"Le Monde" du 24.04 et "Le Canard Enchaîné" du 13.05 en rajoutent une louche :
Pour le premier, "La révolution "verte" reste à faire" : 85.000 tonnes [ça fait rikiki en tonnes, disons donc 85.000.000 kilos] de pesticides ont été consommés [c'est vrai qu'une partie a été sans conteste "consommée"] en France en 2002. La France reste le deuxième pays consommateur au monde de fongicides, herbicides et insecticides [derrière les Etats-Unis tout de même]. En outre, la part des collectivités locales et des jardiniers amateurs a même sensiblement augmenté. (...) Les consommateurs refusent les produits piqués, pas uniformes, pas beaux (...) les gens ne font pas le lien. Cela ne les empêche pas de demander aux agriculteurs d'utiliser "moins de produits et des produits moins nocifs".
Un rapport de l'Institut français de l'environnement fait apparaître une contamination généralisée des eaux de surface (molécules de pesticides présentes dans 90% des cas) et souterraines (58%). (...) Les molécules sont de moins en moins faiblement dosées [c'est mieux que de dire "de plus en plus fortement", ça me rappelle les aveugles remplacés par les "non-voyants"], ce qui peut réduire les tonnages utilisés mais, pour certains produits, quelques grammes par hectare peuvent persister longtemps dans l'environnement. Les délais de dégradation des molécules dans les eaux et les sols peuvent être très longs.
L'apparition régulière de nouveaux produits sur le marché rend par ailleurs les études difficiles. Les "nouveautés" ne sont pas tout de suite repérées.
(...) pratiques aberrantes : surdosages, traitements inutiles, rinçage et vidange de fonds de cuve in natura, mélange de produits, traitements par grand vent etc. (...) 50% des applicateurs seulement portent l'équipement réglementaire (combinaison, masque, gants) [concluons que s'il faut tout ça pour appliquer ces produits c'est qu'ils ne sont pas vraiment inoffensifs...].
Pour la Direction générale de l'alimentation, de nombreux agriculteurs suivent les conseils des techniciens de coopératives, qui sont aussi les vendeurs des produits phytosanitaires.
Le Canard Enchaîné : "Parle à ma molécule..."
"(...) une marée noire en Méditerranée, par exemple... Mais il n'y a pas que le pétrole dans la vie, voyons ! Il y a les produits chimiques. C'est fou ce qu'on en a inventé en quelques décennies. L'inventaire européen en recense aujourd'hui pas moins de 105.000 en circulation. On en trouve partout, dans les peintures, les solvants, les cosmétiques, les shampooings, les crèmes solaires, les lessives, les pesticides, etc. Le seul détail un rien gênant avec ces produits, c'est qu'on ignore presque tout de leur impact sur la santé humaine [pourquoi seulement humaine?] et l'environnement : seules 31 des 2.465 "high production volume", molécules produites à plus de 1.000 tonnes par an, ont fait l'objet d'études toxicologiques complètes. Pour les autres, on ne sait rien. Or les pires soupçons pèsent sur ces molécules artificielles dispersées à jets continus dans l'environnement : certains chercheurs les suspectent d'être pour beaucoup dans la progression générale des cancers infantiles dans le monde, l'apparition de malformations sexuelles chez les nourrissons, et la baisse de moitié en cinquante ans du nombre de spermatozoà¯des dans les pays industrialisés (2% en moins par ans).
(...) l'Europe a fini ... par s'inquiéter de cette "pollution invisible". Voilà cinq ans [!], la Commission européenne a commencé à évoquer la possibilité d'étudier les effets de 27.000 de ces substances. Peu à peu, un projet a pris forme, qui devait être adopté ces jours-ci. Il était prévu que les trusts de la chimie mettraient la main à la poche, environ 7 milliards d'euros sur dix ans.
Et soudain, que se passe-t-il ? La Commission décide de retarder de huit semaines l'adoption du projet ("Le Monde", 9/5). Huit semaines, ça n'a l'air de rien. Mais cela bloque tout : le projet ne sera pas adopté avant cet automne, du coup le Parlement européen ne pourra pas l'examiner avant les élections de juin 2004. Or, entre-temps, les anciens pays de l'Est seront entrés dans l'Union, et comme la protection de l'environnement est le cadet de leurs soucis, le projet sera vidé de sa substance. Joli tour de passe-passe. Et beau travail de lobbying...
L'industrie chimique (...) peut se réjouir : le business continue. Et comme en France la toxicologie, qui devrait permettre d'évaluer un produit industriel avant qu'il ne soit commercialisé, est complètement sinistrée (pas d'argent, une poignée de chercheurs), elle a les mains libres."
Fin de citation(s). Mes commentaires [ ] sont peu nombreux, ces deux articles sont suffisamment complets...
Allez, mes enfants, la messe est dite !
Eliane
P.S. On pourrait peut-être trouver un autre forum que le générique sur la Bourgogne pour y continuer cette polémique ? Parce qu'à n'en pas douter, elle n'est pas terminée... Le temps de tourner la tête et il y a quatre ou cinq nouveaux posts longs comme le bras !