Auxey-Duresses Les Clous 2006 - Domaine d'Auvenay
Ce petit bijou attendait son heure depuis l'hiver dernier, conservé négligeamment dans ma penderie livrée au sort du chauffage central ! Enfin rien de méchant, ça respire plutôt chez moi même par temps froid !
Ouvrir une telle bouteille est une folie et ne se fait pas sans scrupule, quand on sait ce qui pourrait être vécu à la place ! Une passion du vin m'a gagné depuis quelques années, j'ai "entrainé" mes papilles à mille et une saveurs au fil des salons, dégustations chez cavistes et bouteilles ouvertes à table. Me voilà prêt je pense pour jouir pleinement des qualités supposées d'un tel vin et voir jusqu'où un chardonnay peut aller. Car même si je n'ai pas la main ce soir sur le Chevalier du domaine, mon intuition un peu sensée j'espère, me dit qu'on en sera pas à des années-lumière.
Le bouchon, au toucher, me semble complètement imbibé même si ce n'est pas vraiment visible. Il n'aurait donc pas été souhaitable de conserver la bouteille davantage, en tout cas dans ces conditions.
Le nez évoluera sensiblement au fil de la dégustation pour gagner en profondeur, en précision. Je pars avec des priori sur ce vin, ayant en tête les notes de pop-corn que les dégustateurs semblent régulièrement trouver dans leur expérience. En effet, on pourrait y songer mais je pencherais davantage pour le maïs cuit à la vapeur. Mais c'est beaucoup dire, car ça ne va pas beaucoup plus loin qu'une suggestion, elle-même mêlée à d'autres qui l'atténuent. Comme dans tout vin en somme ! Pour le reste, l'ossature est essentiellement sur le citron jaune (non vert), l'abricot mi-mûr et dans l'ensemble une belle profondeur dans les acidulés. A cela s'ajoute des velléités un peu grillées peut être (encore ces a priori encombrants !) ou est-ce une vague tâche oléagineuse ? Une autre particularité m'interpelle...je n'arrive pas à retrouver le terme propre à cette impression...enfin ça y est, je pense qu'il s'agit de cette note mi-poivrée mi-végétale que j'attribue à...l'angélique, comme je l'ai retrouvé parfois sur des chablis un peu mûrs ! ("mûr"...ce qui n'est pas vraiment le cas ici. je pencherais donc davantage vers l'extrait d'angélique qu'à son effet en confiserie). A ceci s'ajoute un effet Ginger Ale. Quelque chose d'un peu malté pourrait aussi convenir mais d'une manière moins prononcée que sur Rully Meix Cadot 2012 de Dureuil-Janthial. Pas de boisé donc, du tout. La progression du nez au fil de l'aération aurait peut-être tendance à aller de l'extrait d'angélique/Ginger Ale à quelque chose de plus fin, vers le tilleul/camomille. Il gagne en séduction, allant d'un état un peu monolithique et légèrement opaque à quelque chose de plus frais et pénétrable, plus proche de la peau de raisin et des plantes pour infusion.
La bouche est énorme, c'est vrai ! Elle occupe la bouche de manière souveraine sans chercher la démonstration de vigueur. En parallèle, l'énergie de l'acidité est absolument fantastique ! On en ferme les yeux, et le menton tend à s'infléchir vers la poitrine, dans un geste de contention, tant la flêche vous perce le palais ! Le grumage est sans fin en quelque sorte ! La bouche, débarrassée du liquide, est encore longuement marquée par cet assaut. Quant à la matière, elle n'est pas d'une consistance aussi impressionnante. Elle est simplement comme je l'aime, à savoir bien ajustée, offrant une très belle tenue. Les saveurs sont celles décrites au nez, pourtant je ne suis pas sûr sur ce point que je conserverai le souvenir d'une grande complexité. Pas d'amers particulier. Une très grande fraicheur vraiment !
Un grand vin sans aucun doute mais qui ne m'a pas tellement plus fasciné que des vins "plus" accessibles, comme par exemple le Perrières 2007 de Lafon (déjà solide niveau budget !), le Egly-Ouriet Blanc de Noir 2016 ou d'autres dans une moindre mesure (Les Marnes Bleues 2013 de Ganevat même si moins complexe, La Mailloche 2014 de Tissot délicieuse, le Savagnin 2015 du domaine de la Pinte vraiment très surprenant dans un registre plus mûr, ultra tendu sans trop de puissance ou le Montbenault 2010 de Richard Leroy...). J'en conclu que le domaine réalise, à l'image de cette bouteille, des vins superbes mais qui n'apportent pas à mon sens davantage de bonheur œnophilique que beaucoup de ses comparses, un peu moins bien côtés sur le marché. Même pour mon petit plaisir personnel qui compte plus que tout (!), je trouverais cette somme, si par chance elle revenait dans mes possibilités, bien plus judicieusement investie à d'autres réjouissances, en tout cas plus intenses et durables ! Mais pour cette fois ça valait le coup (dirais-je en pénitence !), ne serait-ce que pour découvrir un style célébré partout dans le monde (toujours cet irrépressible besoin de se situer par rapport au diktat de l'agora !) et mettre les pendules à l'heure, les miennes en tout cas. Une illusion en moins...un peu plus de liberté !