Bonjour,
et bonne année à tous de la part du joyeux Cercle LPV VDM.
Un jour ou l'autre, il faut s'y mettre, et puisque aucun de mes petits camarades ne veut s'y coller, du fait sans doute d'une maladive timidité qui, curieusement, ne semble guère se manifester durant nos réunions elles même, à moins que l'état dans lequel d'aucuns de nos membres terminent nos réunions, plus enclins à rentrer chez eux par des chemins ondoyants que par la plus directe ligne droite, état risquant probablement d'altérer l'intégralité de leurs souvenirs ou d'encourager la perte de leurs notes, bref, une fois encore, je me dévoue, pour la Science, pour l'Histoire, pour la Mémoire collective du Cercle LPV VDM, et vais tenter cette fois encore d'amorcer un modeste témoignage de notre soirée de fin d'année 2013.
Ce 19 décembre 2013, je sais c'était un autre temps, 10 membres parmi les plus glorieux que compte notre Cercle se sont réunis pour célébrer la Saint Urbain, ou plutôt les Saint Urbain puisqu'on en compte de nombreux, Papes ou non, et que les temps actuels plus enclins à la laïcité inciteraient à entendre au sens plus général de Saints Urbains, ce qui pour le Judéo-Urbain (ou Villejuifois) que je suis, semble du plus grand naturel.
Pour cette célébration, au nom du respect du à Urbain V, né Guillaume de Grimoard en 1310 au Château de Grizac, dans la toute proximité du Pont de Montvert, village Lozérien plus connu pour avoir abrité le début de la guerre des mécréants Camisards que pour avoir donné naissance à un Pape, ce fameux Urbain V, qui embrassa à l'âge de 17 ans l'orde de St Benoit avec comme vocation de rejoindre au plus vite l'Abbaye de Cluny, il nous a semblé qu'il serait déplacé d'entreprendre cette cérémonie avec des vins d'autres origines que Bourguignonnes, car au delà de l'attirance que ce divin breuvage exerça de toute évidence sur ce divin homme, on sait bien que si le Vin des Rois était le vin de Bordeaux, celui des Papes était celui de Bourgogne.
Le Frère Alain, que l'on sait passionnément amoureux de ce vignoble bourguignon, a pour cette soirée pris en charge l'ordonnancement des offrandes de chacun, nous proposant une divine soirée de dégustation, certainement l'une des plus belles que notre Cercle ait connu.
N'ayant déjà que trop abusé de votre patience, que je sens hautement mise à l'épreuve par mes verbiages éhontés, mais qui me semblaient néanmoins inévitables pour rappeler la hauteur des vues du Cercle LPV VDM, il va me falloir désormais accéder à plus de réserve, de sobriété et de modestie dans la description des merveilleux breuvages de la soirée, et laisser à la suite de mes toutes petites notes, la place et une page grande ouverte aux commentaires de mes fraternels condisciples, que j'espère nombreux et autrement plus intéressants que les miens.
01/ Joli nez aux notes de noisettes finement grillées, du foin et du blé fraîchement coupés. La bouche est très belle en attaque, fine, franche, fraîche, tendue et saline, puis amorce une descente, un léger affaissement avant de remonter en puissance dans une très belle finale, avec de beaux amers sur une longueur plus que respectable.
On commence plutôt bien avec un bien joli vin.
Paul Pillot, St Aubin 1er cru "Les Charmois" 2007.
02/ L'élevage est plus sensible, avec un boisé assez imposant devant de belles notes briochées. Bouche puissante, imposante, généreuse, mais un peu monolithique à mon goût, et finissant sur quelques notes d'alcool dissociées. Je me trouve dur dans ces notes, mais la finesse du précédent l'a un peu desservi.
Une classe en dessous du précédent, un peu lourd et pataud en comparaison, mais ça reste un bon vin.
Gros Frère & Soeur, Hautes Côtes de Nuit blanc 2008.
03/ Nez assez fin et délicat, beurré et brioché sans excès, herbe fraîche, menthol, réglisse, c'est bien agréable de se pencher sur le verre. La bouche est nette et précise, très minérale et saline, tendue et vraiment longue, sans passage à vide, d'un très bel équilibre et en évolution constante dans le temps.
Un très beau vin de belle facture, à l'élevage plutôt discret malgré sa jeunesse. Jolie découverte pour de me ce vigneron que je ne connaissais que de nom.
François Mikulski, Meursault 1er cru "Les Charmes" 2011.
04/ Des fruits, des fleurs blanches et de la brioche au beurre légèrement toastée signent un nez de grande classe, fin, riche et complexe. La bouche offre une attaque toute en rondeur, assez ample et veloutée, généreuse, ne manquant pas de tension ni de fraîcheur malgré une acidité plutôt basse me semble-t-il. La finale est vraiment très longue, laissant revenir des notes florales et de fruits jaunes bien murs en rétro.
Excellent, il n'y a que ça à dire…
JF Mugnier, Nuits-St-Georges "Clos de la Maréchale" blanc 2006.
05/ Fruits jaunes, abricot, pèche, fruits secs et noyaux accompagnés de caramel au beurre salé et de riches notes pâtissières, à nouveau un très beau nez, plus évolué que sur les vins précédents. Belle bouche généreuse et enveloppante, d'une certaine viscosité, avec une pointe d'acidité qui donne au vin une tension qui allonge le vin vers une très belle finale, fruitée, florale, généreuse et fraîche, un délice.
Excellent là encore…
Henri Clerc & Fils, Batard-Montrachet 2001.
06/ On commence les rouges. Le premier nez assez animal en attaque devance de beaux fruits rouges bien murs. Bouche assez nette, assez tendre, laissant de belles impressions de fruit croquants et gourmands. La longueur n'est pas phénoménale, mais l'équilibre est très plaisant.
Un joli vin, plein de fruits frais.
Edmond Cornu, Ladoix 1er cru "le Bois Roussot" 2009.
07/ Nez sur la cerise noire très mure mêlée à d'autres fruits, noirs également, avec des notes de fumée, du poivre. Bouche dense et charnue, assez opulente, franche, aux tanins un peu fermes, avec une finale où l'aromatique du nez revient en force en finale.
Plutôt bien, je suis surpris à la vue de l'étiquette de la différence de ressenti avec le vin précédent.
Edmond Cornu, Ladoix 1er cru "la Corvée" 2009.
08/ Nez plus discret, mais élégant, avec de petites notes empyreumatiques accompagnant de la cerise burlat. La bouche est fraîche et tendue, délicatement tannique, avec de fins amers qui accompagnent le jus de cerise frais, c'est net, précis, plutôt léger mais très agréable.
Un très joli jus, frais, délicat et désaltérant, j'aime bien.
Bart, Fixin 1er cru "les Hervelets" 2008.
09/ Là encore, le nez est vraiment porté sur les cerises, avec plus d'ampleur que dans le vin précédent, plus de complexité, plus d'évolution dans le temps. Des notes de terre mouillée, de ronces viennent s'ajouter au fruit dans un second temps. La bouche est d'une grande finesse, diaphane et légère, avec une très jolie matière élégante et qui ne manque pas de présence malgré sa discrétion, délivrant délicatement de jolies touches aux quatre coins du palais. Jolie finale, fraîche et délicate à l'image générale du vin.
Très bon vin, délicat et élégant, tournant clairement le dos à toute intention de puissance.
Stéphane Magnien, Morey-St-Denis 1er cru "aux Petites Noix" 2008.
10/ Le nez, d'abord sur la retenue, s'ouvre rapidement sur des notes de fruits rouges et noirs très murs, très denses. La bouche est franche, assez puissante, assez dense, aux tanins un peu appuyés mais on sent le vin bien jeune et cela devrait se fondre, en tout cas la matière est généreuse et assez suave, manquant peut-être un poil de fraîcheur à mon goût, avec une finale toute en rondeur sur les fruits.
Bon vin, jeune, mais qui devrait très bien vieillir tant "il y a du vin dans ce vin".
Domaine des Croix, Beaune 1er cru "les Pertuisots" 2009.
11/ Nez sur les fruits rouges, la cerise en particulier, avec de petites notes fumées, accompagnées de ronces, avec une pointe de poivre vert. La bouche est assez agréable, franche, les tanins très fins, très nets, le vin se glissant sur la langue en laissant une sensation délicatement rafraîchissante, des fruits gourmands revenant en finale, équilibrés par une toute petite amertume bienvenue.
Très bon vin qui me rappelle un peu le style tout en finesse du Morey de Stéphane Magnien bu un peu avant.
Anne & Hervé Sigaut, Chambolle-Musigny "les Beaux Bruns" 2010.
(les Beaux Bruns existent en 1er cru et en village, ici, il s'agit bien du village).
12/ Tiens, un blanc se glisse ici, inattendu: Très beau nez, intense et fin, grillé, brioché, des fruits jaunes et blancs, des fleurs. Belle bouche suave, assez ronde, mais également fraîche et tendue, laissant remonter dans une longue finale de très belles notes mentholées au milieu des fruits, une très belle finale.
Un très beau vin, qui apporte une petite entracte qui n'est finalement pas malvenue à la suite de ces rouges.
JC Bachelet, Chassagne-Montrachet 1er cru "les Macherelles" 2006.
13/ A nouveau un rouge: Nez assez fin, ça pinote gentiment sur les fruits rouges, la cerise, avec une présence de sous-bois qui dénote pour moi une relative évolution, un peu de cuir, de tabac et de poivre blanc. Bouche droite et fine, assez épurée, nette, tanins fondus, tendue et fraîche, c'est d'une élégance quasi cistercienne, classique, sans fards, avec une très grande longueur finale, des notes de rétro sur les fruits rouges, la groseille, les épices, le tabac.
Excellent vin, du pur classicisme bourguignon bu au bon âge dans l'idée que je m'en fais.
Comtes Lafon, Volnay 1er cru "les Champans" 2002.
14/ Nez un peu plus marqué par l'élevage, la fumée et les épices, mais également plein de beaux fruits rouges, framboise cerise et groseille, joli, on s'y attarde avec plaisir. La bouche est assez ferme, sans doute un peu jeune pour être dégusté aujourd'hui, ou manquant d'aération. Je la trouve à cette heure un petit peu rêche et dure, surtout en finale, malgré une matière que l'on sent dense, gourmande et bien travaillée, et qui me donne l'impression que ce vin aura beaucoup plus a offrir que ce qu'il donne aujourd'hui. Une très longue finale confirme dans mon esprit cette impression.
Bon voire très bon aujourd'hui, mais excellent demain je crois.
Bouchard Père & Fils, Beaune 1er cru "Vigne de l'Enfant Jésus" 2007.
15/ Joli nez, élégant, des fruits rouges, une note végétale, du cuir, petite pointe fumée, pinotant tranquilement. Bouche soyeuse, élégante au possible, fraîche et tendue, gourmande et ronde, aux tanins bien assouplis et parfaitement à leur place, un bien beau jus de cerises et autres fruits rouges. La finale offre beaucoup de plaisir, longue, pleine de fruits acidulés, d'agréables amers, une impression de beau bourgogne classique.
Très bon, nous l'avons d'ailleurs presque tous pris pour un grand cru..
Castagnier, Morey-St-Denis "aux Chézeaux" 2006.
Au final donc, une très belle dégustation pour notre Cercle, qui vient conclure une très belle année qui a vu s'enchainer de nombreuses belles rencontres, dans un groupe bien vivant, et plein de nouveaux projets de dégustation. La joie parfois potache que nous avons à nous retrouver ne faiblit pas, et je dois dire qu'en à peine plus de 2 années d'existence, nos soirées se sont imposées comme des temps forts de ma vie d'amateur, et je compte désormais de nombreux nouveaux amis pour partager et découvrir de beaux flacons. LPV VDM reste ouvert, de nouveaux membres nous rejoignent régulièrement, et ce sang neuf accroit notre plaisir de nous retrouver, même s'il diminue parfois ce qui reste dans nos verres. Nous avons décidé, pour palier à cette diminution des volumes, d'essayer de multiplier les dégustations, de les rapprocher, pour nous donner encore plus de moments ensemble, et moins de regrets lorsque nous ne pouvons nous libérer.
Alors merci à tous mes condisciples, mes frères d'armes, compagnons, camarades, à mes amis.
Bla bla bla, bla bla bla...