Bonjour à tous,
Voici les premières notes sur l'organisation de la vendange 2019 en Champagne.

Sortons donc de notre torpeur estivale et regardons le monde en face. Il n'a que peu changé en Champagnie depuis 2011, vu la douce folie qui règne à ce retour de vacances. Rarement on aura autant fait dans la précipitation pour décider de commencer à couper des raisins...

Il faut dire que la saison a été encore une fois particulière, dans cette belle région à la "limite nord de la culture de la vigne ". Mais ça c'était avant le réchauffement les amis.

Résumé de la préparation 2019 par dame nature :
-Des gelées de printemps qui affectent avant tout les chardonnays de la côte des Blancs (secteur hatif et orienté est), et si cette évolution climatique désormais récurrente est celle qui me fait le plus peur pour l'avenir, la teneur générale est rassurante, rien à voir avec la catastrophe gélive de 2016 ou 2017.
-une floraison par temps froid...hou la vigne n'aime pas. Résultat beaucoup de petits grains (on dit "millerandage"), pinot noir et chardonnay les plus impactés.

-Une pression du petit champignon Oidium incroyable, vous savez celui qui recouvre de duvet blanc les feuilles de rosiers...avec là aussi des chardonnays très touchés, parfois des parcelles perdues à 80%....c'est l’événement sanitaire majeur de l'année. Son retentissement sur les moûts (jus de raisins avant fermentation) ne sera évité qu'au prix d'un tri drastique à la vendange...On parle ici d'année charnière, la lutte contre cette maladie devant sans doute devenir l'axe principal de raisonnement des traitements, alors que c'est le mildiou qui accaparait jusqu'ici toute l'attention...une bonne pluie ou deux aurait lavée ce duvet..mais il a fait sec, très sec

-un mildiou qui s'est fait présent mais peu invasif...là, heureusement qu'il n'a pas plu...

-un échaudage, un grillé, une brulure des raisins sur la face ouest et sud les mercredi et jeudi 24/25 juillet, où les 42° ont détruits en 2 heures plus de 15% de la récolte potentielle. Certains parcelles ont vu près de 40% des grappes touchées. Ces grains sont désormais secs et tombés, là aussi sans créer de foyer de pourriture, merci le froid de la nuit et le beau temps en journée.

Au 10 aout, au départ de la majorité des vignerons pour un repos mérité, personne ne pariait sur un début de vendanges avant le 15/17 septembre. Et voilà que ce 31 aout, on parle de donner des coups de sécateurs sur Montgueux, ou certaines parcelles au faible rendement...
Si des exceptions sont bien compréhensibles (si on est exposé sud, qu'on a un peu gelé, fait une mauvaise fleur..bon avec une demi récolte, cela doit en effet approcher le terme..), on note aussi une volonté des réseaux de suivi de la maturité d'avancer une semaine les vendanges compte tenu de la progression rapide de la maturité des raisins.
Car on parle "de près d'un degré gagné en 3 jours parfois". Nous y sommes. Cela me rappelle 2011, année d'errance et d'erreurs, les raisins étant coupés à 2 degrés en dessous de la maturité, par fin aout , sous le soleil...Un crash qualitatif historique.

L'acidité des premiers prélèvement semble élevée. Ça... pour les amateurs c'est sans doute la meilleure nouvelle. Elle reste pour moi à confirmer car je n'ai vu que peu d'analyses, rien par exemple de l'aube, j'aurai cela lundi.

Mais cette bonne nouvelle d'une fraicheur potentielle est à double tranchant. Dans une région où nombre (large majorité) de décideurs ne regardent encore que le taux de sucre pour décider de couper des raisins, c'est la porte ouverte à des jus floraux mais sans âme, qui vont développer des amers peu nobles et une platitude de goût au final. Voilà un écueil que les vignerons emblématiques, bien commentés sur LPV, devraient éviter facilement en se détachant de l'énervement ambiant. Un de ceux-ci me disait hier qu'il visait 11° très facilement, espérant un équilibre de haut vol..voilà notre avenir, enfin celui du contenu de mon verre dans 5 ans...

Pour le reste et surtout le reste de la production, on en recause dans quelques jours car les dates d'ouverture de vendanges paraissent ce samedi. Je mets ma main dans le chat que comme d’habitude beaucoup vont confondre autorisation de couper et début de cueillette, alors que la dégustation de baies faite ce jour impose la circonspection au moins, le doute certain et l'attente espérée.

Je continue mes notes une fois que j'ai mieux intégré le rapport sucre /acide des prélèvements reçus hier, ils me posent tout de même question...rdv lundi !

Bonsoir,

Les dates d'autorisation de début de cueillette sont parues. En gros du 9 au 12 septembre. Étonnamment, beaucoup de terroirs qui ont habituellement une bonne semaine d'écart peuvent commencer en ce début de semaine prochaine. Effet chardonnay à cueillir assez vite parfois. Bien bien.
Voici les infos glanées par mon ami qui a visité pas mal de vignerons ce week-end.

"En effet les acidités des raisins à une semaine du début de vendange, sont assez hautes. La dégustation des baies, hélas encore peu pratiquée, incite à la plus grande prudence quand aux habitudes de vendanges : les écarts entre parcelles du même cépage sont grandes, l'effet de la canicule ayant été très dilué en bordure de bois ou croupe bien aérée, pour citer un exemple flagrant sur les côtes d'Epernay où près de 1.5 points d'acidité séparent 2 vignes distantes de 250 m, plantées la même année avec le même matériel végétal.
Attention ensuite à la progression non linéaire de la maturité, on ne retrouvera pas cette montée en flèche de fin aout. Hors, il faut viser haut si ces acidités se tiennent. D'où l’intérêt une fois encore de considérer l'équilibre du fruit plutôt que son taux de sucre, élément partiel et trompeur.
Quelques foyers de pourriture inquiètent, pour l'instant très limités, et touchant plus le meunier que les autres cépages.
Je confirme la belle année potentielle pour les vignerons au sens propre, une année quelconque pour ceux qui suivent le calendrier industriel de la champagne, ce qui m’inquiète au vu des faibles quantités disponibles en vin de réserve, après des vins 2018 largement utilisés pour remplacer les jus catastrophiques sur les raisins noirs de la vendange 2017"

Bon, un peu un normand le gars, non ?
Un état d'âme plus perso : la champagne, à la performance commerciale assez médiocre dans un marché des effervescents dynamique, aurait besoin de renforcer sa position par une qualité générale irréprochable. Le choix de la date de vendange est un élément majeur pour que les chefs de cave disposent de jus dignes de cette AOP Unescoïsée. Je n'ai pas encore cette année l'impression que l'on travaille assez vers la quasi personnalisation, au sens parcellisation de ce choix. On a donc une belle marge de progression, c'est déjà ça...

Allez..RDV quand les premiers raisins seront en cours de presse !

Mince, ça confirme !

www.lapassionduvin.c...

Champagne
Le potentiel qualitatif du millésime 2019 semble élevé, sous réserve d’attendre le bon niveau de maturité.

lachampagnedesophiec...

...Même si le ban des vendanges a été fixé par arrêté préfectoral pour chaque commune, nous avons décidé de retarder de quelques jours le début de la cueillette, en planifiant notre récolte selon le degré de maturation de chaque parcelle, dans le but de travailler des vins expressifs et identitaires.
Les premiers coups de sécateurs seront donnés le 10 septembre 2019.

Gilles Lancelot

Bonsoir, copié collé du message de nat et fred, merci à eux :

""Nous revenons de 7 jours de vendanges, d'abord en vallée de marne rive droite (vignoble orienté sud) sur Cumières et Dizy, puis la côte des blancs avec Vertus, le Mesnil Sur Oger.
D'abord, nous dégustons les baies. C'est ciselé. Frais. Acide. Pourtant le raisin semble assez avancé, parfois un peu jaune et translucide sur le chardonnay, et avec de petites attaques de pourriture sur le meunier (à peine, hein), le pinot étant superbe partout. On dirait 2012, non ?
Le premier indicateur est celui donné par le simple pesage en sucre du jus de raisins. Bonne nouvelle, quasi rien en dessous de 11°, voire 11°5 sur les vignes touchées par le gel et/ou le millerandage (mauvaise floraison+petites baies).
Ensuite les résultats d'analyses pour l'acidité/les PH. Là c'est la confirmation : acide tartrique et acide malique sont hauts, pas de 1996 comme je l'avais entendu mais plutôt 2008 comme année de référence. Très alléchant.

Il s'agit là uniquement de vues partielles sur des petits/moyens domaines assez bien situés au niveau qualité. Nous ne citerons personne, ces données étant le recueil d'échanges professionnels sur le quai de pressurage, entre 2 vignes vendangées....

Notons que les rendement sont en général au plus de 50/60% de ceux de 2018, qui frôlaient certes l'indécence. Un petit air de 2012 encore...la champagne ne fait jamais aussi bon que lorsque dame nature modère seule l'ardeur des vignerons ?

Nous, nous modérons ici les propos de notre co-scribouillard du 3/09 à 20h35 : c'est très bien parti pour un grand millésime chez la majorité des vignerons indépendants visités.

Nous n'avons que peu d'écho des grandes maisons à cette heure.""

Merci pour ces infos.
L'allusion aux PN de 2012 semble indiquer que les blancs de noir millésimés de cette année seront à ne pas manquer.
Ca devrait commencer à sortir des caves parce qu'on voit déjà beaucoup de 2011

A ce sujet d'ailleurs, j'ai l'impression qu'avant 2005, les champenois ne millésimaient que les bonnes années alors que maintenant ils millésiment tout le temps.
C'est devenu comme à Bordeaux, il n'y a que du très bon ou de l'excellent !
Heureusement qu'il y a LPV pour qu'on puisse lire que 2018 par exemple sera le millésime parfait ... pour des 1+1 gratuite en tête de gondole

Champagne
« La récolte est superbe » assure Nathalie Laplaige (Joseph Perrier).

lachampagnedesophiec...

"L'allusion aux PN de 2012 semble indiquer que les blancs de noir millésimés de cette année seront à ne pas manquer.
Ca devrait commencer à sortir des caves parce qu'on voit déjà beaucoup de 2011"

Attention Startruck, on voit déjà beaucoup de 2012....et les quantités dans ce beau millésime très réussi/fruité/classique-au-sens-équilibré furent limitées, donc son passage sur le marché, engagé depuis 3 ans déjà ne durera pas longtemps. Bonne chasse !

Vendanges 2019
” Fruit, équilibre, concentration, vivacité…Tout y est ” selon Caroline Latrive chef de caves (Champagne Ayala)

lachampagnedesophiec...

2019
Fin de la vendange en Champagne !

www.mon-viti.com/fil...

Bonsoir, de retour de premières dégustations de moûts en fin de fermentation alcoolique, il est fréquent d'avoir les mêmes remarques de chefs de cave :" il y aura une prime aux vins qui ne feront pas leur fermentation malolactique, car s'il y a une belle acidité, c'est surtout de l'acide malique...et le garder sera ce qui soutiendra le vin dans cette année de belle maturité"
Enfin, voilà ce que j'ai compris !

vinozzy écrit: Bonsoir, de retour de premières dégustations de moûts en fin de fermentation alcoolique, il est fréquent d'avoir les mêmes remarques de chefs de cave :" il y aura une prime aux vins qui ne feront pas leur fermentation malolactique, car s'il y a une belle acidité, c'est surtout de l'acide malique...et le garder sera ce qui soutiendra le vin dans cette année de belle maturité"
Enfin, voilà ce que j'ai compris !

Hier soir en dégustation d'un groupement de champagnes du Sézannais (en bouteilles, pas les moûts de l'année), j'ai eu le même son de cloche, avec des cuvées qui pour garder leur acidité (notamment à cause des deux pics de chaleurs de l'été) feront l'impasse sur "la malo".