on bouffe par la racine.
C'est dans ces moments que l'amitié prend tout son sens car quand les vins déçoivent, il reste toujours la rigolade et le plaisir d'être ensemble à ceux qui ont compris que la valeur des copains compte plus pour ce qu'ils sont vraiment que leur seule capacité d'apporteur en liquide.
Enfilez vos gousses d'ail ! Sortez vos crucifix !
Le sang du Christ est servi.
Prêts à la souffraaaaaaaance, amis Gunthards ?
Domaine André Bonhomme, Viré-Clessé, Cuvée Spéciale, 2016
Robe jaune très claire à peine teintée.
Nez ultra ouvert, un peu trop opulent à mon goût, sur de belles et puissantes notes florales et d’agrumes presque entêtantes sans élevage masquant.
Attaque de bouche riche, avec un volume tapissant bien tranché par une acidité présente.
Le vin déroule sa jolie aromatique florale jusque dans une finale efficace qui se resserre autour d’une petite amertume.
Bien à très bien.
Champagne Philiponnat, Clos des Goisses LV, 2000
Dégorgé en février 2017, dosage 4.5g/l
Robe nettement dorée.
Nez complexe qui signe le vin d’un certain âge, sur l’écorce d’orange séchée, le lait d’amande, la pomme reinette bien mûre et des notes épicées.
Belle attaque puissante, avec une matière ample avec beaucoup de fond, donnant une impression de puissance bien maîtrisée par une acidité enrobée qui relance l’ensemle.
La bulle est crémeuse et assez peu présente et s’éteint dans une finale longue et étirée par une très belle amertume.
Très bien.
Weingut Jakob Schneider, Niederhäuser Hermannshöhle Riesling trocken, Magnus, 2016
AP 7 750 052 47 17
Robe à peine teintée d’un léger gris vert.
Superbe nez pur et ouvert, à la fois causant et sans excès d’opulence, sur la mandarine, le citron vert, une pointe minérale pas du tout pétrolée toutefois.
La bouche est beaucoup plus fermée, ultra tendue par sa construction cristalline autour d’une acidité serrée et de légers amers et qui laisse une certaine impression d’austérité en l’état.
Finale ultra salivante mais qui manque un peu de charme aromatique.
Très bien pour moi mais à réserver en l’état aux amateurs de vins tranchants.
Euh, salivant, le machin !
Domaine Vacheron, Sancerre, Les Romains, 2005
Robe jaune dorée.
Nez très évoluée, sur le tabac, le torréfié, des notes lactées qui laissent craindre une certaine fatigue.
Confirmation de l’oxydation en bouche qui manque de tout, volume, chair, relance pour compenser une acidité âcre assez désagréable.
Finale décharnée et amère.
Aucun plaisir possible.
Domaine Vincent Dauvissat, Chablis 1er cru La Forest, 2008
Robe vieil or.
Nez totalement oxydé, sur le beurre rance et la noix.
Bouche creuse et amère, flinguée jusqu’à l’os.
Grrrr !
Gniark, gniark, gniark !
Epouse-moi, chéri ! Avec le voile, je deviens belle !
Clos Lapeyre, Jurançon sec, Mantoulan, 2008
Robe dorée.
Nez discret, serrée, sans grande expressivité sinon quelques senteurs de zeste d’orange.
Bouche à l’attaque ultra tendue autour d’une acidité saillante mais pas agressive.
Le vin déroule une structure un peu linéaire autour de son côté pointu et manque de développement aromatique pour apporter une réelle complexité.
Finale mordante et salivante mais pas emballante pour autant.
Trop tard ?
Domaine Marie-Thérèse Chappaz, Grain Gamay, 2011
Robe violacée assez profonde.
Nez léger, sur les fruits noirs et un petit côté « pinard de comptoir » peu attirant.
Bouche terriblement végétale et râpeuse, sans volume ni chair.
Finale rébarbative d’une verdeur redoutable.
Aïe !
Domaine Henri Germain & Fils, Beaune Bressandes 1er cru, 2006
Robe claire, sur un rubis légèrement orangé.
Très joli nez de pinot, délicat et gourmand, sur les petits fruits rouges enrobé d’un léger végétal élégant, sur la cendre froide.
Bouche fine, sur une texture veloutée en attaque qui manque peut-être un peu de fond pour développer plus de présence et d’ampleur sur le palais mais qui offre néanmoins du plaisir par son équilibre et sa précision aromatique.
Finale souple aux tanins fondus, agréable sans être interminable et un peu abimé par une petite amertume.
C’est bon quand même !
Domaine Simon Bize & Fils, Savigny-Les-Beaune 1er cru Les Talmettes, 2009
Robe sombre, sur un grenat qui tire sur le violet.
Nez comprimé, très peu expressif et qu’il faudra remuer fortement pour libérer de minces notes de fruits noirs et de poivre vert dans le verre.
Bouche puissante mais pas en place, sur une structure acide très présente mais dissociée d’une matière concentrée dont la densité n’est pas du tout fondu, livrant un vin puissant et carré assez difficile à lire.
Finale serrée et impactante, à l’amertume assez forte.
J’ai pensé à une syrah Rhône nord…
A attendre impérativement.
Domaine Valdenaire, AGC* Jardin des Vosges, Clos du Ménil, 2015
Robe cristalline, sur un délicat jaune paille aux reflets verts.
Nez agréable et net, sur le citron vert et d’étonnantes senteurs mentholées qui évoquent le parfum chlorophylle qu’on trouve dans les chewing-gum.
Bouche sans défaut mais… redoutable d’acidité (j’ai cru qu’on allait perdre notre Gui !), à faire passer un citron jaune pour un loukoum, citrique à souhait et qui laisse la bouche sèche pendant de longues secondes.
Mais force est de constater qu’on a croisé pire ce soir !
Donc l’histoire Guntharde retiendra qu’un certain vendredi de l’an de Grâce 2018, notre Mathieu a mis la raclée à un Dauvissat !
*Appellation Gunthard Contrôlée
Clos Ménil, Clos Rougeot, Clos Velicane...
On va bientôt pouvoir lancer une thématique Vins LPViens !
Parce que je le Vosges bien !
La Galotière, Cidre du pays d'Auge, cuvée Prestige
Robe bronze ambrée.
Nez très marquée par les bretts, sur le sparadrap, le cuir et qui enrobent de senteurs très fruitées, sur la confiture d’abricot, la gelée de pomme.
Attaque en bouche sucrée, sur une sensation de douceur un peu trop présente et qui prend le pas sur une matière puissante et presque tannique avec un petit côté rapeux qui rafraichit l’ensemble.
Mais la finale est un peu trop sucrailleuse pour me convaincre totalement.
Domaine Meyer-Fonné, Alsace riesling Grand Cru Wineck Schlossberg, Le Samson, 2008
Robe sur un beau doré brillant.
Joli nez toute en élégance et en précision, sur des notes de praliné, de confiture d’orange, de menthe et de fines senteurs minérales.
Bouche assez délicate, sur une sucrosité légère de VT légère et qui s’enroule dans une matière sans grande intensité pour livrer un équilibre tendre pas très puissant mais très agréable de fraicheur et de buvabilité.
Finale efficace, pas énorme de persistance mais qui appelle la soif.
Très bien.
Force est de reconnaître que si, sur les vins, on a connu soirée moins effrayante, niveau tortore, le chef Denaire est toujours aussi doué,
sortant des plats magnifiques
de précision comme de beauté avec la coolitude absolue qui le caractérise !
Un grand merci à Maëllis et Mathieu pour cette soirée superbe prolongée loin dans le matin et qui prouve qu'on peut passer un beau moment même quand les vins nous jouent l'auberge rouge du cul tourné.
Bises sanglantes à tous,
A très vite,
Oliv