Domaine Michel Bouzereau et Fils, les 2020 sur fûts
Jean-Baptiste nous accueille avec le sourire comme chaque année.
Nous abordons l'impact du gel d'avril pour apprendre que ce fut un gel de coteaux qui a impacté des parcelles qui n'avaient jamais gelé jusqu'à présent. Dans une certaine mesure, l'inverse de 2016
C'est un désastre dans le secteur de Blagny, Perrières et Charmes.
A tel point qu'il envisage de réunir les raisins dans une seule cuvée.
Il avisera au moment des vendanges car il peut encore se passer beaucoup de choses d'ici là.
Concernant les moyens de protection, il pense que pour être plus efficace, il faudrait que tout le monde chauffe afin de rendre la lutte plus homogène et que chacun bénéficie des efforts des voisins.
Pour autant il n'y aurait peut-être pas eu grand chose à faire contre la couche de neige qui était tombée et le vent glacial.
Et dire qu'une semaine plus tôt les habitants de Meursault pouvaient diner dehors pour profiter du temps estival !
il estime que le problème ne vient pas du gel mais du beau temps trop précoce qui a précédé le retour du froid.
Nous entendrons le même discours plus tard chez Roulot, la vigne a démarré très vite avant de subir ce brusque changement de temps qui sera fatal pour beaucoup de pieds.
Pour autant, Jean-Baptiste ne se laisse pas abattre par ce coup dur météorologique et il nous avoue que pour se remonter le moral il descend en cave où se reposent les jolies vendanges de l'année précédente.
-"Est-ce qu'on a le temps de goûter un peu ?"
-"Mais avec grand plaisir"
Nous le suivons et constatons effectivement que la cave semble bien remplie.
Le chardonnay a été moins impacté que le pinot par le climat de 2020
Bourgogne
Nous craignions que 2020 soit de la confiture de chardonnay, il n'en sera rien et nous commençons par une cuvée bien agréable qui ne présente aucune des caractéristiques qu'un millésime trop chaleureux pourrait avoir.
Le vigneron nous explique que toute l'année s'est bien passée et qu'il a vendangé assez tôt entre le 23 et le 29 Août.
C'est la première fois de sa carrière qu'il a tout fini si tôt.
Cela étant il reste humble et ne prétend pas détenir la recette parfaite.
A chaque vigneron de vendanger quand bon lui semble.
Bourgogne "Clos du Moulin"
Nous comprenons immédiatement l'intérêt d'isoler cette parcelle.
C'est plus ample et un peu plus complexe.
Le générique précédent nous semble subitement plus petit.
Jean-Baptiste nous explique que cette parcelle fait partie de celles qui auraient pu être classées en Meursault.
Gaétan repère des sortes d'oeufs dans un coin et il demande de quoi il s'agit.
C'est du grès et justement dans l'une des deux il y a du Bourgogne "Clos du Moulin".
Le vigneron nous propose de goûter pour comparer.
C'est bien plus strict et austère.
Cela conforte l'idée que l'élevage sous bois, lorsqu'il est bien maitrisé, reste particulièrement adapté pour le chardonnay dans cette région.
Meursault "Les Grands Charrons"
Nous retrouvons l'archétype d'un Meursault classique, en rondeur et globalement bon mais qui dans cette cave souffre de la concurrence avec les cuvées voisines.
Ceci dit, je le trouve toujours plus rapidement accessible que les tessons par exemple.
Un village qui sera à privilégier pour ceux qui souhaitent ouvrir rapidement leurs bouteilles ou tout simplement pour ceux qui recherchent un certain classicisme quand il est écrit Meursault sur une bouteille.
Meursault "Le Limozin"
"I will be back" ( L'occasion pour moi de placer la moitié de mes connaissances dans cette langue
)
Le dernier millésime était 2015 juste avant l'Apocalypse now de 2016
Premières vendanges pour cette très jeune vigne et un résultat plus que convainquant.
On y trouve plus d'énergie que dans les grands charrons.
Un vin plein de vigueur qui possède déjà une belle structure.
C'est vraiment bon et nous comprenons que les raisins n'aient pas été déclassés comme ce peut parfois être le cas avec les premiers millésimes d'une nouvelle plantation.
Meursault "Les Tessons"
Une cuvée qui ne se goûte pas toujours bien en cours d'élevage ou juste après la mise.
Cette fois elle sera lisible pour nos palais avec une trame minérale caractéristique et beaucoup plus de longueur dans la finale que les autres villages.
Nous aimons beaucoup mais cette verticalité peut perturber des gens habitués à plus de rondeur.
Nous trouvons en tout cas que les caractéristiques des différentes parcelles de Meursault village ne semblent pas être masquées par le poids du millésime.
J'insiste un peu là dessus mais je dois avouer être arrivé avec des aprioris assez forts sur 2020.
Ils se seront complètement envolés au cours de cette dégustation.
Puligny-Montrachet 1er cru "Les Champs Gains"
Jean-Baptiste venait de nous dire que nous sommes passé au bon moment car les vins se goûtent particulièrement bien et comme par hasard nous tombons sur la seule cuvée que je qualifierai de fermée.
Une réduction plus marquée fera qu'il est préférable de ne pas donner d'avis à ce stade.
A revoir
Meursault 1er cru "Charmes"
Un joli vin relativement ample mais j'avoue que je m'attendais à plus de richesse au regard de l'appellation et du millésime.
C'est bien équilibré avec une belle fraicheur, un Charmes tout en élégance.
Meursault 1er cru "Genevrières"
Gaétan a regretté que je ne sois pas venu avec mon pick-up.
Nous aurions pu charger un fût pour le remonter en Lorraine.
Que dire de plus si ce n'est que nous avons là une Genevrières assez exceptionnelle.
Beaucoup de tonicité et de l'énergie qui donne de l'allonge au vin.
Je ne peux m'empêcher de penser que c'est un Tessons en mieux.
On retrouve des caractéristiques plus minérales que fruitées mais ce n'est pas austère du tout.
Il y a cette pointe de gourmandise, jamais lourde, telle un dessert délicat en fin de repas dont on ne se rassasie pas.
Meursault 1er cru "Perrières"
La transition est facile puisque nous restons sur un plateau qualitatif très haut.
En toute honnêteté si Jean-Baptiste avait inversé les 2 cuvées sans nous le dire, je ne suis pas sur d'avoir pu voir la différence.
Il y a peut-être un léger supplément de matière mais nous retrouvons tout simplement un très grand vin blanc comme c'est toujours le cas depuis que je passe au domaine.
Cette amplitude combinée à une fraicheur laisse à penser que cette bouteille pourra aller très loin tout en pouvant être dégustée assez vite.
J'en avais déjà fait l'expérience sur 2017 et ce n'est pas pour nous déplaire.
Puligny-Montrachet 1er cru "Le Cailleret"
Là nous changeons de registre pour aller du coté des blancs tanniques.
Beaucoup de corps pour ce chardonnay qui ne fait pas l'unanimité dans notre voiture.
Gérard et moi aimons beaucoup alors que Gaétan apprécie moins.
Le vin est plus massif et paradoxalement il nous semble bien plus mûr alors que c'est cette parcelle qui est vendangée en premier.
il s'agit donc bien d'un terroir assez particulier.
Jean-Baptiste n'en fait d'ailleurs jamais trop de publicité en raison de la petitesse des volumes dont il dispose et de la demande planétaire.
Pour l'instant rien ne garantie que cette cuvée existera en 2021
Il est maintenant temps de se quitter.
La dégustation des blancs en cours d'élevage n'est pas toujours facile mais cette fois nous avons eu la chance de découvrir des cuvées qui se laissaient approcher relativement bien.
En arrivant au domaine, nous n'imaginions pas déguster toute la gamme sur 2020.
Nous repartons enchantés avec la certitude qu'il sera préférable de ne pas faire d'impasse sur les vins blancs beaunois chez les vignerons qui auront su garder de la fraicheur.
C'est d'autant plus vrai que les volumes étaient limités sur le millésime précédent et qu'ils sont déjà bien compromis sur le suivant
Il ne reste qu'à espérer que les bourgeons rescapés ne connaitront pas d'autres misères en cours de route.
Cette visite reste un des meilleurs moments de nos périples bourguignons et c'est avec grand plaisir que nous repasserons dans ce domaine l'année prochaine.