Au piano, il met le paquet, Denaire !
Sur LPV, il y a du cador !
On a tous dans nos connaissances proches un dégustateur régionaliste, ce genre de spécialiste vinogeeké qui arpente sa région de prédilection tous les week end au point de pouvoir vous raconter la différence entre le terroir schisteux à droite sous le Clos de la Mère Cédesse, le comparer au granit en bas à gauche du 1er cru du Père Mafrost comme vous repérer à 10 mètres à l'heure du casse croûte l'apparition d'une cicadelle sur une feuille de vigne au printemps et aller même jusqu'à vous décliner l'identité secrète du modèle de caleçon préféré de son vigneron favori !
Y'a aussi les pointus des fourneaux, ces chefs officieux qui vous déclinent à l'infini des assiettes qu'on mettrait bien sous cadre tellement elles vous irradient les pupilles et vous retournent les papilles !
Je ne donnerai pas les noms des Golgoths de la pile, ces amateurs mordus au tavco dont la nature acheteuse a horreur du vide en cave au point que leurs achats feraient rougir la majorité des cavistes !
Pis y'a le Denaire ! ()
Ce p'tit gars là, c'est la synthèse ultime entre des neurones qui fonctionnent à la vitesse de la lumière, un humour affuté au laser et un palais étalonné au Bureau des Poids et Mesures.
Il a débarqué un jour de session Gunthard avec la dégaine sage, sereine et décontractée du type à tête bien faite qu'a rien à prouver mais tout à offrir !
A ses débuts assis en bout de rang, dans le virage réservé aux bizuts, nous l'avons vu petit à petit gagner ses galons de titulaire à coups de saillies drolatiques, d'apports éclectiques et de dérapages remarquablement contrôlés comme le GC les apprécie tant.
Donc quand le Mathieu nous balance une petit invit' du samedi soir façon "un petit repas peinard, sans chichi, mains dans les poches, ça vous tente ?", on aurait dû se méfier...
Car vous allez voir qu'il a mis l'paquet, Denaire... -D
A taaaaaaable !
Oliv
Domaine Rolet, Crémant du Jura, 2007
Toast à la tapenade et tarama
La robe est pâle et le train de bulles important.
Le nez au repos est un peu chahuté, sur des notes désagréables de fin de soirée difficile chez les PACA... >
<
A l'aération, des notes florales apparaissent.
La bouche m'a semblé déséquilibrée, sur un dosage important qui peine à compenser une matière de demi corps.
Le résultat proposé est plutôt aigre doux et ne me convainc pas vraiment.
A revoir sur une autre bouteille (
pour les noces d'étain de Mathieu ? )
Domaine Gérard Boulay, Sancerre, Comtesse, 2007
Huitres Gillardeau n°3 & Fruit de la Passion
La robe est peu teintée, sur un joli jaune paille.
Le nez est évident, très puissamment marqué par des notes de citron vert, presque de citronnelle.
Ça parle pointu et incisif !
La bouche prend une tournure un peu plus large et offre un volume important, à la limite de l'imposant avec des goûts d'agrumes et de pierre frottée.
La matière est ample, d'une grande maturité et si le vin ne manque pas d'acidité, ce sont des amers de grandes qualités qui permettent à la finale d'éviter l'écueil de la sucrosité et de s'étirer en longueur.
Très beau vin, que j'ai pris pour un riesling !
Alors que moi, je l'aime bien, ce joli petit mollusque, lui, ne m'aime pas...
Donc par amitié pour les copains et afin de ne pas les éclabousser de mon talent d'acteur sans marraine en rejouant la scène du trône d'Haut Le Coeur à Oléron, je passe la bête aux copains et leur laisse donc la main pour vous narrer l'accord !
Domaine Meyer Fonné, Riesling, Pfoeller, 2007
Blanc de seiche grillé au beurre de combava, salade d'agrumes, roquette et cresson
La robe est sur un léger doré.
Le nez est d'une grande élégance, fin, sur un compromis entre des notes minérales légères (pétrole, pierre humide) et de fruits exotiques.
La bouche est superbe, sur un impeccable équilibre entre une belle matière concentrée sans excès et une fine acidité bien intégrée.
L'ensemble produit est aérien, léger, guilleret et sacrément agréable à boire.
La finale longue, nette et fraiche, sur de fins amers vous crie : "reprends-en !"
Très belle bouteille dont j'ai apprécié la franchise et la modestie remarquablement bien assumée !
L'accord avec le plat est monumental !
La finesse et légèreté du vin, que ce soit dans sa structure cristalline comme dans sa netteté aromatique répondent idéalement au caractère fondant de la seiche, ses saveurs exotiques jouant un mano à mano de premier ordre avec la salade d'agrumes et avec le combawa !
Un grand moment de plaisir !
***
Le chef Denaire commence son festival !
***
Domaine Guy Amiot, Chassagne Montrachet 1er Cru Les Chaumées, 2008
Saumon mi cuit, sauce soja, sésame et chou de Bruxelles
La robe est assez peu teintée, sur le jaune paille.
Le nez est marqué par un élevage insistant dont les senteurs fumées lactées masquent un bel ensemble floral.
La bouche confirme cette impression où un bel équilibre matière/acidité me semble vampirisé par cet élevage prégnant, dominant en l'état.
La finale s'ouvre sur des notes presque douceâtres.
Un vin qui ne m'a pas convenu en l'état.
La matière est belle donc l'ensemble peut peut-être se fondre.
A revoir car pas à mon goût actuellement.
Le saumon est cuit à basse température et fond littéralement dans la bouche.
Les notes grillées du sésame complexifient la sauce à base de soja pendant que le chou de bruxelles croquant apporte de la fraicheur.
L'assiette disparait à la vitesse de la lumière !
Un plat délicieux !
Domaine Hatzidakis, Santorin, Pyrgos, 2004
St Jacques nacrée, topinambour et potimarron, sauce crémée et amandes
La robe hésite entre le vieil or et le bronze.
Le nez est puissant, complexe, évolutif. Il passe de notes fumées, de fruits secs, de citron confit à des senteurs plus oxydatives, sur le cuir avec un passage au repos par des notes moins maitrisées de cidre bouché.
La bouche est énorme, sur un équilibre incroyable entre une matière assez gigantesque, aussi large que profonde, sur un toucher glycériné et une perception de concentration littéralement impactante.
L'ensemble pourrait être impossible à boire si n'était la présence d'une acidité dantesque qui réussit l'exploit de dégraisser ce mammouth.
Le vin est d'une grande puissance, avec des amers présents qui structurent une charge alcoolique importante.
La finale est d'une grande persistance et exige le plat pour ne pas verser dans l'excès.
Un vin impressionnant, même pour les palais pas de fillette !
Si le vin est presque trop puissant pour la finesse de la St Jacques, il s'accorde fantastiquement bien avec le potimarron et peut être plus encore avec les notes de fond d'artichaut du topinambour comme avec les amandes !
L'ensemble devient alors littéralement fusionnel et permet au vin de trouver un point d'équilibre que j'ai trouvé remarquable.
Un nouveau grand moment ! Bravo Mathieu !
***
Le Santa et Legui sont intenables !
***
Clos Rougeard, Saumur Champigny, Les Poyeux, 2004
Joues de boeuf confites, sauce vin rouge, rattes du Touquet.
La robe est sur un bordeaux assez clair.
Le nez est strict, sur les fruits noirs, la fourrure, une note végétale et épicée.
La bouche attaque sur un bel équilibre entre une matière élégante, presque suave et une acidité rafraichissante.
La douceur perçue est malheureusement un peu chahutée en milieu de bouche par une pointe végétale qui durcit le vin.
La finale confirme cette dureté en séchant un peu.
Un bon vin mais pas de coup de cœur car un peu austère en l'état.
La sauce au vin est diaboliquement gourmande et la joue fond sous la langue.
Pas besoin de changer les assiettes, elles sont comme neuves !
Je fais un gros effort pour pas réclamer du rab' !
On n'insistera jamais assez sur la qualité de ces plats d'hiver, en particulier leur capacité à mettre les vins en valeur !
Domaine de la Grange des Pères, 2007
Magret de Canard, girolles, olives noires et fenouil confit, sauce au vin, réglisse et jus d'orange
La robe est sombre et jeune, sur des notes presque bleutées.
Le nez est marquée par des notes sanguines et de viande crue puis des senteurs lactées qui m'évoquent le yaourt et qui masquent un joli fruité (fraise).
La bouche vire sur le noir, notamment sur d'évidentes notes de violette.
Le vin est suave presque doux ce qui, malgré une évidente qualité de tanins et d'extraction, l'alourdit et le banalise.
Cette perception de sucrosité (impression de sucer un bonbon à la violette) a pour effet de plomber la finale en saturant le palais.
Le vin est bon mais monolithique, sans complexité.
Grand étonnement et déception à la tombée de la chaussette.
Là encore, Mathieu nous sort un plat d'une évidence gourmande absolument remarquable.
La cuisson du canard est parfaite et le duo hachis d'olives noires et notes tertiaires des girolles apportent une complexité de goûts géniale !
Un plat encore une fois brillant, à retenir pour de beaux accords potentiel avec les vins de Syrah (avis personnel) !
Lucien Aviet & Fils, Arbois, Vin Jaune, 2003
Comté 24 mois, Mimolette vieille, Parmesan, Morbier
La robe est sur le vieil or.
Le nez est puissant, sur des notes de curry, de peau d'orange séchée, de cuir et de résine.
La bouche est construite autour d'une grande acidité qui étire le vin et fait saliver.
L'aromatique est d'une grande complexité, sur des notes très épicées qui s'accordent très bien avec les fromages.
La finale est très longue et claque sur le palais.
Un très beau vin, jouant plutôt dans un registre puissant.
Vin de sureau
La robe est très claire, presque pas teintée.
Le nez est évident, entêtant, sur des senteurs de raisin frais, de réglisse, on est à la limite de l'eau de Cologne !
La bouche confirme cette impression par des goûts rococos qui partent dans tous les sens, de la violette au bâton de réglisse en passant par d'évidentes notes végétales.
La sucrosité est aussi massive que la finale est chaleureuse.
Un vin trop parfumé et à la bouche doucereuse qui en met plein le nez comme la bouche mais que je trouve au final un peu écœurant.
Un Muscat ?
Raté, c'est un vin maison élaboré à partir de fleurs de sureau !
Il est fort, ce Mathieu ! -D
Weingut Karl Erbes, Ürziger Würzgarten, Riesling Auslese ***, 1996
Rosace de mangue, pamplemousse et fruit de la passion
La robe est sur un joli doré.
Le nez est élégant, assez discret, sur des notes de pierres frottées, de fruits exotiques avec une pointe naphtée presque mentholée.
La bouche est superbe d'équilibre !
Le vin est construit sur une liqueur au beau volume qu'une superbe acidité étire.
L'ensemble produit est superbe d'énergie et offre de délicieux goûts de crème au beurre et de menthe poivrée.
La finale est longue et s'accorde remarquablement bien avec le goût de la mangue et les amers du pamplemousse.
Très beau vin, délicieux et aérien !
***
Allez, zou, au lit.
Demain, y'a école !
Mazette, le lendemain d'un repas pareil, construit autour d'une cuisine superbe et d'accords brillants dans une atmosphère génialement décontractée et si agréablement amicale, quand faut choper une queue de poêle pour préparer le repas dominical, je vous jure que ça complexe !
Un énorme merci à Maëllis et Mathieu pour leur accueil généreux et simple comme à mes acolytes frénétiques pour cette mémorable soirée.
Une de plus !
A très vite à tous,
Oliv