Bonjour
Je ne suis pas spécialiste de vin mais en emménageant dans mon nouvel appartement parisien il y a quelques mois, je suis tombé —dans un placard caché— sur une petite caisse avec 3 bouteilles de vin super vieilles.
Je n’ai pas envie d’en ouvrir une, de goûter et de risquer de m’empoisonner mais je ne voudrais pas non plus les jeter et ainsi priver des gens qui seraient intéressés pour une collection ou que sais-je. Bien sûr si ce sont des trésors qui valent des millions d’euros (ce que je ne pense pas) je ne voudrais pas m’en priver non plus.
Je ne peux pas non plus vous dire dans quelles conditions ces bouteilles ont été conservées mais pas dans une bonne cave en tous les cas…

Je joins une photo mais il y a :
- Mise de la Baronnie (Médoc rouge) 1982 > le bouchon est très abîmé
- Château Notton (Margaux rouge) 1967
- Haut-Montravel (Libarde blanc ou liquoreux) 1959



Merci d’avance pour vos conseils, cette découverte est peut-être le signe que je devrais plus m’intéresser au vin !!

Ne surtout pas jeter sans leur donner leur chance !

59 millésime de légende ! De plus un liquoreux, et la couleur n’a pas l’air trop évoluée. Je n’ai jamais eu de mauvais 59. 82 pas loin derrière. Même si c’est juste un Bordeaux.
Il faut les ouvrir avec égard, cad pour ma part oxydation lente. Ouvert le matin pour le soir a minima. Prélever un peu de vin et goûter, si le vin est tout de suite bon, éventuellement on peut reboucher, s’il n’est pas terrible lui laisser sa chance quand même. Pas de carafage et surtout servir à 14-15 degré, avec les températures actuelles ils arriveront à 18C dan sle verre en quelques minutes ...

Thien

surtout servir à 14-15 degré, avec les températures actuelles ils arriveront à 18C dan sle verre en quelques minutes ...

Pour les deux rouges, je précise !

A jeter oui, dans l'estomac!
Je ne donne pas cher de la peau du Margaux. Par contre le liquoreux de 59 est la bouteille dans laquelle je placerai le plus d'espoir.
Et si tu as une réticence à les ouvrir, si cela peut influer ta décision: la valeur marchande n'est pas très grande, comme tu l'imaginais.

Bonne dégustation, nous seront content d'avoir ton retour lorsque tu les aura bu.

Côté revente ca ne vaut rien.
Côté dégustation, il y a toutes les chances que les 2 rouges soient madérisés ou aqueux. Le moelleux a également peu de chance d'être agréable.
Conclusion: il faut goûter! Sur 3 bouteilles, il y aura peut-être une bonne surprise.

tht écrit: Ouvert le matin pour le soir a minima.

Ca fait beaucoup ça pour des vins aussi vieux, il y a de fortes chances de les oxyder.

Les vins anciens réservent souvent des surprises (bonnes ou mauvaises) : la conservation et la capacité de garde constituent des facteurs-clés. Ici, le bouchon du 1982 est soulevé (et le niveau semble à basse épaule) mais les niveaux du 1967 et 1959 sont plus que corrects. De manière générale, un vin à la robe brillante inspire plus confiance qu'un autre à la robe terne, un bouchon ni surélevé ni descendu dans le goulot à ces deux cas de figure, un niveau haute épaule à une baisse trop importante du niveau (moyenne épaule en Bordeaux, 4 ou 5 cm ailleurs semble une zone à risque pour des vins âgés de 50 ans et + s'il n'y a pas eu reconditionnement ou autre depuis), une capsule nette à une capsule corrodée et percée. Beaucoup de dégustateurs ont des méthodes de dégustation différentes des vins anciens mais s'accordent pour déconseiller le carafage (ou en dernier recours quand tout semble déjà perdu) ou une oxygénation trop violente. Je préfère en général ouvrir avec un limonadier (quitte à casser le bouchon) avec précaution - mais les puristes ont recours au bilame ou à une mèche longue - puis attendre quelques heures que l'oxygénation lente fasse son oeuvre (souvent après avoir senti le vin puis en avoir goûté 1 à 2 cl pour me faire une première idée d'une possible résurrection). Bonne dégustation ! Le 1959 promet à première vue (belle couleur, bon niveau, excellente année, moelleux donc capacité de garde supérieure).

Yo,
Il n'y a que moi qui vois écrit "grand vin de Bordeaux" sur l'étiquette de Notton??????
Haut Montravel est une appellation de Dordogne, qui ne tente rien n'a rien, je pense que la chaptalisation était autorisée, y'aura peut être encore un peu de sucre.

S'empoisonner avec un vin??? Quand ce n'est pas bon, le réflexe est de recracher, donc aucun souci.
(Notez que j'adorerais mourir béatement après avoir bu un bon vin empoisonné)
Revenez donc nous raconter vos dégustations, parce qu'hélas, j'ai bien peur que ces bouteilles n'aient aucune valeur pécuniaire.

Agnès
(si vous croisez Tom Turner, dîtes lui que je ne l'attends plus)

Edit: merci Maître Rougeot correcteur d'orthographe

Bonjour Agnes

La chaptalisation est autorisée et utilisée dans presque toutes les propriétés dans le Sauternais (et je suppose autour). Sauf quelques domaines, Yquem bien sûr, Barrejat et Guiraud de mémoire.
La chapta augmente le taux d’alcool, pas le taux de sucre résiduel.

Thien

Si je ne m'abuse, il n'y a que l'AOP Saussignac qui interdit la chaptalisation

mgtusi écrit: Si je ne m'abuse, il n'y a que l'AOP Saussignac qui interdit la chaptalisation

Egalement interdite en Alsace pour les VT et SGN.

Mais de ce que j'ai cru comprendre, la chaptalisation est désormais interdite pour les vins doux en Europe.

france3-regions.fran...

tht écrit: Bonjour Agnes

La chaptalisation est autorisée et utilisée dans presque toutes les propriétés dans le Sauternais (et je suppose autour). Sauf quelques domaines, Yquem bien sûr, Barrejat et Guiraud de mémoire.
La chapta augmente le taux d’alcool, pas le taux de sucre résiduel.

Thien

Agitateur ou Furster sont demandés au micro !!
Les levures attaquent elles d'abord le sucre exogène lors de la fermentation pour ne garder que les bons sussucres du fruit en résiduel ?

Les "mauvais" récoltaient des vins à 14 ° potentiel, rajoutaient (2 X 17 g/l) de sucre, ce qui faisait 16 ° potentiel et arrivaient à un vin de 12 °C + (4X17 g= 68 g) de sucre.

winaddict33 écrit:

tht écrit: Bonjour Agnes

La chaptalisation est autorisée et utilisée dans presque toutes les propriétés dans le Sauternais (et je suppose autour). Sauf quelques domaines, Yquem bien sûr, Barrejat et Guiraud de mémoire.
La chapta augmente le taux d’alcool, pas le taux de sucre résiduel.

Thien

Agitateur ou Furster sont demandés au micro !!
Les levures attaquent elles d'abord le sucre exogène lors de la fermentation pour ne garder que les bons sussucres du fruit en résiduel ?

De ce que j'ai compris les levures ne transforment en alcool que les sucres fermentescibles, et les sucres non-fermentescibles constituent donc les sucres résiduels.

winaddict33 écrit:

tht écrit: Bonjour Agnes

La chaptalisation est autorisée et utilisée dans presque toutes les propriétés dans le Sauternais (et je suppose autour). Sauf quelques domaines, Yquem bien sûr, Barrejat et Guiraud de mémoire.
La chapta augmente le taux d’alcool, pas le taux de sucre résiduel.

Thien

Agitateur ou Furster sont demandés au micro !!
Les levures attaquent elles d'abord le sucre exogène lors de la fermentation pour ne garder que les bons sussucres du fruit en résiduel ?

Les sucres non fermentescibles n'ont pas d'impact ni sur le degré d'alcool ni sur la sensation de sucre. Ils peuvent jouer un rôle dans l'apparition d'autres composés organiques qui n'ont pas de lien avec le degré d'alcool (éthanol). Les sucres résiduels sont donc bien des sucres fermentescibles !

Concernant l'affirmation originelle de Thien selon laquelle la chaptalisation ne joue que sur le degré d'alcool et pas sur le sucre résiduel : la levure n'est pas discriminante avec les gentils susucres et les vilains susucres. (ce serait trop simple!)
Elle travaille jusqu'à ce qu'elle en soit empêchée :
- Par un degré d'alcool devenu trop élevé (généralement autour 15° pour les souches classiques de Cerevisae)
- Par un blocage de fermentation, au froid puis au souffre.

Egalement, une quantité de sucre très importante initialement aura tendance à ralentir considérablement l'activité des levures, qui finira par s'arrêter d'elle-même en ne permettant d'atteindre qu'un faible degré (exemple des Tokay Escenzia, ou encore des TBA allemands).

Egalement, une quantité de sucre très importante initialement aura tendance à ralentir considérablement l'activité des levures, qui finira par s'arrêter d'elle-même en ne permettant d'atteindre qu'un faible degré (exemple des Tokay Escenzia, ou encore des TBA allemands).

Pas besoin d'alle aussi loin : c'est un problème récurent à Tirecul la Gravière. Sur les barriques les plus riches, il est difficile d'atteindre les 12 ° minimums obligatoire à Monbazillac. Bruno est obligé d'assembler avec des lots plus "faibles" pour réussir à obtenir l'appellation. C'est assez paradoxal que lorsque tu veux faire ton boulot au mieux, tu peux ne pas avoir l'appellation alors que des gars qui chaptalisaient l'obtenaient sans souci (sans avoir de raisins botrytisé). C'est aussi le problème de Stéphane Tissot qui fait les vins de paille les plus accomplis, mais qui se retrouve à vendre des "moûts de raisin partiellement fermentés" (sic).

Patrick Baudoin a eu le même « problème «  à plusieurs reprise. Alors qu’en Allemagne il;n’y a pas de problème pour des vins qui sortent à 9 degrés ...

Thien

Même à moins. Il y en a à 7 °. Une autre culture...

tht écrit: Patrick Baudoin a eu le même « problème «  à plusieurs reprise. Alors qu’en Allemagne il;n’y a pas de problème pour des vins qui sortent à 9 degrés ...

Thien

Idem au domaine Les Jardins de babylone en Jurançon où il y a quelques années un millésime est sorti en VDF car il lui manquait un demi degré. (Au d'mi degré près, mon glaude ).

bibi64 écrit: (Au d'mi degré près, mon glaude ).

"Une température de haute précision pour el perniflard!!!..."

Eric B écrit: Même à moins. Il y en a à 7 °. Une autre culture...

La législation allemande prévoit même 5,5% pour les Beerenauslese, Trockenbeerenauslese et Eiswein (c'est 7% sinon en effet).

Merci à tous pour vos réponses je m'attendais à être ignoré !! :-/ Si vous saviez depuis combien de temps je me dis qu'il faut que je me fasse aider sur cette question !!! Merci au confinement et à votre contribution !

Je vais me risquer à goûter alors ! Faut-il que je rafraîchisse le blanc/liquoreux (un peu au frigo ?) ou c'est mal ?

Effectivement le Rothschild a un bouchon qui a "levé" donc il doit être mort et si le Notton était "pas terrible" à la base ça risque de pas être terrible. Donc j'ouvre les rouges au limonadier 2-3h avant la "dégustation" si je synthétise ce que j'ai lu ?

Je vous livrerai mes conclusions !!!

yofo écrit: Merci à tous pour vos réponses je m'attendais à être ignoré !! :-/ Si vous saviez depuis combien de temps je me dis qu'il faut que je me fasse aider sur cette question !!! Merci au confinement et à votre contribution !

Je vais me risquer à goûter alors ! Faut-il que je rafraîchisse le blanc/liquoreux (un peu au frigo ?) ou c'est mal ?

Bien sur qu'il faut le rafraichir !

yofo écrit: Effectivement le Rothschild a un bouchon qui a "levé" donc il doit être mort et si le Notton était "pas terrible" à la base ça risque de pas être terrible. Donc j'ouvre les rouges au limonadier 2-3h avant la "dégustation" si je synthétise ce que j'ai lu ?

Bonne synthèse

yofo écrit: Je vous livrerai mes conclusions !!!

Nous sommes impatients !

J'ai reposé la question à mon prof d'oenologie, qui m'a répondu que pour les vins moelleux les levures travaillent et arrêtent la fermentation de façon naturelle, et que c'est seulement dans certains cas qu'on arrête la fermentation par le froid ou l'ajout d'alcool.

Ainsi, cela signifie t-il que tous les sucres fermentescibles ont été consommés par les levures?