Nous sommes un groupe de 5 passionnés à vouloir goûter et acheter des vins à ce domaine plébiscité par la RVF et -il faut le dire- aux prix encore corrects pour la région.
L’accueil téléphonique est « délicat », le rendez vous est fixé.
On comprend que ça n’intéresse pas le domaine de nous recevoir…mais on ne nous refuse pas le rendez vous.
Un client sur trois doit abdiquer après cette étape, mais nous sommes sur motivés.
L’accueil au domaine ressemble à l’accueil téléphonique en pire! Sauf que là on n’abdique plus étant trop près du but !
Les conditions de la dégustation sont une cave normalement froide (8°C) et des vins goûtés à une température ne favorisant pas la libération des aromes.
On nous fait grâce des appellations régionales sinon « ça durerait trop longtemps ». Oui, il y a un autre groupe après nous. Les vignerons travaillent tard le soir et doivent être fatigués.
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Vosne Romanée 2011 : le vin est froid mais la mise en bouche se fait très facilement. On a un joli fruit qui donne du plaisir sur le premier vin. +
La discussion se noue difficilement malgré nos questions quelque fois techniques montrant notre passion pour le travail du vigneron. Les vinifications se font en grappes entières ce qui confère un trait végétal et une colonne vertébrale au vin que l’on imagine être un vin de longue garde. Le domaine compte 20 appellations. Les vendanges 2011 se sont déroulées autour du 20 septembre soit « 3 semaines après la moyenne bourguignonne ».
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Nuits St Georges 2011 : là encore nos mains réchauffent les verres. Les tannins sont plus marqués que sur le Vosne. J’ai davantage apprécié le premier vin.
Le domaine fonctionne avec 15 à 20% de fûts neufs qu’il n’attribue pas nécessairement aux grands crus. Le discours banalise la vinification : « il faut boire des canons en bonne compagnie pour se faire plaisir tout simplement ». J’adhère !
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Chambolle Musigny 2011 : beaucoup de finesse et de légèreté sur ce village. On sent une structure ciselée précise. Aérien c’est un vrai Chambolle. Très plaisant. ++
Les élevages se font en cuve bois thermo-régulées. Cette régulation arrive à stopper l’augmentation de température mais n’arrive pas à la baisser.
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Gevrey Chambertin 2011 : c’est élégant et distingué. Il y a un côté épicé et minéral qui me plait. +
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Gevrey Chambertin 1C Les Craipillots 2011 : il se passe quelque chose déjà au nez. A l’attaque en bouche, je sens immédiatement le raffinement. C’est fruité, construit et délicat. Ce climat se situe au centre du village de Gevrey Chambertin. Ce vin est mon coup de cœur de la dégustation ! +++
Nous changeons d’allée et l’évocation des quantités faibles produites notamment sur 2012 ne fait pas sourciller Mr Confuron qui reste pragmatique. C’est le premier vigneron de bourgogne qui ne se plaint pas ! Beaucoup de justesse quand il dit : « S’il n’y a pas de pêche, on ne mangera pas de poisson ».
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Nuits St Georges 1C Aux Vignerondes 2011 : je ne sais pas si je suis resté sur le vin précédent mais je suis modéré sur ce vin qui s’avère être le favori de mon ami Jean Marc. Ce climat jouxte pourtant les Chaignots que j’avais adorés chez Mugneret Gibourg. +
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Vosne Romanée 1C Les Suchots 2011 : on sent un énorme potentiel de garde mais en l’état c’est très vert. Il y a de la matière pour emmener ce vin à son top dans quelques années. C’est beau mais ça ne m’émeut pas. +
La dégustation touche à sa fin avec une cohérence intéressante dans l’enchaînement des climats. Le climat, lui, est toujours glacial et il nous est difficile de briser la glace. Certains participants m’avouent avoir voulu arrêter la dégustation en cours…
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Echézeaux GC 2011 : Ouahhh. Au nez, on est sur la rose et la framboise écrasée. En bouche on sent la race de ce vin, c’est complexe. Il fait déjà divaguer l’esprit alors qu’il vient de naître ! J’ai rarement autant appris d’un bébé. Mon deuxième coup de cœur de la journée. +++
Je me dis que je vais en mettre plein mon coffre mais la sentence est irrévocable et ressemble à beaucoup de fins de dégustations bourguignonnes : les seuls disponibles parmi ceux dégustés sont les Craipillots et les Suchots sur 2010 évidemment. La liste sera un peu plus longue mais aucun grand cru à l’horizon…
Belle dégustation qui appelle 2 remarques :
- la starification de vignerons ressemble à celles des artistes; certains doivent apparemment avoir du mal à gérer leur ego.
- le particulier embête visiblement les beaux domaines qui doivent vendre en quantité autrement plus importante aux professionnels.
Dommage.