Edit avec les précisions et informations complémentaires du domaine
Définitivement un des beaux moments de notre séjour
Jean-Marc Roulot nous accueille en fin d’après-midi. Nous prenons chacun un verre et descendons sous le grand pavillon dans la cave que je n’aurais pas cru si grande de l’extérieur.
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2012 comme ailleurs?
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La récolte 2012 fut ici aussi plus maigre en volume. La première conséquence est qu’il n’y a pas de Monthélie, ni blanc, ni rouge cette année. L’autre, plus visuelle, est que les casiers au bas des marches contiennent une proportion plus grande de Bourgogne blanc qu’à l’accoutumée. En terme de qualité en revanche, la coulure et le millerandage ont conduit les plants à donner des grappes plus petites et plus concentrées. Nous en verrons la traduction en terme de matière et de condensé de saveurs. Nous nous dirigeons vers le tonneau qui fait office de pupitre de dégustation. Le millésime vient d’être mis en flacon.
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Les terres du domaine
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Le domaine regroupe une surface assez remarquable de 15 ha de vignes dont 3 récemment acquises en 2011 et comprenant le Clos des Bouchères.
En cherchant un peu j’ai retrouvé que cette dernière parcelle était précédente propriété du groupe Cottin Frères (Domaine René Manuel). Elle fut pour Jean-Marc une bonne surprise, la terre était assez saine. Notre vigneron estime à 4-5 le nombre d’années encore nécessaires avant de la mettre au niveau des autres. Le domaine ne pouvait acquérir seul le terrain, les prix sont devenus conséquents. Jean-Marc a donc décidé de recourir à des investisseurs externes avec la garantie de pouvoir exploiter la parcelle plus d’une dizaine d’années. Le recours à de tels acteurs de financement semble presque tabou dans la région. Et c’est parce que nous avons posé la question que le sujet a été abordé. Il faut dire que les prises de participation chinoises viticoles ou industrielles ont été bien médiatisées ces dernières années. Réflexion complètement personnelle: je n’y vois pas d’inconvénient. Si le partenaire est sûr et que l’équivalent n’a pas été trouvé en métropole, il faut bien élargir les horizons.
Jean-Marc nous parle ensuite de l’importance de la ligne topographique de mi-coteau parcourant la partie Ouest de Meursault du Nord au Sud, depuis Meix les Chavaux jusqu’au tiers supérieur des Charmes Dessus. Sur une même parcelle, vous aurez deux vins complètement différents que vous soyez proche ou éloigné de cette médiane.
Je me permet de reprendre la carte du BIVB pour que vous puissiez mieux la représenter. S’il faut la retirer, n’hésitez pas à me le signaler.
La culture est « en biologie » depuis longtemps mais le domaine n’avait pas jugé nécessaire de passer la certification jusqu’il y a peu. Il semble que cela soit désormais un critère important pour un nombre croissant de consommateurs et clients, notamment hors de nos frontières. Le processus est désormais terminé.
Jean-Marc ne recours que très peu au bâtonnage, il laisse le vin manger ses lies.
A ma question que je croyais appropriée dans le contexte
« - Pratiquez-vous beaucoup de pigeage?
- Vous voulez dire pour les rouges?
- Euh… oui (ouin, ouin, ouin, moment de solitude)
- Oui, peu en revanche »
J’ai gagné un aller simple pour les méthodes de vinification rouge vs blanc
Jean-Marc nous confirme que faire un rouge est un métier complètement différent du blanc.
[size=x-large]L'élevage[/size]
Pour tous les blancs, sauf l'aligoté qui ne voit que la cuve, l'élevage s'effectue 1 an de fûts puis 6 mois en cuve. La proportion de bois neuf dans la futaille est en moyenne:
de 8 à 10% pour les Bourgogne Blancs
de 15 à 20% pour les Meursault Villages et
de 25 à 30% pour les premiers crus.
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Passons à la dégustation des 2012
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Elle sera émaillée des riches commentaires de Jean-Marc qui permettront de mieux comprendre les vins dans nos verres.
Bourgogne
Le volume est déjà présent au nez. L’expression aromatique est belle et se décline sur le citrus. La réduction est moindre comparativement à 2011 mais présente. Le profil est plus riche et cela n’en reste pas moins tendu. C’est d’ailleurs l’unité que nous allons pouvoir dégager.
B
Meursault village
Constitué par assemblage de plusieurs parcelles que Jean-Marc n'a pas souhaité faire individuellement pour ne pas ajouter aux déjà nombreuses autres appellations. Le point commun réside dans leur emplacement en bas de coteau. C’est parfaitement droit et tendu. La structure est limpide et lisible.
B
Meursault Les Vireuils
L’attaque est fine. La ligne directrice sur la tension demeure. Elle est complétée ici par de la noix de coco verte fraîche. La matière accroche davantage.
B+
Meursault Meix les Chavaux
Comparativement plus démonstratif et peut-être plus immédiat. Le vin est large, droit et vif à la fois. Le volume est étiré sur les 4 dimensions.
TB-
Meursault les Luchets
Plus contenu, il laisse goûter en plus du citron, du tilleul. Le vin plonge au milieu de la langue sur la vivacité.
TB-
Meursault Tesson Mon Plaisir
Sur un sol argileux, on ressent une richesse et une complexité plus grande dans une ligne conductrice qui demeure reconnaissable.
TB
Nous continuons avec
Meursault 1er cru le Clos des Bouchères
Nous sentons de suite un vin plus solaire. Il présente davantage de rondeur, de gras tout en conservant un fil tendu. Etant le terroir le plus exposé au soleil, il est par conséquent l’endroit vendangé en premier.
TB
Meursault 1er cru les Charmes
Un vin plaisant, fait de belles courbes qui emmènent la bouche dans une valse de saveurs successivement sur les papilles, sur le pourtour de bouche, le palais et de nouveau sur la langue. Le vin glisse tel un patin sur la glace avec de l’ananas, du tilleul et une légère acidité.
Excellent -. Ma moitié perçoit un pouillième de perlant, ce que je constate également après qu’elle me l’ait indiqué. Jean-Marc presque étonné qu’on le perçoive précise qu'il n'en ajoute pas avant la mise. Il s'agit de celui issu du processus de vinification. Lors du dernier soutirage, il fait en sorte de ne pas trop dégazer le vin pour garder des bons niveaux de CO2. Rien de bien dérangeant puisqu’il disparaît vite.
Meursault 1er cru les Perrières
Discret en attaque, le vin s’exprime rapidement sur une précision millimétrée. Plus vif, moins charmeur que le Perrières goûté le matin, il est cependant un nectar condensé à l’aube de sa vie. Du citron vert, de l’aubépine, une micro pointe de yuzu. Le cylindre est taillé au laser. On s’y perd facilement. Et pour ne rien gâcher, la longueur est phénoménale.
Excellent
Jean-Marc avoue qu’il a mis du temps à aimer 2012 en raison des épreuves qui ont semé le millésime. Il prise plutôt les millésime dits « petits » qu’il réussit exceptionnellement bien. Je vous convie à goûter ses 2004 et 2011. Lorsque nous lui posons la question si justement la concentration plus grande n’amènera pas un millésime de garde, il acquiesce effectivement que 2012 sera certainement un grand millésime, construit pour défier le temps.
Nous regoûtons le Clos des Bouchères 2012 pour mieux passer au
Meursault 1er cru le Clos des Bouchère 2011
Le vin est apaisé. Il est également plus tendu, plus étiré et long que 2012. Difficile de ne pas déjà succomber.
TB
Meursault les Luchets 2005
Le nez est un vaste champs floral. L’évolution du vin maintient sa précision en ajoutant une tarte au miel avec un très léger gras qui donne un début d’onctuosité.
TB
La série montre une remarquable unité, dangereusement digeste
. On décèle clairement un style Roulot: tendu, précis et dans un équilibre haut d’une grande maîtrise. Jean-Marc semble ravi qu’on l’ait noté. Pour y parvenir, il évoque les quelques leviers d’action pour « étirer l’élastique et l’encapsuler ». Le domaine faisait longtemps parti de ceux qui vendangeait le plus tôt, si ce n’était le seul. Il a été rejoint depuis par nombre autres. Il prête également une attention particulière à la durée de l’élevage, passée de 12 à 18 mois + cuve.
Pour aller au delà des traits communs à ses vins il faut une attention supplémentaire pour déceler les différences d’un terroir à l’autre mais la variété est bien présente.
Nous retraçons enfin brièvement le parcours de Jean-Marc, son activité annexe, ses choix et ses non-choix, son premier millésime en 1989 et l’importante pression qui l’accompagnait, son chemin pour pousser plus encore la biologie. Lorsque nous lui demandons les apports dont il est le plus fier, il mentionne les travaux bio dans les vignes et le rallongement de l’élevage pour perpétuer la patte Roulot. On sent de la fierté d'avoir pu inscrire le domaine familial dans notre époque et l'avoir amené plus haut encore dans la qualité. Jean-Marc ne demeure pas moins d’une grande modestie, écoute et amabilité.
Ce fut la dernière visite du vendredi, mais quelle visite !!!
NB: Pareillement qu’à d’autres domaines, plus rien à vendre.