Merci pour ce complément Paul.
Ce qui m'a interpellé c'est véritablement ta conclusion sur " le meilleur blanc que j'ai bu"...que je trouvais étonnante au vu de la description du vin que tu avais faite.

Cette discussion pour moi en rejoint un peu une autre. On en est finalement à discuter du contenu d'un CR et je suis de ceux qui pensent que le plus important et de loin est la description de la carcasse du vin, la structure. Et c'est marrant des fois de voir comment on rend compte des arômes sans établir le niveau de la complexité du vin ?
C'est pourquoi, personnellement, j'estime qu'un bon CR de ma part se fait en 3 lignes en donnant deux ou trois arômes dominants plus le niveau de la complexité qui se dégage. Cela suffit largement pour le lecteur afin qu'il se fasse une idée du vin et ici en l'occurrence, l'erreur, à mon sens pour étayer l'appréciation finale, aura été d'oublier de donner un ou deux arômes supplémentaires et le niveau de la complexité et cela d'autant plus que le boisé résonne, hélas, de manière péjorative depuis que certains dégustateurs veulent se positionner au-dessus de la mêlée.

Jmm

Ah ba voilà c'est pour ça!

Il te manquait un ou deux arômes Paul, et tu as écris une ligne de trop

Julien

Ben j'ai plutôt l'impression d'aller un peu dans son sens non ?
Il a décrit une structure phénoménale qui peut expliquer son appréciation finale mais il est vrai que si le lecteur pense que cette structure n'est au service que d'un joli boisé, en l'état, cela reste difficile d'imaginer un très grand vin.

Jmm

Martinez écrivait:

---

> si le lecteur pense que cette structure n'est
> au service que d'un joli boisé, en l'état, cela
> reste difficile d'imaginer un très grand vin.
>
> Jmm

C'est ce que j'ai pensé, au départ, en lisant le CR de Paul.
Après perso, je pense qu'il ne faut plus chercher à interpréter (ou même à comprendre ) tel ou tel Cr. A moins de connaître très bien l'intervenant c'est difficile de faire une parallèle avec soi. Car chacun à un logiciel différent, une expérience différente et surtout des goûts différents.
C'est tout la magie mais aussi la limite de l'exercice.

Tu as sûrement raison mais en même temps, je cherche aussi à essayer de dégager la méthode la plus efficace possible, dans l'exercice d'un CR, permettant au lecteur lambda de saisir au mieux le style du vin car pour moi c'est là que se trouve l'enjeu d 'une telle communication. C'est sûrement difficile, hyper complexe, mais en même temps, je ne prends pas LPV pour un recueil personnel de mes propres dégustations. Et je pense aussi qu'avec le temps, naturellement, on décrit l'essentiel d'un vin, essentiel qui a plus de chance d'être le commun au plus grand nombre.
C'est la raison pour laquelle, je me concentre beaucoup plus sur quelques critères fondamentaux pour décrire. Le reste, je me la garde.

Jmm

Bu chez l'Homme et demi

Domaine d'Auvenay, Meursault, Pré de Manche, 2004



Oliv
Robe très claire.
Le nez est et restera marqué d'une réduction tenace, sur une note soufrée un peu gaz de ville et de zeste d'orange, de sésame grillé.
La bouche propose en revanche un équilibre génial, sur une trame d'une grande finesse qui ne sacrifie rien à sa puissance.
L'acidité tranchante dantesque ne verse jamais dans la morsure et donne une magnifique présence cristalline et désaltérante au vin.
La finale acérée déroule longuement un volume impeccable de densité et de fraicheur.
Si cette forte réduction parvient à s'épurer un peu avec le temps, on sera peut être en présence d'un grand vin. Car cette bouteille était encore très jeune !
Superbe, sur un génial style tranchant.

Pierre
Le Meursault "Pré de Manche" a été ouvert car un "chaume des perrières" du même millésime avait très bien intégré l'aromatique un peu écrasante rencontrée sur la jeunesse des bouteilles de ce millésime. Bon, la dernière attendra quelques années de plus.

Domaine d'Auvenay Meursault Les Narvaux 2004

Ouvert hier au restaurant "L'air de Rien"(Fontin, Belgique) : après 2 heures d'aération le nez nous emporte sur une multitude d'arômes comme la vanille, l'ananas, la pêche, le miel, le pamplemousse et j'en passe, quel nez(
La bouche quant à elle est d'un volume impressionnant, d'une complexité énorme et d'une très grande finesse. La finale reste sur un volume et une richesse magnifique avec une incroyable longueur:
Le sommelier qui goûtait pour la première fois un vin du domaine n'en revenait pas...
Il fallait pour suivre ce vin, un rouge également sur la finesse et la complexité : ce sera un Rayas 1995B)

Salutations vineuses,

Christophe

Et pas une trace de réduction ???
J'ai bu cette bouteille deux fois et je suis surpris par ton commentaire .....

Vraiment très légère en début de dégustation...
Par contre bouchon imbibé presque à 100%

Christophe

Pour les bouchons c'est toujours le cas ou presque chez Leroy ou Auvenay. Cela n'a pas l'air d'avoir d'impact sur la conservation.

Didier

Pour en avoir discuté avec d'autres producteurs, il semble que certains effectuent une "mise sous vide" du volume résiduel entre le niveau du vin et le bouchon à la mise, et que ça pourrait provoquer ces remontées le long du bouchon (je parle sous réserve...). Ca pourrait expliquer cette imbibition quasi-systématique qui ne semble pas nuire au vieillissement.

D'autres ont eu cette explication?

Apparemment, le bouchage sous-vide empêche justement ces remontées :

www.kellereitechnik....

Je me rappelle qu'on avait eu le même genre d'interrogation avec les vins de terre inconnue et voilà l'explication du vigneron. Peut être une piste.

Il me semble savoir que les problèmes des bouchons chez d'Auvenay vient du fait que le domaine ne "veut pas" (sic) glycériner ses bouchons....une chose est sur çà vient pas d'un "trop remplissage" chez eux

En tout cas c'est très très souvent (toujours) inhibé voire couleuse mais effectivement çà n'impacte (étonnamment ?) pas la conservation.

J'ai reçu une autre explication : ces remontées seraient liées au cirage des capsules, cirage qui serait réalisé avec une cire trop chaude.
Je ne sais absolument pas ce que vaut cette explication.

De mon expéricen, ouvert une bouteille avec ce problème lors d'une soirée LPV : le niveau était un peu bas et le vin manquait un peu de précision. Difficile de faire un lien entre ces éléments, difficile de l'écarter également.

Timo

Il n'y a pas toujours de cire donc ce ne peut être l'explication.

Didier

Bonjour à tous,

bu mercredi soir à l'aveugle dans une série un Puligny Montrachet 1er cru les Folatières 2004 du Domaine D'Auvenay, carafé 15 minutes.

Un nez très expressif et puissant mais quasi minimaliste...vous voulez vous rappeler de l'odeur des "chalumeaux" de votre enfance (les pétards à mèche foirés que l'on cassait en 2 avant de les allumer pour en faire des sortes de chalumeaux donc) mettez le nez sur le verre, çà sent la poudre, le pétard plein pot...le grillé (celui du pain dans le grille pain), le pop corn (grillé), le sésame (grillé) et la pierre à fusil mais en version grillée

En bouche ce c'est pas très large, c'est mur, frais, les contours de la bouche sont sphériques, caressants mais le coeur est très minéral, froid, très pur, "caillasseux", cette "minéralité" intégre l'acidité qui est bien là et rafraichit le vin mais c'est surtout la densité de cette bouche qui est hallucinante...c'est ultra dense, je répète pas "large" mais très très dense donc mais aussi ultra défini, ultra long, ultra puissant....un cylindre d'iridium (j'ai trouvé sur Wiki ce matériau ) de plusieurs centaines de mètres....la finale est qui plus est très très épicé, un coté pimenté qui rajoute au sentiment de puissance...

Ceux qui aiment les vins de parfumeur peuvent passer leur tour, ceux qui aiment les bouches minérales, droites...quasi austères peuvent faire comme moi et apprécier ce style...18/20

Après une soirée très sympathique, un ami nous propose, avec l'approbation du restaurateur, de prendre une bouteille à l'aveugle, au prix domaine. Cette formule, payant mais ne connaissant ni le prix au départ, ni l'origine du vin, permet une totale liberté.

Je préfère, cette fois-ci, expliquer le cheminement de pensée, plutôt que le vin.

La robe est claire et légèrement trouble. Elle fait penser à un pinot assez peu manipulé.

Au nez, le côté très pinot avec une belle volatile m'oriente vers un vin de Louis-Michel Liger-Belair mais l'âge supposé (l'aromatique aidant), ainsi que la réduction popcorn me fait partir sur Leroy. Le côté épicé, voire poivré appelle vosne ou gevrey.

La complexité au nez comme en bouche suggère un grand cru.

La définition de fruit confirme l'excellence du vigneron et du terroir. De plus, la cerise à noyau, au nez comme en bouche, me fait partir sur sur une année chaude comme 1998.

Au fil de l'ouverture, le vin fait très chambertin (grande profondeur, cerise à noyau avec un peu d'orange sanguine et le côté épicé que j'évoquais plu haut). Pourtant, il est très immédiat. Il est, cependant, moins élégant qu'un chambertin et vous prend par l'épaule. Je me souviens alors de François Millet du domaine De Vogue qui parle de ses vins. 'Le chambolle 1er cru (musigny jeunes vignes) est un adolescent. Il est tout en fruit. Il a beaucoup de potentiel mais ne sait pas encore où aller. Les amoureuses est un vin féminin, tout en retenue et qui vous regarde de loin. Le Chambertin, c'est le papa. La force tranquille avec beaucoup d'élégance. Le bonnes mares en revanche, c'est le grand oncle qui vous saute dessus."

Pour moi, c'est donc un Bonnes Mares d'Auvenay (Leroy) 1998.

On m'annonce 2000. J'aime ce millésime mais je ne l'aurais jamais identifié. La recherche de maturité de Laou Bize-Leroy et absolument fantastique

Je retiens deux choses fondamentales de cette dégustation. La manière avec laquelle la discussion avec les vignerons fait avancer la compréhension des terroirs. Ainsi que le le respect des grands vignerons de l'idée véhiculée de ces mêmes terroirs.

Au final, une bouteille exquise.

Maher

Belle analyse et très beau compte-rendu. Merci.

Mahour écrivait:

---

> Après une soirée très sympathique, un ami nous
> propose, avec l'approbation du restaurateur, de
> prendre une bouteille à l'aveugle, au prix
> domaine. Cette formule, payant mais ne connaissant
> ni le prix au départ, ni l'origine du vin, permet
> une totale liberté.

Pour moi, c'est donc un Bonnes Mares d'Auvenay (Leroy) 1998.

Je dis Bravo ! Trouver le climat et le producteur à 2 doigts de l'année. Tu dois bien connaitre les vins de ce domaine je suppose ? Et même au prix domaine on atteint pas loin des 4 chiffres non ?

Très beau cr sur ce magnifique vin que j'ai déjà dégusté sur 2000 et bien d'autres(tu)
Pour le prix domaine, on n'est pas à 4 chiffres, peut-être un jour:D

Salutations vineuses,

Christophe

Bonjour Maher,

A lire votre CR, je serai parti sur une Côte-Rôtie d'un grand millésime style 2001 partiellement ou totalement égrappé.

Quand je lis "belle volatile m'oriente vers un vin de Louis-Michel Liger-Belair mais l'âge supposé (l'aromatique aidant), ainsi que la réduction popcorn me fait partir sur Leroy. Le côté épicé, voire poivré appelle vosne ou gevrey" et ' cerise à noyau avec un peu d'orange sanguine et le côté épicé que j'évoquais plu haut)'

Je n'aurai pas penché vers la Bourgogne.

Comme quoi, j'ai encore du travail.

Tu dois bien connaitre les vins de ce domaine je suppose ?

Il y a surtout un style inimitable chez elle. Un peu comme un coche.

Et même au prix domaine on atteint pas loin des 4 chiffres non ?

Je ne dis pas que c'est donné mais on est loin (à la baisse) de ce que tu sembles penser.

Maher

A lire votre CR, je serai parti sur une Côte-Rôtie d'un grand millésime style 2001 partiellement ou totalement égrappé.

Je comprends ce point de vue mais je cite, là, uniquement les éléments qui m'orientent dans mon analyse du vin. La phrase complète est d'ailleurs "le côté très pinot avec une belle volatile m'oriente vers un vin de Louis-Michel Liger-Belair mais l'âge supposé (l'aromatique aidant), ainsi que la réduction popcorn me fait partir sur Leroy."

Par ailleurs, en bouche, pas de doute. Le vin est tranchant, minéral cristallin et fluide. Les syrahs savent l'être mais pas de la même manière.

Maher

totolouga écrivait:

---

> Pour moi, c'est donc un Bonnes Mares d'Auvenay
> (Leroy) 1998.
>
> Je dis Bravo ! Trouver le climat et le producteur
> à 2 doigts de l'année. Tu dois bien connaitre les
> vins de ce domaine je suppose ? Et même au prix
> domaine on atteint pas loin des 4 chiffres non ?

Pour goûter de temps à autre avec les loustics Parisiens je peux te dire qu' il n'est pas rare qu il retrouve en aveugle total la bouteille,
Climat, producteur, année, et même couleur de l étiquette
Et si ce n était qu' en Bourgogne.....

Julien

avec un tel niveau faut aller gouter les faux d'FA alors, vous allez lui rendre service ><

avec un tel niveau faut aller gouter les faux d'FA alors, vous allez lui rendre service

sans rentrer dans la polémique, je pense que certains faux sont très bien faits et qu'ils peuvent facilement tromper leur monde.

Si tu veux bien Laurent, on peut se tutoyer.

Même avec ta qualité d'analyse, j'aime beaucoup tes CRs, et surtout ta bonne foi envers l'apporteur de la bouteille, je pense sincèrement que toi, comme moi d'ailleurs, nous serions tombés dans le panneau.

Amicalement,

Maher ()

Salut Maher,

Merci pour ce beau CR, par contre je n'aurais pas pensé à 98 comme année chaude en Bourgogne car j'ai souvent lu et entendu que les vins pouvaient être assez sévères contrairement aux 97 (année chaude pour le coup). J'ai trouvé ce descriptif qui me parle bien chez Méo : www.meo-camuzet.com/...

Amicalement

Marc

[size=x-small]PS: petite coquille, le Musigny de Vogüe s'est transformé en Chambertin [/size]

Si tu veux bien Laurent, on peut se tutoyer.
Même avec ta qualité d'analyse, j'aime beaucoup tes CRs, et surtout ta bonne foi envers l'apporteur de la bouteille, je pense sincèrement que toi, comme moi d'ailleurs, nous serions tombés dans le panneau.

désolé pour le vous, j'ai mal saisi que tu étais seul à chercher et trouver.
bof tu sais ma qualité d'analyse, elle est bien mise à mal quand je me retrouve face à une bouteille à l'aveugle, je suis comme tout le monde, je m'dis qu'avec un peu de chance je vais en trouver une sur 10 (et encore, si je réduis le champs des possibles avec le contexte, ça m'aide).
Bien sûr que retrouver un faux, c'est mission impossible, surtout un très vieux faux, on est d'accord, c'était une petite boutade.