Chers amis, je prendrai le temps de répondre à chacun
Je reconnais à Agitateur la qualité de stimulation de controverse
Je concède effectivement être léger sur la partie stress oxydatifs/consommation des polyphénols, et je dois revoir et relire ma biblio sur la biosynthèse et évolution des polyphénols au cours de la phase végétative. Merci Agitateur.
J'avais croisé mes données avec les publications de Bernard Fritig (en son temps Dr IBMP/CNRS à Strasbourg) où une des voies de défense naturelle, (démontré dans son labo) lorsqu'elle est sollicitée, consiste à "réveiller" les polyphénols "dormants" de la cellule végétale - ils sont liés à des sucres -. Et donc on a une glucosidase (comme en oeno
)) qui vient les libérer les polyphénols de leur partie sucre pour les rendre actifs et devenir toxiques vis-à-vis d'un agresseur pathogène, ou bien jouer un rôle de tampon à l'oxydation... bref...
Mais le format de style un peu pervers narcissique d'Agitateur, genre nobellisable frusté, me dérange un peu, c'est pas grave, ça stimule la controverse et c'est bien ainsi. Il n'y a qu'à LPV qu'on est bousculé ;o)
Excusez-moi Monsieur Essa, pour ma réponse péremptoire, effectivement. Les liens et jugements sur l'ésotérisme, le charlatanisme, j'avoue que ça me saoule et ça ferme le débat. Qui a le monopole de la science ?
En attendant de répondre précisément au gloubiboulga d'Agitateur (Je pense par exemple au glutathion endogène/cuivre contact à la vigne)...
Sachez que des essais système sont en cours. D'autres vont arriver avec des financements européens.
Essai système veut dire qu'on prend en compte tout l'environnement agronomique à l'échelle du système cultural.
L'idée est donc de classer toutes les pratiques de fertilisation/tailles, type de taille/travaux et entretiens des sols qui ont un impact réducteur, et toutes les pratiques qui ont un impact oxydatif, bref celles qui économisent les électrons (où les produisent si on a des couverts) et celles qui consomment les électrons.
S'agissant des sols oui cher Agitateur, l'idée est de produire un max d'électrons et de les stocker...
S'agissant de la plante, non vous avez mal lu, l'idée est de ne pas trop s'écarter d'un équilibre rédox idéal, donc de limiter les chocs oxydatifs ou réductifs...
Article nr. 39874 (6323 signes)
Viticulture de conservation des sols
Essai système potentiel RedOx réducteur, sans cuivre, sans soufre
Alain Kuehn, à Kaysersberg, s’est engagé dans la viticulture de conservation des sols. Il ne laboure plus ses vignes, ni même le cavaillon. Ses couverts sont roulés tardivement conformément aux objectifs d’autofertilité. Il repousse également les travaux en vert au maximum, tressera les vignes et a remplacé les fongicides par des approches rédox réductrices et des acides aminés au sol. À ce stade, ça tient…
« Combien de fois ai-je entendu : il va droit dans le mur, ou bien que quand tu as des herbes, c’est que tu ne travailles pas tes vignes. Il est vrai que le regard des voisins n’est pas toujours chose aisée », observe Alain Kuehn, vigneron sur 13 ha autour de Kaysersberg et Sigolsheim, et apporteur total de raisin à la coopérative Bestheim. Il s’est engagé dans la viticulture de conservation des sols. Aujourd’hui, le taux de matière organique de ses vignes avoisine 3,6 %, ce qui traduit le fait que ses sols se sont remis à séquestrer du carbone. Il poursuit sur ce chemin avec « la cellule nationale agronomique » La belle vigne, fondée par Konrad Schreiber, Anton et Angela Sidler. L’objectif est de partager et de développer les pratiques de vitiforesterie, de gestion technique de la couverture des sols, de fertilisation, de taille, et de « supprimer tous les produits phytos (y compris en AB) », est-il inscrit sur le site internet de présentation lbv-france.fr.
Pratiques RedOx réductrices optimales
Très inspiré par les conseils dispensés par les chercheurs, conseillers et conférenciers du groupe Verdeterreproduction - Olivier Husson sur la question du potentiel RedOx, Marc-André Sélosse et Hervé Covès sur les microbiotes - Alain Kuehn a lancé cette année un essai grandeur nature sur 3 parcelles, soit 50 ares de vigne au pied du Mambourg de Sigolsheim. L’idée qui gouverne l’essai est de se placer en conditions RedOx réductrices optimales. C’est un essai de système de culture qui englobe toute la gestion viticole et ne se limite pas aux seuls produits phytosanitaires. Le principe consiste donc à éviter ou, dans la mesure du possible, à limiter toutes les pratiques qui provoquent des stress oxydatifs. « Mon grand-père avait tendance à essuyer les plâtres, je crois que c’est aussi mon tempérament », commente-t-il avec humilité.
Pas de mutilation en vert
Reprenons. Les vignes sont taillées en Poussard de manière à ce que la taille respecte les flux de sève, et que les plaies de taille soient les moins mutilantes possible. Côté sol, les couverts de vignes sont en semis direct de plantes diversifiées, ils sont roulés au rolofaca au stade ligneux pour stimuler l’autofertilité. Et depuis cette année, sous le rang de ligne, Alain Kuehn passe également un rolofaca Boisselet monté sur intercep. Sauf cahier des charges spécifique imposé par la coopérative, les vignes ne sont plus effeuillées ni rognées. Elles seront tressées au-dessus du dernier fil de palissage de manière à éviter que les vrilles s’enroulent sur ce dernier fil. L’idée est ensuite de faciliter la prétaille et surtout la descente des bois l’hiver prochain. Sur le plan physiologique, l’idée d’éviter ou de repousser plus tard dans la saison les tailles en vert vise à limiter la mutilation de la plante. Car les cicatrisations occasionnées par les plaies en vert consomment des substances de défenses naturelles à un moment où la plante en a besoin pour lutter contre l’oïdium et le mildiou. Et en l’occurrence cette année, c’est l’oïdium qui exerce la pression phytosanitaire.
Des fertilisants adaptés, promoteurs de défenses naturelles
La recherche d’un potentiel RedOx réducteur passe également par le choix de fertilisants adaptés et qui évitent les processus oxydatifs. Idéalement, explique Olivier Husson dans ses formations, il s’agit d’éviter les apports nitratés qui créent un choc oxydatif. Alain Kuehn a suivi le conseil de Konrad Schreiber d’opter pour des acides aminés purs. Ils présentent plusieurs avantages : ce sont des promoteurs de PGPR (Plant Growth Promoting Rhizobacteria), c’est-à-dire des rhizobactéries très favorables à la croissance des plantes et à leur phytoprotection. En outre, la fertilisation aux acides aminés présente l’intérêt pour toutes les cultures de shunter des processus métaboliques azotés très gourmands en eau en fournissant à la plante de l’azote assimilable mais organique.
Aucun fongicide
Côté phytosanitaire, les 50 ares de vigne n’ont, à ce stade, reçu aucun fongicide, ni même de cuivre ou de soufre. L’idée est donc d’éviter dans la mesure du possible toute molécule dont l’action fongicide est basée sur la suroxydation. Alain Kuehn ne s’interdit pas ultérieurement d’intervenir plus classiquement, mais il s’agit pour l’heure de rester en cohérence en recherchant la combinaison de processus réducteurs au sol, dans la gestion en vert de la vigne et dans la gestion phytosanitaire. À ce stade, les trois parcelles ne présentent aucune attaque de mildiou et une seule des trois présente quelques pointes d’attaque d’oïdium sur feuille, semble-t-il bien circonscrites par les défenses naturelles.
« J’ai bien sûr commis des erreurs »
Avec Célia Immélé, qui est salariée sur l’exploitation, l’aventure viticole d’Alain Kuehn se poursuit avec passion : « Mais avant d’en arriver là, j’ai bien sûr commis des erreurs : les engrais verts ne permettaient pas la fixation de l’azote et ne m’apportaient pas la biomasse nécessaire pour nourrir le sol. Aujourd’hui, je traite mon couvert interrang comme des cultures à part entière que je conduis jusqu’à leur maturité. Je les laisse monter à graines avant de les détruire au rouleau faca. Nous sommes en vigne haute. Ainsi, 40 à 50 cm de couvert ne gêne pas le travail de la vigne : pied à l’ombre et tête au soleil ! Ces couverts sont constitués d’un mélange de seigle, pois et radis fourragers. Je pense que c’est intéressant, il est possible de mieux faire. En tout état de cause, ils procurent à la vigne une protection solaire et contre le lessivage, tout en favorisant la vie dans les sols. La terre est incontestablement plus souple à marcher et quand on répare les palissages, on n’a plus besoin d’enfonce-pieux.
Hier, les taux de matière organique de certaines parcelles étaient faibles (parfois 1 %). Nous sommes remontés à 3,6 %. »
médias
Tresse vigne
DL
Pour limiter les blessures, la vigne ne sera pas rognée mais tressée.
Taille poussard
DL
La taille poussard est un des aspects pour limiter les stress oxydatifs et la consommation de défenses naturelles.
Boisselet
DL
Sous le rang, les couverts sont également roulés au rolofaca.
Alain Kuehn
DL
Alain Kuehn engagé dans la viticulture de conservation, mène un essai système sur la base de pratiques RédOx réductrices.
Couverts roulés
DL
Les couverts sont roulés sous le rang et sur l'interrang le plus tard possible pour stimuler l'autofertilité.
Oïdium feuille vigne
DL
Quelques impacts d'oïdium sur feuille : la vigne n'a pas encore reçu de cuivre, soufre ou autre fongicide.