Domaine Joblot, Passage au domaine
2 semaines, jour pour jour, après une formidable journée bourguignonne (voir
ici
, entre autres), je remonte en Bourgogne avec l'ami Cédric pour une belle séance de dégustation, qui se clôturera le soir autour d'un superbe repas, près de Beaune, avec d'autres amis LPViens. L'agenda de la journée a été calé un peu à la dernière minute, en mode "à l'arrachée"...mais on y est arrivé! Notre première étape nous porte en fin de matinée au Domaine Joblot, à Givry. Ayant bu quelques bouteilles, généralement assez convaincantes (
Givry 1er Cru, Clos du cellier aux Moines, 2006
, et très récemment
Givry 1er Cru, En Veau, 2015 (blanc)
), et Cédric étant dans la même optique, ce dernier a gentiment organisé un rendez vous au domaine pour goûter une partie de la production sur le millésime 2017, fraîchement embouteillé. Celà tombe bien car le domaine ne reçoit
(et ne vend que le dernier millésime embouteillé) que 2 mois dans l'année: en Novembre et Décembre, car après, en principe, il n'y a plus rien à vendre.
Nous sommes reçu par Michaël, non sans avoir croisé auparavant Jean Marc, le père de Juliette qui gère désormais le domaine.
Concernant le domaine, la clientèle particulière représente 30% environ, puis le reste est attribué au réseau CHR
(Caviste, Hôtellerie, Restauration), avec un peu d'export, en particulier au Canada. Le domaine représente environ 14 ha, sur des parcelles très proches, entourant le domaine et exclusivement situées sur la commune de Givry. L'encépagement est de 80% de Pinot Noir pour 20% de Chardonnay. Depuis que Juliette est à la tête du domaine, un gros travail a été effectué sur les blancs, en terme de travail au chai. Il n'y a pas de chaptalisation. La vendange, 100% égrappée, est rentrée et pressée, puis la cuvaison s'opère en quelques jours/semaines, dans des cuves à brassage presque fermées sur le dessus et munies d'hélices, empêchant tout pigeage. Enfin le jus est mis en fûts lorsque 30% des sucres ont été consommé. La futaille est composée de fûts François Frère, à la chauffe moyenne et/ou légère.
Le millésimes 2017
(touché par le gel à 30%, surtout en bas de coteau) est qualifié de bon, le 2018 s'annonce magnifique, avec d'excellents volumes et des raisins qui pourraient donner des vins à 14%...
Nous commençons la dégustation par 2 vins blancs en 1er Cru, car il n'y a pas de Village, gelé en 2017.
Givry 1er Cru, En Veau:
(Fût Neuf et Fût d'un vin, à 50/50). Le climat "En Veau" est longtemps resté en friche, il s'agit d'un terroir riche, sur des terres blanches argileuses, et assez productif
On a un nez de poire, fumé, avec un fond silex et fleurs blanches. La bouche est pure et élancée, avec un bel éclat fruité et floral. Il a une belle tension, et se conclue par un retour sur le gravier humide, qui lui confère une allonge satisfaisante et rafraîchissante. Il parait assez immédiat.
TB-E
Givry 1er Cru, Mademoiselle:
Il s'agit d'un assemblage de Servoisine blanc (2,4 ha) et de En Veau, avec 60% de fût neuf.
Le nez est très beurré, avec des notes variétales de chlorophylle et de menthe. La bouche est puissante, avec un fin pétard, de la menthe, du poivre blanc, du citron vert. L'ensemble est plus large, avec une finale pas tout à fait en place, un brin chaleureuse. C'est un vin qui appelle clairement la gastronomie, alors que
"En veau" semble plus passe-partout, et est à attendre quelques années.
TB
Nous enchaînons avec 3 vins rouges.
Givry 1er Cru, Clos du Cellier aux Moines:
2 ha, derrière le domaine. Très récemment embouteillé.
Le nez présente un peu de CO2 en même temps que de la réduction. L'aération libère un joli fruité, assez nerveux, sur la myrtille, le basalte chaud, un soupçon d'hémoglobine. La bouche est fine, autour d'un joli acidulé centré sur la groseille. Les épices apparaissent, avec du poivre et de la ronce en première ligne, ce qui lui confère une belle fraîcheur et une certaine tension, sensations renforcées par des notes d'agrumes.
B-TB
Givry 1er Cru, Clos Marole:
1,5 ha, exposé plein Est.
Le nez est fermé, puis se libère doucement sur des notes fumées et de violette. La bouche, droite et bien construite, me semble plus dure et asséchante. Il me paraît complètement fermé aromatiquement, avec juste une sensation de pétard et de mèche soufrée, complétée timidement par quelques notes de baies rouges. Il est plus dense, avec une mâche également plus importante. Difficilement lisible, a attendre et à revoir.
AB-B
Givry 1er Cru, Empreinte:
Sélection sur fûts des 4 Premiers Crus du domaine: Clos du Cellier aux Moines, Servoisine, Clos Marole, Bois Chevaux.
Le nez est fumé et sanguin. La bouche est épicée et finement poivrée, avec des notes d'orange sanguine. La bouche est asséchante, clairement dominée par le bois, avec un fond végétal. La matière est assez dense, avec des tanins un peu rigides et anguleux.
B
Il est désormais temps de prendre congé, et récupérer quelques cartons. En Veau m'a une nouvelle fois fait très bonne impression, alors que les rouges sont déstabilisés par leur embouteillage très récent, qui ne date que de quelques jours pour certains. Il n'en reste pas moins que les jus semblent de bonne qualité et correspondent à priori aux standards du domaine. Il sera intéressant, d'une part, de regoûter ces vins après quelques temps de garde, et surtout, après qu'ils aient eu une période de repos, afin de pouvoir les réévaluer. D'autre part, je serais curieux de pouvoir comparer les différents 1er Crus avec la cuvée Empreinte qui, en l'état, ne me semble pas supérieure aux cuvées goûtées.
Merci encore au domaine Joblot, et à Michaël, pour les explications fortement intéressantes concernant le domaine en général, tant en terme de vision, que de travail à la vigne ou au chai. Maintenant, direction Savigny Lès Beaune...