Domaine Jacques Prieur, passage au domaine
Comme chaque année, début décembre est synonyme de séjour en bourgogne. Je suis une nouvelle fois accompagné par l'ami Cédric pour déguster quelques cuvées du domaine Jacques Prieur.
Le domaine fait 21 hectares (11 de pinot et 10 de chardonnay), avec une activité de négoce en cours de développement. Il s'agit d'un gros propriétaire puisque le domaine possède des vignes en propres sur la plupart des terroirs prestigieux de Côte d'Or: Corton Charlemagne, Chevalier Montrachet et Montrachet en blanc, et Corton Bressandes, Clos Vougeot, Chambertin, Chambertin Clos de Bèze, Echézeaux et Musigny en rouge. Par ailleurs, la gamme est complétée par 14 premiers crus et un village en Monopole (Meursault Clos de Mazeray). Le domaine appartient à la famille Labruyère, historiquement implantée en Moulin à Vent, puis propriétaire du Château Rouget (Pomerol) et récemment acquéreur d'un domaine en champagne (JM Labruyère).
Nous arrivons en léger retard au domaine, ou Nadine Gublin nous renvoie directement vers Martin Prieur. Celui-ci venait de débuter une visite avec un groupe de restaurateurs, qui viennent de reprendre l'ex Citrus Etoile (Paris VIII). Nous les rattrapons à la cuverie.
Nous commencerons par déguster sur cuve quelques 2016 du
domaine Jacques Prieur (verrerie Reveal Up 40cl):
Bourgogne 2016:
Les vignes sont situées sur la commune de Meursault. Soutirage en date du 28/11.Le nez est citronné, sur la verveine et un fond anisé. La bouche est vive et tendue.
B-TB, en particulier pour son niveau d'appellation.
Pouilly Fuissé 2016:
Il s'agit d'un vin de négoce. Le nez est beurré et anisé. La bouche est plus ronde et grasse. On retrouve un fond de verveine, avec des agrumes, en particulier l'orange.
TB
Puligny Montrachet 1er Cru, Les Combettes 2016:
Soutiré les 02 et 03/11. On a un nez gazeux, assez neutre. La bouche est puissante, marquée par des amers d'écorce d'orange, mais surtout peu lisible et brouillonne en l'état. Le vin ne semble pas en place du tout, complètement déstructuré.
NN
Bourgogne 2016:
Vin issu du négoce, dont les vignes sont situées sur Maranges. Léger fumé au nez. On retrouve une belle mâche pour ce niveau de cru. Le fruit paraît cependant un peu neutre et mat, malgré quelques flaveurs de framboise.
AB-B
Beaune 1er Cru, Clos de la Féguine 2016: Le nez est sur les fruits noirs. La bouche est chaleureuse et épicée, juteuse, avec de légers agrumes et un côté réglissé élégant.
TB
Nous descendons ensuite dans la très belle cave voûtée pour goûter quelques cuvées supplémentaires.
Nous commencerons par deux cuvées issues du
domaine Labruyère, sur l'appellation Moulin à Vent:
Moulin à Vent, Coeur de Terroir 2014: Le nez est sanguin, sur l'hémoglobine, avec un côté floral prononcé (violette notamment). La bouche est tonique et sanguine, avec un fond pierreux.
B-TB
Moulin à Vent, Le Clos 2014: On a de la mine de crayon, un côté graphite au nez. La bouche est très droite, avec une grosse structure, mais surtout une belle fraîcheur. C'est dense, concentré et racé. Je crois bien que le copain à bien aimé!
TB-E
Nous passons ensuite à une partie de la gamme du
domaine Jacques Prieur en commençant par les rouges:
Beaune 1er Cru, Clos de la Féguine 2015: On a une vraie gourmandise au nez, sur la fraise et le bonbon kréma, avec un léger voile fumé. La bouche est juteuse et ronde, enrobée par un léger gras. On retrouve de la framboise. C'est très gourmand, bien dans le style que j'apprécie.
TB-E
Beaune 1er Cru, Grèves 2015: On a un nez fermé, ou transpercent seulement quelques épices. La bouche est droite avec des tanins assez serrés. On a une belle fraîcheur, autour d'une belle matière dense et équilibrée, quoiqu'avec une aromatique peu fermée.
TB
Volnay 1er Cru, Clos des Santenots 2015:
Le domaine possède environ 1,2 ha dans les Santenots, dont la particularité est que les vignes sont sur Meursault. Ainsi, en chardonnay, celà produit du Meursault, et en rouge, du Volnay, et dans les deux cas en 1er Cru. Les vignes du Clos des Santenots ont 80 ans. Les vignes de 20 ans produisent le "simple" Santenot. On a un nez légèrement porté sur la grenadine, un peu fumé. La bouche est juteuse, acidulée et relativement pure. Les tanins sont d'une très grande finesse, avec un léger gras pour enrober cette matière veloutée et soyeuse. Futur grand vin et probablement le meilleur de la série.
Excellent à Exceptionnel.
Clos Vougeot 2014:
On a 20% de vendange entière. Le nez est fumé, cendré. On retrouve de la mûre, de la myrtille et de la rafle. La bouche est dense, musculeuse, avec une masse tannique énorme, qui serre de façon importante. La longueur est énorme, soutenue par un fil poivré/épicé, avec une sensation de rafle qui durcit un pu le vin. C'est du costaud et demandera énormément de temps pour se fondre.
TB-E
Clos Vougeot 2013: Le nez est puissant, viandé et fumé. La bouche est plus tonique, ourmande et élancée par une belle acidité. On retrouve un côté agrumes (pamplemousse) qui le rend un peu sanguin et nerveux. Les tanins sont moins nombreux et puissants que la version 2014. Il y a une belle longueur. Les restaurateurs le verraient bien sur une association terre/mer.
E
Nous passons ensuite aux vins blancs, bouchés Diams, sur le beau millésime 2014:
Meursault 1er Cru, Santenots 2014: On a un nez léger, grillé, sur le silex, avec un fond de poire. La bouche est ronde, grasse mais assez peu structurée. On retrouve un fond d'amande et de fleurs blanches, ainsi que de la poire, un peu de tilleul et de poivre blanc. La finale est saline mais de moyenne longueur. L'aromatique est supérieure à la structure sur ce vin.
B
Puligny Montrachet 1er Cru, Les Combettes 2014: On a un nez de thé, citronné et de silex. La bouche est plus vive et tendue, citronnée avec des touches assez complexes de verveine, de menthe et de poivre. C'est long et frais, dense, avec un léger côté exotique.
E
Meursault 1er Cru, Perrières 2014: Le nez est citronné, sur l'orange et les agrumes. La bouche est tranchante, vive, avec un léger gras. L'aromatique est plus limitée que le Puligny Combettes, on retrouve essentiellement du citron et des zestes d'agrumes. C'est long, plein, dense, avec cependant une finale un peu chaleureuse, montrant que le vin n'est pas tout à fait en place et mérite d'être attendu.
TB-E
Pour finir la dégustation, Martin Prieur nous propose de découvrir une partie de la gamme du
Champagne JM Labruyère en
Champagne, ce que nous acceptons évidemment!
Champagne Grand Cru, Quénardel:
On est sur des vins de base 2012-2013, avec un assemblage à 50% Chardonnay, 50% Pinot Noir. Le nez est amer, sur l'artichaut, quinine, sur un fond oxydatif. La bouche est stricte, vive, monolithique, avec une bulle très impactante. Le dosage est moyen.
C-AB
Champagne Grand Cru, Prologue: 7
0% Pinot Noir, 30% Chardonnay. Dégorgement en date du 29/08/2016, dosage à 4,8g/L. Le nez est vineux, sur la pomme cuite avec un côté oxydatif franc. La bouche est acidulée mais peu structurée. On retrouve du citron et de l'orange. La finale est courte avec une bulle moyenne.
Correct simplement.
Au total, je retiendrai une belle gamme globale du domaine Jacques Prieur, que se soit aussi bien en blanc qu'en rouge. J'ai particulièrement aimé le Volnay 1er Cru Clos des Santenots, assez éblouissant, ainsi que le Puligny Montrachet 1er Cru Les Combettes. On retrouve un profil de vins propres, avec un côté assez éclatant et relativement gourmand et consensuel. C'est également une valeur sûre pour des restaurateurs tels que ceux que nous avons rencontrés, qui cherchent à proposer à leur carte des vins de noble origine, avec une certaine sécurité de service, tant en terme de qualité d'approvisionnement que d'accords mets/vins.
Les Moulin à Vent sont également de beaux représentants du gamay, avec un style
"moderne/bourguignon". Par contre, je pense que les champagnes ont une grosse marge de progression, tant en terme de structure, que d'élevage ou de dosage. Il sera intéressant de suivre cette évolution sur les années à venir.
Quoiqu'il en soit, c'est après environ 2 heures de visites (ce qui nous met clairement en retard pour le rendez vous de l'après midi!) que nous partons du domaine, nous sans avoir parlé d'une connaissance commune avec Martin Prieur.
Monsieur Prieur, merci pour votre accueil, vos explications, votre spontanéité, votre franchise... et vos cuvées! A l'année prochaine, celà ne fait aucun doute.