Jean-Michel COMME Pontet-Canet écrivait:
> Il démontre au moins
> l'incapacité chronique que les scientifiques
> professionnels ont à remettre en cause leur petit
> monde.
Jean-Michel, je suis étonné de votre réaction concernant les propos de ce scientifique qui me paraissent au contraire bienveillant sur la biodynamie. Je cite de la part de Monsieur David :
»En revanche, que les moments de la biodynamie, calés sur les positions célestes et l’observation du vivant, correspondent in fine à des cycles bien réels (climat, sol…) est une option que j’envisage tout à fait. Et, à titre personnel, il est évident que je préfère, de très loin, déguster un vin travaillé avec la passion de la terre et du vivant, que des produits de l’agriculture intensive ou des OGM, qui ont perdu leur âme et leur charme. En ça, le label biodynamique est un label utile, créatif et éthique, auquel je me rallie. »
Affirmer que les scientifiques ne sont pas capables de "remettre en cause leur petit monde" (lequel ??? c'est le nôtre, simplement, mais ils ont leur langage propre qu'il ne tient qu'à nous de s'approprier), c'est leur faire un procès d'intention injuste. Pourquoi mettre tout le monde dans le même panier ? S'il vous plaît, ne confondez pas les scientifiques en quête de progrès - sans avoir l'idée d'un retour rapide sur investissement (sur recherches) -, qui nécessite des recherches sur le long terme le plus souvent, et les techniciens, qui appliquent certaines découvertes pour élaborer de nouveaux produits pour l'agro-alimentaire et d'autres secteurs industriels. Certes, la frontière est parfois ténue, car le financement public ne suffit pas toujours et les ambitions peuvent jouer un rôle accélérateur pour des recherches à court terme et à faible éthique ajoutée;), mais quand même ! La probité, l'abnégation, l'ouverture au monde existe réellement dans le monde scientifique, malgré quelques dérives dommageables.
Mais il y a quand même des conditions au dialogue et la position sceptique est nécessaire à la science, contrairement aux croyances, qui se fondent sur l'affirmation irrationnelle, non démontrable par essence.
Qaund je lis cet article, je perçois une position modérée, ouverte, compréhensive de la biodynamie par un scientifique qui a pris la peine de comprendre cette technique de culture.
> Il démontre aussi l'incapacité que les
> biodynamistes ont aussi à expliquer leur idées
> avec des mots simples et compréhensibles par tous.
> J'ai de l'estime et du respect pour ce monument de
> la viticulture qu'est Olivier Humbrecht. Ces
> propos n'ont rien de sorcier, mais j'en conviens,
> il aurait pu le dire autrement; surtout pour un
> article hostile à la biodynamie.
>
En quoi cet article est-il fondamentalement hostile à la biodynamie ? Il montre plutôt ses avancées et ses contradictions, la passant au crible d'une analyse sceptique, certes.
D'autre part, je ne comprends pas les propos suivants d'Olivier Humbrecht :
»En finalité, les bio-dynamistes pratiquent une agriculture durable, enrichissent et maintiennent la vie de leurs sols, récoltent des produits goûteux, ne polluent pas les sols, l’air et l’eau, ne répandent pas de molécules chimiques à tout va, dont certaines sont hautement toxiques, maintiennent des paysages beaux et où il fait bon vivre, emploient plus de personnes, ont un bilan carbone beaucoup plus favorable que n’importe quel producteur conventionnel… Comparé à cela, qu’a fait la communauté scientifique pour l’agriculture ? Des OGM, des grenouilles à deux têtes (avéré), des cultures intensives où le désherbage fait partie du cadre de vie, des sols morts qu’ils faut enrichir chaque année avec des engrais chimiques, une augmentation des molécules chimiques dans le corps humain, des paysages horribles, une intensification de l’agriculture qui a causé la disparition de millions de paysans, une augmentation phénoménale des gaz à effet de serre, des produits insipides, des pollutions de rivières et nappes phréatiques (150mg/l de nitrates à Turckheim), des phénomènes d’érosion catastrophiques, et surtout que l’on ne vienne pas me dire que cette agriculture permet de nourrir la population mondiale car elle serait plus productive, parce que c’est faux. Il y a d’ailleurs suffisamment de surfaces dans le monde encore non exploitées ou mal exploitées pour cela… Mais encore faudra-t-il y trouver de l’eau non polluée. »
Ce n'est pas obscur, cela me paraît simplement réducteur.
Pourtant, cette position rejoint l'éthique dont parle Monsieur David, à savoir de préserver notre patrimoine commun, la Terre, de construire un avenir durable et sain. Pas besoin d'être biodynamiste pour comprendre cela et se construire une éthique pérenne, au contraire : pas besoin d'ésotérisme, mais de pragmatisme. La Science doit suffire à cela, c'est ma conviction. Et les biodynamistes, Monsieur Steiner en tête, ne furent pas les premiers à s'allarmer des dangers de l'industrialisation de masse, que ce soit pour l'environnement ou pour des raisons sociales. La science a fait considérablement avancer l'humanité, mais elle ne maîtrise pas l'utilisation de ses découvertes (qui deviennent de la technologie) et leur impact à long terme, qui ne se révèlent souvent qu'après bien des années d'utilisation.
Je crois qu'une des questions clés qui se posent à la biodynamie est de savoir si elle peut remplacer in fine de façon industrielle, les cultures de type intensives, afin de proposer un modèle durable pour toute la production viticole. . Ce qui est possible pour le vin, qui est depuis l'Antiquité un produit de luxe par excellence - avec une parenthèse sur les deux derniers siècles -, peut-il l'être pour des produits de grande consommation ? Peut-elle dépasser son statut de méthode de culture éltitiste vers une application généralisée, sans l'appui de la Science ?
Cordialement,
Phil:)