Je n'arrive pas à dormir, après avoir fait la cuisine pour mes futurs beaux parents, alors me vient ceci à l'esprit : ce qui complique encore les choses en bourgogne, amTTTha, c'est qu'il existe dans beaucoup d'appellations (e.g. Gevrey, Meursault, etc.) des villages aussi bien, voire mieux placés que les premiers crus : e.g. Tessons à Meursault, la partie haute de "Aux Etelois" sise entre Charmes et Griotte-Chambertin. Comme on dit par là -bas (en bourgogne bien sûr (bbb)), mieux vaut le premier des villages que le dernier des premiers crus... c'est ça pour moi la Bourgogne et ce qui fait son originalité, sa beauté, son charme.
Je comprends la postition de Manuel, de Luc et de Martin - mais uniquement si on ne parle pas de "grand" vin -, bien que je sois plus proche de Martin.
Je vois aussi que vous (tous) citez souvent des vins très jeunes (2001 de Groffier, à l'exception des Musigny de Vogà¼e en "mauvaise" période). Or, pour que le "terroir" transparesse, il faut souvent du temps : je me souviens d'un Beaune PC Teurons 85 il me semble, d'un vigneron parfaitement inconnu : pfff ! quelle merveille d'une finesse éblouissante : certes le vigneron avait bien fait son travail, mais le terroir parlait (en tout cas, PatEssa l'a recconu sans problème et le vin avait une classe folle). Comment était ce vin en jeunesse ? peut-être timide, austère ? Certainement loin de bombes bien nées, dont les auteurs étaient (et sont peut-être toujours) glorifiés. Qu'en est-il de celles-ci ? Ont-elles aussi bien évolué ?
Autre chose, la plupart des vignerons bourguignons sont très modestes vis-à -vis de leurs compétences et surtout face à leurs "terroirs" : pour eux, le terroir est primordial, ils ne se sentent qu'un médium (au sens premier, pas ésotérique ! (aaa)) d'une richesse, d'un patrimoine qui leur survivra.
Dire que l'homme prévaut devant le terroir, c'est heurter la conception qu'ont les bourguignons du vin, en tout cas ceux que j'ai eu le plaisir de rencontrer.
Ce débat, amTha, n'a pas de sens concernant les "grands vins" (conjonction de la noble origine, vigneron au faîte de son Art, beau millésime), mais comme le fait très justement remarquer Luc, pour les autres vins, ce débat, pour ce que j'en perçois, fait sens.
Et rien n'est simple : mieux vaut certainement un bourgogne de Dugat-Py qu'un Gevrey-Chambertin PC d'un mauvais producteur. Et pourtant, j'ai l'exemple du bourgogne Halinard 99 de ce produteur, austère, monolithique (mais qui aurait peut-être dû être carafé ?), manquant de naturel, amTha, il y a six mois à peine ; un Gevrey de noble origine mais de producteur moins sérieux (?) ( et moins cher !) aurait sûrement bien mieux fait l'affaire !
Dans dix ans, ce sera peut-être l'inverse, qui sait ? Mais je ne suis pas persuadé que l'on ait autant de subtilité des arômes dans l'Halinard que dans un Petite Chapelle ou Clos Saint Jacques de producteur même peu consciencieux (jjj).
Tout dépend ce que l'on recherche dans un bourgogne, e.g. un rouge : la longueur en bouche, la puissance, la finesse du bouquet ?
Luc, je me permets de te citer :
"De même, un terroir moyen donnera le plus souvent un vin moyen, sauf si le viticulteur est grand, parvenant ainsi à magnifier son terroir. Un viticulteur moyen, quant à lui, produira le plus souvent des vins moyens, sauf si le terroir est grand, ce dernier pouvant donner au vin une grandeur "naturelle", sans que l'action de l'homme ne soit prépondérante. "
Je suis d'accord sur la seconde partie, à savoir qu'un vigneron (je préfère ce terme (bbb)) moyen pourra réaliser un grand vin, i.e. avec une noblesse de bouquet unique, malgré les imperfections initiales qui se gomment souvent au vieillissement (dans la limite de l'acceptable et à condition que le millésime soit bon, probablement).
Par contre, et je pense que celà tient à la nature même des cépages, en particulier le pinot noir, il me semble que même un grand vigneron ne pourra faire de grand vin si le terroir ne suit pas : sans grand terroir, je ne comprends pas comment le pinot noir peut extraire du sol des précurseurs d'arômes nobles (jjj).
Je crois que la clé est là : sur un grand terroir bourguignon avec un cépage tel que le pinot noir, dont l'aspect variétal s'efface au profit d'arômes plus racés, ce dernier (le P.N.) peut y puiser tous les éléments du sol qui signeront la noblesse de son origine, même avec un vigneron "défectueux".
Sans parler d'un grand vin, auquel cas le vigneron comme le terroir doivent être "grands", j'aurais tendance à plus faire confiance à la nature du terroir qu'à la renomée du producteur.
J'avoue qu'il me manque des repères dans le temps, car je n'ai pas dégusté suffisamment de vins bourguignons (ou même tout court !) pour être sûr de mon raisonnement, mais je pense être sur la bonne voie. (bbb)
Dernier exemple, je préfère de loin un Auxey-Duresses de Lafouge ou de Labry à un BGO de Prieuré-Roch, à prix équivalents, ce dernier étant beaucoup plus médiatisé, "starisé". Mais on ne peut faire ce choix que si on les a goûté au préalable... sans les avoir goûtés, je prendrais certainement le vin issu du producteur le plus renommé, et ce serait bien dommage !
Dernier (vraiment !) petite pensée avant d'aller dormir (je sens enfin le sommeil poindre) : il est très difficile de savoir qui travaille bien ou mal en bourgogne, amTha, hormis quelques grosses "pointures" : le PN est si capricieux que parfois un illustre inconnu peut sortir une cuvée "géniale" alors qu'un vigneron renommé pour son sérieux, réalisera une cuvée simplement bonne.
Phil
P.S.: Luc, Xavier est un ami, je le connais de visu depuis plus d'un an. Il a quand même depuis la création de MV, DC et LPV, fait preuve d'un savoir et d'une écoute que je qualifie volontiers d'exemplaire. Il n'a certes pas mâché ses mots vis-à -vis de toi, traduisant son agacement sans détours, mais dans le "nous", il me comptait !
En effet, le ton que tu emploies me paraît parfois à la limite de l'arrogance. Ce fut en particulier le cas sur le sujet de la biodynamie, où j'avais l'impression que tu voulais t'ériger seul contre tous comme LE scientifique de LPV, à tel point que ça devenait parfois du dogmatisme, notamment à propos de l'homéopathie : tu as peut-être raison, mais la situation n'est peut-être pas si simple.
Sans vouloir relancer ce débat, j'ai lu, il n'y a pas longtemps, que des physiciens avaient élaboré une théorie faisant intervenir la physique quantique ! pourquoi pas ? c'est peut-être une voie intéressante, qui sait ? Le temps et les chercheurs feront leur travail d'analyse, de rejet ou d'approfondissement. Ne soyons pas trop péremptoire, svp ! (bbb)
Cordialement.