Amoureux de longue date des vins de Bourgogne, la dégustation d’une bouteille issue du prestigieux Domaine de la Romanée-Conti a toujours constitué (et constituera probablement toujours!) un événement fort et marquant de ma vie d’amateur de vins.
Alors imaginez ma joie lorsque, il y a un an environ, l’ami Serge nous propose de nous réunir avec comme thématique le partage de quelques flacons du Domaine patiemment collectés et choyés en cave par chacun d’entre nous. L’achat en commun d’une Romanée-Conti 1923 (mise Vandermeulen) sera finalement le catalyseur de l’événement.
Une telle soirée méritait un écrin gastronomique à sa mesure. C’est donc le Taillevent qui fut choisit. Et il fut à la hauteur ! Bravo à l’équipe de ce prestigieux restaurant pour la qualité de son accueil et de son service qui sait allier à merveille le plus grand professionnalisme et une touche de décontraction qui met tout le monde à l’aise. Un immense merci aussi à Alain Solivérès pour sa cuisine savoureuse mais aussi pour avoir accepté de mettre les plats servis à la portée des vins en amendant ici ou là ses recettes afin de faciliter les accords.
Assurément un grand souvenir.
[size=small]PS: désolé pour le formatage des photos qui change mais le nouveau serveur n'autorise pas la publication en pleine page.[/size]
Gougères,
Noix de coquilles Saint-Jacques au céleri,
Champagne Taillevent Grande Sélection,
Montrachet, Domaine de la Romanée-Conti, 2001
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Le champagne Taillevent Grande Sélection servi est issu de la maison Deutz. La bulle est fine et idéalement désaltérante pour préparer et exciter au mieux les papilles. C’est un joli Champagne d’apéritif. La robe du Montrachet se pare d’un beau jaune d’or. Le nez est franc et pur, sur des notes de beurre frais et de menthol L’attaque en bouche est ample et majestueuse. Elle révèle un gras et une richesse qui sont équilibrés par une acidité magnifique qui supporte un développement en bouche qui semble ne jamais finir ! Le vin est à la fois riche et opulent mais aussi superbement vibrant et complexe. Longueur superlative. Grand accord avec la chair onctueuse des Saint-Jacques.
Mignon de veau de lait du Limousin aux champignons des bois,
Grands-Echézeaux, Domaine de la Romanée-Conti, 1999
Grands-Echézeaux, Domaine de la Romanée-Conti, 1957
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Le Grands-Echézeaux 1999 offre un superbe nez de fruits rouges qui évolue doucement vers des notes de ronces. L’attaque en bouche est riche, onctueuse et très fruitée. Le vin est dense, voluptueux et marqué par de très beaux tanins parfaitement bien intégrés en finale. Même s’il est plaisant à boire aujourd’hui sur sa gourmandise (l’accord avec le poivre du plat est remarquable), on sent la nécessité qu’il s’affine en cave afin d’exprimer tout son potentiel et de gagner en complexité. En parlant de complexité, le nez du 1957 est tout simplement éblouissant ! Un véritable kaléidoscope qui va de la truffe blanche au rancio noble des grands Rioja (ancienne école) en passant par la gamme des fleurs séchées au premier rang desquelles roses et pivoines figurent en bonne place. L’instant est magique ! On rêve … on hésite à boire pour en profiter plus longtemps. Et la bouche prend le relai avec une facilité et une fraîcheur déconcertante. Le vin est subtil, complexe, long et aérien. C’est le bonheur !
Rognon de veau aux légumes d’automne caramélisés,
Romanée-Saint-Vivant, Domaine de la Romanée-Conti, 2002
Romanée-Saint-Vivant, Domaine de la Romanée-Conti, 1989
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Le nez de la Romanée-Saint-Vivant 2002 nous ramène quelques années en avant, sur de belles notes de fruits rouges. La bouche est fraîche (plus vive que 1999) et très florale, marquée par de belles notes d’hibiscus et de pivoines. Le vin est à la fois fin, subtil et élégant mais il dévoile quand même une structure bien présente en finale. On sent un grand potentiel dans cette bouteille qu’il convient de garder même si nous avons pris beaucoup de plaisir à la boire. De façon assez surprenante, c’est sur une pointe de réduit (qui disparaitra à l’aération) que la Romanée-Saint-Vivant 1989 se présente à nous. Le nez évoluera doucement vers des notes classiques d’humus et de sous-bois. Issu d’un millésime plutôt chaud, nous attendions un vin qui commence à s’ouvrir. Nous aurons au contraire un vin compact, austère, encore relativement fermé et porté par une trame acide bien marquée. En l’état, il n’offre pas le plaisir des vins précédents en dégustation pure mais il tirera bien son épingle du jeu, sauvé par une très belle association avec le rognon et l’onctueux des légumes caramélisés.
Perdreau patte grise aux salsifis,
La Tâche, Domaine de la Romanée-Conti, 1999
La Tâche, Domaine de la Romanée-Conti, 1996
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Le nez de La Tâche 1999 évoque immanquablement les mêmes notes que celles du Grands-Echézeaux 1999 (fruits rouges et ronce) mais avec plus d’intensité et de profondeur. La bouche est un choc ! Le vin est dense, juteux et voluptueux. D’une richesse incroyable, il provoque en bouche une multitude d’explosions aromatiques qui rendent sa longueur interminable et excitent sa complexité! Il offre aussi une profondeur extraordinaire qui transporte littéralement les sens. En bref, un vin immense qui dispose d’un potentiel immense ! Face à ce monument de richesse et de concentration, il fallait une "cathédrale gothique" pour pouvoir exister. Ce fut le cas de ce La Tâche 1996 qui présente un nez beaucoup plus vif, tendu et élancé. La vivacité et la fraîcheur du millésime se retrouvent en bouche, alors que les arômes commencent doucement à évoluer vers les magnifiques notes de roses fanées qui signent les grands pinots à maturité. Le vin s’exprime tout en verticalité, la structure acide (parfaitement intégrée) permettant aux arômes de s’exprimer en queue de paon. Un vin magnifique qui offrira, de surcroît, un accord splendide avec le perdreau.
Gigue de chevreuil à la royale, sauce grand veneur,
La Tâche, Domaine de la Romanée-Conti, 1982
La Tâche, Domaine de la Romanée-Conti, 1957
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A ce stade de la dégustation, les robes des vins s’éclaircissent pour nous offrir ces incroyables teintes délicates et diaphanes que le pinot noir ancien sait arborer. Le nez de La Tâche 1982 se révèle assez vif, sur des notes d’humus et de sous-bois. La bouche conserve une acidité tranchante qui encadre le développement aromatique vers des notes classiques de roses fanées. Longueur et complexité aromatique sont au rendez-vous de ce vin qui offrira un très bel accord avec une gigue de chevreuil époustouflante ! Le nez de La Tâche 1957 nous ramène instantanément quelques vins en arrière au moment du Grands-Echézeaux 1957 : des notes orientales envoûtantes d’ambre, de thés fumés et de fleurs séchées. Une bouche sublime, enivrante, fascinante, longue, complexe, tourbillonnante… ! Pour reprendre l’analogie architecturale, nous sommes cette fois transportés au sein du Palais des Mille et Une nuits ! Mon idéal de vin ! Je suis subjugué. La dégustation croisée des 2 crus (Grands-Echézeaux & La Tâche) sur 2 millésimes suffisamment éloignés (1999 & 1957) est une expérience unique et extraordinairement enrichissante.
Richebourg, Domaine de la Romanée-Conti, 1973
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Compte tenu du caractère difficile du millésime, le Richebourg 1973 se présente à nous seul afin que nous donner toutes les chances de profiter de la délicatesse de sa structure. Son nez évolue dans un registre élégant de sous-bois et de champignons. L’attaque en bouche est plutôt vive et aromatique mais il manque un peu de matière en milieu de bouche et le vin finit un peu court sur des tanins assez marqués. C’est un vin de parfum dont il faut profiter en le humant longuement.
Ris de veau et son risotto d’épeautre truffé,
Romanée-Conti, Domaine de la Romanée-Conti, 1961
Romanée-Conti, Domaine de la Romanée-Conti, 1923 (mise Vandermeulen)
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Le nez de la Romanée-Conti 1961 est tout simplement magnifique. Il évolue dans le registre classique de la rose fanée. Moins oriental que celui de La Tâche 1957, il est plus traçant, plus évanescent et au final plus aérien. La rémanence aromatique est grandiose. L’attaque en bouche est tout d’abord marquée par des notes d’oranges sanguines. Le développement en bouche est une expérience unique et émouvante. Le vin n’est ni particulièrement riche, ni particulièrement concentré. Il se développe cependant doucement en bouche, étend ses ailes aromatiques, ouvre sa queue de paon et impose sa présence, sa marque, sa finesse, doucement, inexorablement, majestueusement. Cela dure longtemps, très longtemps ! Et cela provoque des frissons ! Complexité et finesse superlative. Un moment de grâce au-delà des mots. La finesse faite vin ! Ma plus grande Conti. A la hauteur du mythe. Le nez de la Romanée-Conti 1923 est marqué par une légère pointe acétique indiquant clairement un millésime chaud. La bouche confirme cette impression. Elle est riche, onctueuse et donne une impression presque sucrée. Le vin est long, complexe et très rémanent en bouche. Il offre des arômes torréfiés qui, conjugués à sa richesse, vont former un accord magistral avec les magnifiques ris de veau servis. Un moment inoubliable.
Fondant au thé Sakura, saveurs de poires et pomelo,
Vouvray Cuvée Constance, Domaine Huet, 1997
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Le vin arbore une robe tuilée absolument superbe. Les notes d’oranges amères jaillissent hors du verre comme autant d’invitation à la dégustation. La bouche tient toutes les promesses du nez. Les sucres sont encore bien présents mais ils ont commencés à s’arrondir et à se complexifier. La fraîcheur du vin est remarquable.
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Un immense merci à tous pour ce moment d’exception qui, je pense, restera à jamais gravé dans nos mémoires.
Christophe