Je signales que l'ANSES a publié fin juin son étude EAT2 ( fort attendue )portant sur les toxiques potentiels de l'alimentation, après des centaines de milliers d'analyses et 4 ans d'enquête. Document en 2 parties à télécharger sur le site de l'ANSES. ( en italiques, des extraits de l'étude )
Bien sûr, il y aura bien quelques esprits chagrins pour crier au complot, au lobbying et aux collusions concernant l'étude: c'est plus simple que de lire un document de 2 X 400 pages.
L'étude porte sur les résidus phyto, les additifs, les mycotoxines, les phyto oestrogènes naturels, métaux, polluants organiques divers, et j'en passe.
Concernant les phyto: ( synthèse rapide )
Deux cent quatre-vingt-trois substances ont été recherchées dans 194 des 212 types d’aliments étudiés dans l’EAT2. Deux cent dix (soit 74%) n’ont pas été détectées, soit parce qu’elles ne sont pas présentes dans les aliments analysés, soit parce que les performances analytiques n’ont pas permis de les détecter. Soixante-treize substances ont été détectées dans moins de 1% des 146 000 analyses. Dans la moitié des aliments analysés, au moins une substance a été détectée. Les substances prioritaires les plus fréquemment retrouvées sont le pyrimiphos-méthyl, le chlorpyriphos-méthyl, le chlorpyriphos-éthyl, l’iprodione, le carbendazime et l’imazalil. Ces substances étaient autorisées au niveau communautaire et utilisées en France lors de l’échantillonnage.
Des VTR ont été définies pour 254 de ces substances, qui ont donc pu faire l’objet d’une caractérisation du risque. En l’absence de VTR pour les 29 autres substances, on ne peut conclure quant au risque. Cependant, elles n’ont été détectées ni dans les aliments de l’EAT2 ni dans les plans de surveillance.
Pour 244 substances, le risque peut être écarté pour la population (Tableau 7). Parmi les 10 autres substances, 6 étaient autorisées en Europe et en France au moment de l’échantillonnage.
Une seule substance présente des dépassements de la VTR sous l’hypothèse basse qui minore les teneurs et donc les expositions. Il s’agit du diméthoate, autorisé en tant qu’insecticide pour le traitement des vignes, cultures fruitières et légumières. Ces dépassements de la VTR sont associés à la détection du diméthoate dans des cerises et ne concernent que les forts consommateurs de cerises : le risque ne peut donc être écarté mais doit néanmoins être relativisé au regard de la consommation effective de ce fruit tout au long de l’année.
Pour les 9 autres substances (dithiocarbamates, éthoprophos, carbofuran, diazinon, méthamidophos, disulfoton, dieldrine, endrine et heptachlore), il est impossible de conclure quant au risque en raison de niveaux d’exposition excédant les VTR dans le cas de l’hypothèse haute qui majore les teneurs et donc les expositions.
A ce jour, sur ces 10 substances, seuls le diméthoate, l’éthoprophos et la plupart des dithiocarbamates font encore l’objet d’usages autorisés en Europe. Les limites maximales de résidus (LMR) de toutes ces substances sont en cours de révision par l’Autorité européen de sécurité des aliments (EFSA).
Il est donc recommandé de réaliser des analyses complémentaires, en accord avec de récentes recommandations de l’ANSES (2010) sur les plans de surveillance réglementaires, en abaissant les limites analytiques pour ces 10 substances, afin d’affiner les calculs d’exposition.
Sur les résidus phyto: 170 000 analyses effectuées. C'est quand même plus que pour le premier reportage foireux et sensationnaliste "alerte à la bouffe" destiné à Arté ou à "envoyé spécial". Libre à chacun de juger ce qui est représentatif d'un échantillon statistique et ce qui ne l'est pas.
Concernant les sulfites, sujet qui nous concerne: synthèse là aussi
Cependant, une faible proportion des adultes (3%) dépasse la DJA des sulfites, principalement en raison de la consommation de vin (environ 70% des apports de sulfites) et de certaines boissons alcoolisées. Ce constat incite à poursuivre les efforts déjà engagés pour réduire les expositions par une diminution des usages des sulfites et par un abaissement des fortes consommations d’alcool.
La question qu'on peut se poser ( mais tout esprit lucide aura immédiatement la réponse): est ce que les 3 personnes sur 100 dans une population qui boivent plus que les 97 autres n'auraient pas à craindre quelque chose de plus sérieux encore que les sulfites, au hasard l'alcool ?? Je suis le premier à bondir sur l'amalgame alcoolisme / vin souvent fait par les médias. Mais si on se penche sur les 3% de plus gros buveurs en volume, ça ne me PAS parait idiot de considérer que ces 3% ont un petit problème avec la bibine.
La dose sans effet indésirable observée a été mesuré expérimentalement à 70 mg de sulfites par Kg de poids corporel. D'ou en découle une DJA arbitraire ( la DJA est toujours arbitraire puisque le coeff de sécurité est arbitraire ) 100 fois plus faible, à 0.7 mg / Kg de pc.
Il est admis que les personnes spécialement sensibles aux sulfites le sont avec un apport de 20 à 50 mg ( ce qui correspond à 1 litre de vin "nature", ou un demi litre plus généreusement sulfité à 100 mg / l, ou un tiers de litre tartiné à 150 mg / l ). Selon l'étude, le taux moyen de SO2 dans le vin est à 92 mg/l.
Pour un homme de 70 Kg ( oui, je prends un poids de gringalet
), la DJA de 50 mg est donc atteinte avec un magnum de vin "nature", ou un gros demi litre de vin statistiquement "moyen". Je ne doute pas que la population moyenne LPVienne puisse se rapproche dangereusement de ce seuil ( moi y compris, surtout sans vin nature X( ). Mais faut être lucide: à ce stade, l'apport en alcool n'est plus négligeable. Tout le reste ( résidus phyto, amines biogènes, et sulfites aussi ), c'est de la branlette pour diptère en mal de sodomie.
Soit dit en passant: dans cette étude, dans la précédente et dans le même genre en Belgique, les apport journaliers en sulfite ont tous conclu la même chose: un apport de 0.20 mg / Kg pc, soit 14 mg pour un organisme de 70 Kg. La dedans, l'apport du vin est de 70%, soit 10 mg. Ca fait 8 cl de vin "moyennement" sulfité. Je dis juste çà pour ceux qu se sifflent plus d'un demi litre en se disant, autoconvaincu "non non, je sirote pas plus que mes voisins"