J'ai été reçu par Martin Prieur, hier, pour récupérer ma commande de 2011. j'en ai profité pour coupler ceci à une petite visite-dégustation. Après visite du chai de vinification et des méthodes culturales (AB, essai de biodynamie depuis quelques années, sans le revendiquer), explication des différentes cuvées (100% de malolactiques), de l'organisation au chai, des soins apportés au raisin en cave et en cuve (pigeage manuelle quotidien), des différents matériels présents...Le but est de préserver le raisin le plus possible (tri, vendanges manuelles en caissettes...). Nous descendons ensuite dans la salle de dégustation, qui jouxte un chai à barriques. J'ai la chance d'être reçu quelques jours après Stephen Tanzer, ce qui me permet de goûter la quasi totalité des Grands Crus rouges en 2012 (ouverts depuis le samedi matin, ma visite étant le mardi), encore en cours d'élevage. On commence par un superbe
Corton-Bressandes 2012, très fruité et floral,avec une jolie matière fine et épurée, et avec des notes de bonbon haribo (fraise tagada). On continue avec le
Clos Vougeot 2012, un vin plus terrien (sol beaucoup plus argileux), avec un fruit plutôt dissimulé. Les tanins sont plutôt rigides, vin pour moi assez austère. Une certaine amertume en finale pourrait faire penser à de la vendange entière, mais pas du tout. A noter, une très forte acidité, le vin termine tout juste sa malolactique.
L'échézeaux 2012 est très gourmand et gouleyant, avec un nez plus fin et épicé. On finit les Grands Crus 2012 par le
Musigny...Nez très fin, touché de bouche soyeux, avec une impression de puissance toute maitrisée, et une longueur impressionnante avec de très beaux amers en finale. Assurément un grand vin en devenir. Martin Prieur retrouve le
Chambertin 2012! Alors, pour lui faire plaisir, je me sens dans l'obligation de le goûter!!! Lui aussi, est plus minéral en bouche, qui pourrait le rapprocher du Clos Vougeot, tout en restant fruité (contrairement au Clos Vougeot). A noter, selon Martin Prieur, que de ces 5 vins, seul le Corton Bressandes a légèrement bougé en perdant un petit peu de fruit (qui pourtant est diablement présent!) pour gagner en structure, les autres n'ayant pas bougé.
On passe ensuite au
millésime 2011 en bouteille. On commence par un
Beaune Clos de la Féguine (Monopole du domaine, situé non loin du climat les Coucherias, sur les hauteurs de Beaune, un climat plutôt frais), extrêmement plaisant, gouleyant et très fruité. On poursuit par un
Beaune 1er cru Grèves, plus massif dans ces tanins, plus austère, avec des notes appuyées de torréfaction, de grillé et d'élevage. Le
Volnay Clos des Santenots 2011 est un concentré de matière, de finesse, de fruit...Très arômatique. Très grand vin. On continue sur les Grands Crus, avec le même ordre que pour les 2012. Le
Corton Bressandes est composé d'une belle matière fruité, fine et élégante. Décidément un terroir que j'apprécie. Le
Clos Vougeot est droit, carré, plus marqué par l'amertume que les précédents vins, tout en ayant moins de fruit. La matière est imposante, il ira loin. Moins expressif au nez. Il semble rentrer dans une période de fermeture. L'
échézeaux est lui toujours aussi généreux, fondant de fruit...Une vraie régalade, on dirait du sirop de fruits et baies rouges!!! il possède aussi un côté un peu plus floral. Le
Musigny combine encore une grande élégance de bouche avec un fruité et un côté épicé très avenant. La longueur est encore une fois impressionnante. Le
Chambertin est, enfin, plutôt fermé, avec cependant une grande puissance minérale qui ressort.
Il en ressort que le millésime 2011 se révèle plutôt droit, avec une belle structure, mais commence à tendre vers un peu d'austérité, car je pense qu'il devrait rentrer prochainement dans une période de fermeture. Le millésime 2012 est croquant de fruit, avec une précision et une pureté arômatique hors du commun, avec un vrai coup de coeur pour le Corton-Bressandes, L'échézeaux et le Musigny. J'ai essayé de remarquer les différences de terroirs propres à chaque vin, avec 2 grands groupes pour les Grands Crus sur les 2 millésimes: les "charmeurs" avec le Corton, l'échézeaux et le Musigny, et les "Puissants, Minéraux, Imposants", avec le Clos Vougeot et le Chambertin.
Nous avons aussi évoqué les rendements, en baisse en 2012 (avec probablement une augmentation tarifaire avouée à demi-mots), et pour 2013, une situation catastrophique dans la région de Beaune, touchant de Savigny jusqu'à Meursault, à cause de la grêle. Ainsi, il est possible qu'il n'y ait pas de Volnay 1er cru Clos des Santenots, et peut être même pas de Volnay Santenots, qui pourraient se replier en Volnay 1er Cru.
Une bien belle dégustation en l'occurence, je remercie le domaine et Martin Prieur en particulier, pour le temps et les échanges qu'il m'aura accordé.