Des années d'impasse… et puis, finalement la curiosité est plus forte.
A force d'entendre et de lire tant de choses concernant les composantes très différentes d'une région, la découverte s'impose comme une évidence.
Au départ, loin de moi l'idée de revenir avec des certitudes !
Il s'agit là , plutôt, de prendre quelques marques (de belles !…), certain d'avoir à consacrer d'autres week-ends pour approfondir cette connaissance de(s) la Côte(s).
La Bourgogne pour moi, c'est un peu comme pour quelqu'un qui a participé à son premier convoyage sur un bateau à voile, qui s'est fait secouer les puces par la mer et l'âpreté d'une telle expérience (parfois), qui ne remet plus les pieds sur les pontons pendant des années et qui, un jour, s'entend dire par l'un de ses amis :
« Il me manque un équipier pour ces deux jours de régate, tu viens ?… »
Et il replonge !…
Pour l'occasion, l'équipage était composé de huit personnes. Le 12m JI était un minibus et les heures de route étaient nombreuses !
Destination : Beaune, avec pour but de découvrir (et faire découvrir) les composantes essentielles de la Bourgogne :
- une grande maison de négoce au prestige certain et établi,
- un domaine familial, dans toute l'acception du terme, producteur de vins blancs de la Côte de Beaune,
- un autre domaine, familial également, proposant une belle gamme de vins rouges de la Côte de Nuits, s'appuyant sur une notoriété assez récente, mais solide et non usurpée.
1.Maison Louis Jadot, à Beaune :
Un nom qui ne laisse pas indifférent. Un slogan : « Toute la Bourgogne, uniquement ». Une présence indiscutable : 150 vins en Bourgogne et Beaujolais. Un credo : « A travers chaque village, chaque climat, nous laissons s'exprimer une Bourgogne différente ».
Après quelques minutes d'attente, notre guide ponctuel (il est pile 10h30 !) nous accueille chaleureusement. Il s'agit presque là de retrouvailles, même si aucun d'entre nous n'a eu l'occasion de le rencontrer : nous venons tous de La Roche sur Yon, la ville qui fut celle de toute la jeunesse de Jacques Lardière, à Beaune depuis plus de trente ans ! Une sorte de lien amical qui fera sans doute que notre visite se prolongera près de trois heures !
Pourtant, Jacques Lardière est sans doute un homme pressé ! Nous le devinons dès les premiers pas dans le cuvier circulaire coiffé d'une superbe charpente en châtaigner. Pressé, mais attentif à tenter d'expliquer, en quelques phrases, tout ce qu'il ressent, au plus profond de lui, tout ce qu'il voudrait faire passer pour expliquer ce que doit être un grand vin.
Cercle, molécule, tension, minéralité… Gageons qu'il doit être parmi ceux qui totalisent les plus belles collections de visages circonspects, faces à eux !…
On a envie d'être à la hauteur, d'être attentif, d'être vigilent et concentré, mais son envie d'être plus concret, de vous faire découvrir tous ces vins, l'emporte soudain et quelques marches nous conduisent dans les chais souterrains. Des trésors par milliers !… Dire que, lors de certaines phases essentielles, notre hôte se fait un devoir de toutes les apprécier !…
« Prenez un verre et suivez-moi ! »
En même temps, il glisse dans une de ses poches une série de pièces en bois, qu'il laissera sur les barriques dégustées, afin d'en réajuster le niveau. Un travail de fourmi !
Pour info, les vins ne sont pas dégustés à l'aveugle, leurs noms sont inscrits clairement sur les barriques !
- Santenay blanc, Clos de Malte 2002 :
Un vin issu d'une parcelle plantée sur la roche même ! La tension se révèle aussitôt. Pur et léger. Une finesse remarquable !
- Fixin blanc 2002 ;
Un autre registre… issu de terre plus profonde, d'argile. Plus souple, de la rondeur déjà très séductrice.
- St Aubin, Sur Gamay, 2002 :
On revient là sur une expression plus minérale, plus fumée, sans l'impression d'une grande complexité à ce stade. Joli vin malgré tout !
- Meursault Villages 2002 :
Un vin qui montre un plus d'élégance, une sorte de fermeté qui suggère une classe légèrement supérieure.
- Chassagne-Montrachet Villages blanc 2002 :
Joliment fumé ! Belle expression fine, sans exubérance.
- Meursault Charmes 2002 :
Un très beau nez tout en subtilité et en finesse. La bouche est intense, « fière » et montre une belle longueur. Nettement un palier au-dessus des précédents.
- Beaune Bressandes 2002 :
Moins de complexité au nez. S'exprime sur une gamme agrumes, d'abord au nez, puis confirmé en bouche. Plus monocorde et plus disponible.
- Puligny-Montrachet, Clos de la Garenne, Duc de Magenta, 2002 :
Matière et chaleur supérieure. Du gras, de la souplesse très éloquente. Une complexité juste suggérée. Un vin qui doit montrer tout son style avec les années.
- Chevalier-Montrachet 2002 :
Sa jeunesse ne cache rien de sa subtilité, de sa finesse, de son élégance ! La minéralité se fait dentelle et chacun y perçoit la grandeur d'un vin exceptionnel ! Ouahou, diront certains !…
- Puligny-Montrachet, Folatières 2003 :
Un surprenant caractère de levures « sauvignonnées » ! Le vin est très limpide ! Etonnant !
- Corton-Charlemagne 2003 :
Une expression toute accès sur l'aubépine qui le dispute à une minéralité qui ne demande qu'à se révéler. La persistance est tout à fait remarquable ! Le potentiel de ce vin semble énorme !
- Clos Vougeot 2003 :
Un nez superbe : cerise moire, comme figuée, du poivre ! De la complexité marquée du sceau de la classe ! Un grain ferme qui ne cède rien à la sensation de pureté, à moins que ce ne soit l'inverse !… Quel vin !
- Chambertin Clos de Bèze 2003 :
Nez puissant sur des notes poivrées, épicées. Un fruit mur et pur. Les tannins montrent une classe époustouflante. Suprême élégance ! La bouche est comme portée par une minéralité débordante. La jeunesse sans l'ombre d'une fausse note. Un vin qui peuple nos rêves !
- Beaune Boucherottes 2002 :
Très mur ! Du goudron, peut-être de la truffe… Belle matière, ferme et tonique. Il est surprenant de constater que la transition ne lui nuit pas ! L'élevage, sans doute… à moins que 2002…
- Beaune, Clos des Couchereaux 2002 :
Les tannins sont plus fermes et prennent un peu les arômes en otage à ce stade ! Une dominante plus marquée.
- Pommard Rugiens 2002 :
Ferme et droit dans ses bottes ! La bouche révèle de beaux arômes de griottes confites. Un potentiel de garde très évident. C'est du solide !
- Vosne-Romanée Beaux Monts 2002 :
Le vin montre tout de suite une matière élégante. Une belle intensité et en même temps de la fraîcheur et une certaine tonicité. Une autre gamme (musicale !) vis à vis du précédent.
- Gevrey-Chambertin, Clos St Jacques 2002 :
De l'intensité également, mais sur une gamme mure et rôtie. Tannins assez présents qui donne une sorte d'ampleur à l'ensemble.
- Clos Vougeot 2002 :
Très nettement sur la cerise mure, un peu de baies noires ! Bouche superbe et marquée par une belle élégance.
- Chambertin Clos de Bèze 2002 :
Du poivre et des épices ! L'intensité est plus sur un registre montrant une sorte de force, de puissance maîtrisée. Ces vins ont un potentiel qui nous rend nostalgiques…
- Beaune 1er Cru, les Vignes Franches, Clos des Ursules 1996 :
Une évolution sur des notes animales suggérant une tendance très mure.
- Corton blanc Vergennes 1994 :
Un peu le « chouchou » de Jacques Lardière ! Un gras et une élégance qui ne souffrent d'aucune fausse note. Un très beau vin blanc de Bourgogne qui doit montrer une belle tenue à table, avec des poissons ou coquillages cuisinés. A table !
(à suivre...)
PhR
Auteur du sujet