Bon, et bien ce post cavale, dites donc. Je commence la réponse avant le repas, je la termine après et ma réponse est larguée à deux pages... ;-))
Bon, sur la détection de la pluviométrie de l'année en sentant le "calcaire mouillé" du "calcaire sec", je ne m'étendrais pas, vous vous en doutez ;-). De toute façon, sentir (au nez) le "calcaire" est pour moi une totale ineptie, ne serait ce que parce qu'il y a des dizaines de calcaires, plus ou moins anciens, plus ou moins durs, plus ou moins décomposés et que leur ph varie dans des proportions phénoménales. Affirmer qu'il y a "un arome calcaire" universel, c'est en soit nier en fait ce que l'on défend, la merveilleuse diversité des terroirs. cf Champagne/vingrau, deux calcaires totalement différents, l'un très actif, l'autre pas du tout...
Rahan, bien sûr que les minéraux passent dans le vin ! C'est d'ailleurs ça, la vrai minéralité ! Si tu as de vieilles vignes, enfoncées profondément, aux milliers de radicelles collées à la roche et que tu fait 20 hl/ha, tes vins ont plus d'extraits secs, plus de minéraux.
Je te (vous) propose une expérience fascinante et qui va tous vous mettre d'accord : tu prends un verre de Contrex (une des eaux les plus "minérales" de france, autour de 800 ppm) et une de Mont Roucous (une de celle qui l'est le moins, autour de 20 ppm). Tu les goûtes et là, déjà, tu sens une sacré différence. Ce sont les minéraux (dont le magnesium, très amer, cité fort justement plus haut.
Tu mets dans chaque verre 15 % d'alcool (inodore et sans saveur). Tu goutes les deux. Dans la contrex, tu ne sens pratiquement pas l'alcool. Dans la mont roucous, tu as l'impression de te bruler la bouche... Tu te reverse deux autres verres. Tu fait pareil avec un sucre (l'une est archi sucrée, l'autre pas), puis avec des tanins oenologiques (l'amertume de l'une est agressive, l'autre pas), puis de l'acide tartrique (tu bois avec plaisir l'une, l'autre te fait faire la grimace).
Et là, tu as vraiment compris ce qu'est la minéralité...
C'est essentiel, c'est ce qui fait les grands vins, en fait. C'est aussi ce qui explique que tant de vins qui n'ont pas de terroirs, de trop gros rendements ou d'autres problèmes doivent être rectifiées oenologiquement en cave. Et pourquoi un vin hyper tannique à 15 % d'alcool peut te sembler bien plus équilibré (et sera d'ailleurs plus digeste et fera dire des choses drôles et intelligentes...) qu'un autre à 11 °, qui va te sembler brulant et va t'abrutir, te rendre violent ou t'endormir.
Je remercie au passage D. Levebvre, qui m'a permis de faire l'expérience et de comprendre très précisément le challenge...
Donc, pour moi, le mot "minéralité" ne devrait s'employer que pour définir le taux en éléments minéraux du vin (il pourrait d'ailleurs être vérifié à l'analyse). On les ressent d'autant plus dans certains vins qu'il sont absents de la plupart des vins que nous n'aimons pas...
Cela expliquerait d'ailleurs très bien aussi cette sensation de "tension", typique des vins riches en sels minéraux et souvent en provenance des terroirs vraiment adaptés à l'élaboration des grands vins. Au passage, pas toujours facile de les faire passer dans les vins, ces fameux minéraux...
Enfin, on notera que "l'extrait sec", isolé depuis très longtemps par les anciens, était un critère essentiel pour le choix d'un vin et pour juger son aptitude à la garde (déjà sur les analyses de la maison NICOLAS il y a plus de cent ans, je les ais vues). Il incluait les tannins mais aussi tous les éléments minéraux et quelques autres trucs.
Voilà,pardon d'avoir été long. Et j'espère avoir été clair.
Et Bébert, ne te braque pas. Je suis sûr que tu sent ou tout du moins ressent quelque chose. Je te crois. On cherche simplement à savoir quoi. On aimerai que tu emplois des mots que nous comprenons parce qu'ainsi, nous serons d'accord sur leur sens et comprendrons ce que tu as bu.
P.S. : bien sûr, des végétaux ou des arômes extérieurs au raisins peuvent venir aromatiser celui ci. Si on laisse le fenouil envahir la vigne et que, de plus, on en ramasse un peu avec, l'arôme peut se retrouver dans le vin. D'ailleurs, on le fait bien avec de la résine de pin en Grèce. Mais ce n'est pas fermentaire. De même, une simple poignée de baies d'eucalyptus peut parfumer une cuve. C'est pourquoi cet arbre, autrefois très proche des vignes, est désormais éloigné en Australie. Du coup, le fameux "gout de terroir" est moins fréquent ;-) Enfin, on peut aussi rajouter des arômes, naturels ou artificiels. Mais en parler, c'est tabou...