15 décembre, dégustation (publicitaire) de Bollinger à Montpellier, caves Gambetta.
Prolégomènes :
Bollinger est une maison familliale, une des dernières d'un tel prestige depuis que Krug a rejoint lvmh.
Ils sont propriétaires des vignes qu'ils utilisent.
Le pinot noir est à la base de leurs assemblages, avec un peu de chardonnay et ils utilisent toujours le pinot meunier dans leur spécial cuvée.
Ils utilisent aussi encore la fermentation en fûts.
Ils pratiquent un dosage faible.
Une petite étiquette "by the appointment of her majesty the queen E.II" nous amuse (négativement) et nous rappelle que c'est le goût anglais qui a fait le bollinger.
Spécial Cuvée :
C'est le Bollinger habituel. La maison ne multiplie pas les cuvées.
Un vin auquel je suis accros depuis un moment et qui se montre fidèle à lui-même.
Très vineux (même rustre, on le dirait
vulgaire s'il n'était pas à la fois racé et élégant), on note toujours un gras qui tourne autour du biscuit au beurre un peu épicé.
Je note des touches de marron confit, des sensations minérales, le chardonnay se fait discret mais séduisant sur la longueur en bouche citronnée-fondante.
Plus que d'accumuler des noms d'arômes qui sont nombreux lorsqu'on décortique, il est important de noter que tous ces arômes forment un tout très lié, plus encore qu'un équilibre : une unité. C'est ce qui caractérise les grands champagnes et leur donne une élégance que d'autres vins peuvent rarement convoiter.
Ce simple "
Spécial Cuvée" de Bollinger en fait incontestablement partie pour un prix abordable (encore?) et garde un grand nombre de fans.
Intermédiaire, il peut être bu en apéritif comme un champagne de fête, ou accompagner un repas.
J'ai l'impression que sur la dernière décénie, les bulles de la "spécial cuvée" sont devenues plus fines, mais je me fais peut-être des idées. Quelqu'un confirme?
(38€)
Grande Année 1999 :
Premier nez : Biscuit au beurre, puis une sublime et séduisante amande grillée.
Après agitation : Sablé à la canelle et au gingembre ; puis anis.
En bouche : Tout à la fois Fruité (pomme au four), Epicé, et Gras ; des sensations encore une fois très unies qui font un bon champagne.
Longueur en bouche : Un peu jeune à mon goût et très chardonay, citronnée encore.
La proportion de chardonay est plus importante tout de même que dans le spécial cuvée. Moi qui suis fan des classiques de Bollinger, je ne trouve pas ce que j'aurais pu espérer, c'est à dire "le spécial cuvée en mieux", en tout cas pas sur ce millésime de 99, mais plutôt un vin tout à fait différent.
Un vin remarquable et édifiant à déguster pour sa richesse et son expression vive.
Mais il ne m'enthousiasme pas au point d'investir dedans.
Autres considérations :
Nous ne goûtons hélas pas de
R.D..
Le commercial, un oenologue, n'arrive pas à me tenir un propos convainquant sur l'utilisation du pinot meunier. Il se contredit en affirmant que Bollinger n'utilise que les meilleurs vins (des 80% grand cru et plus) et en prétendant que pinot meunier reste un "sous cépage" de piètre qualité qui s'oxyde trop vite.
Quelqu'un sait-il ce qu'apporte le pinot meunier à l'assemblage de la cuvée spéciale? (il n'y en a pas dans la GA.) Je ne doute pas qu'il doit y avoir une bonne raison et je vois mal Bollinger l'utiliser pour faire des économies de bouts de chandelle.
Il nous parle aussi des
V.V.F., mais n'en a jamais lui-même goûté, il affirme que son propre directeur commercial non plus, et d'ajouter naivement que même la famille Bollinger n'en boit pas tellement il est rare. Je ris intérieurement sachant pertinament qu'ils ne s'en privent pas, et qu'ils connaissent leur vin sur le bout des doigts.
Je note pour répondre à des débats plus anciens de ce forum, que le
R.D. est le même vin que le
G.A., mais gardé plus longtemps sur lie, il est aussi sans dosage (ou presque). Il n'est pas vrai que le
R.D. serait dégorgé au fur et à mesure : lorsqu'on sortira le
RD 99, on dégorgera tout ce qui restait sur lie de ce vin, le même que la
grande année 99. Il aura bien entendu beaucoup de caractéristiques différentes, et la date du dégorgement sera notée sur l'étiquette ; la même pour toutes les bouteilles.