Amigos amateurs de pinot, c’était une bien belle soirée. D’ailleurs j’ai remarqué que les crachoirs n’étaient pas aussi remplis qu’ils auraient dû l’être. Pour ma part je suis rentré chez moi complètement ivre, ça a le mérite d’être limpide, mais j’ai conservé assez de tête pour ne pas paumer mon carnet avec les notes que voici :
1. Belle robe rubis claire. Légère évolution sur le bord. Du fruit au nez : cerise, du végétal : ronces, un léger boisé résiduel, des notes sanguines. La bouche me séduit immédiatement par son côté en dentelle, délicat, aérien, évanescent. Ce vin est superbe d’équilibre, de naturel, de constitution. On trouve des notes de cerises griotte, d’autres fruits rouges, puis d’épices, herbes aromatiques dans la finale qui s’étire (poivre, laurier). Grand pour moi. Mais j’étais loin du compte sur le terroir.
Vosne-Romanée 1er cru « Les Suchots » Noëllat 2002
2. Robe plus foncée. Un vin aux antipodes du précédent. Le nez délivre un élevage appuyé (bois, café). Il y a aussi un côté sucrailleux qui me déplaît. En bouche, c’est un peu mieux mais une amertume végétale me fait douter de la maturité. Je trouve des notes de cerises rouges / noires. L’ensemble manque clairement de naturel, et sur ce coup je préfère l’ancienne école.
Vosne-Romanée 1er cru « Les Suchots » Lescure 2002
3. Robe superbe, un beau rubis tout en transparence. Nez dégageant de la floralité, avec un côté terrien, cerise noire, végétal. Bouche sapide, un poil amère et végétale. L’acidité est bien intégrée, elle donne cette fraîcheur pleine et aromatique au vin. L’ensemble n’est pas très bien balancé en revanche, ça chauffe en finale (déséquilibre alcoolique) et les tanins sont moins mûrs, avec un côté rugueux.
Echezeaux 2002 domaine Gros Frères et Soeurs
4. Le vin se signale d’emblée par un nez de patchouli. S’y ajoute de la réduction légère et des notes de réglisse, de fleurs (violettes). On sent l’élevage mais c’est correctement fait. Bouche un peu fluette, maturité limite, manque de complexité. Sur ces deux vins, j’ai reconnu le style Echezeaux qui comme chacun sait donne sur 36 Ha un peu tout et n’importe quoi en terme de flacons.
Echezeaux 2000 Grivot
5. La robe est celle d’un vin plus avancé en âge. Turbidité et légère évolution. Les parfums sont floraux essentiellement (roses, pivoines), je trouve aussi de la prune, des notes d’encens et un côté sanguin très nets. J’adore cette complexité. La bouche nous gratifie de touches d’agrumes (oranges légèrement amères et confites, de citron vert), les tannins reviennent sur du végétal noble (ronce), le tout est à peine asséchant mais ce vin constitue une expérience à lui tout seul, personnellement j’aime beaucoup le style.
Vosne-Romanée 1er cru « Les Suchots » Prieuré-Roch 2000
6. Robe superbe, sombre. Nez réduit légèrement, on sent l’alcool et la barrique. L’élevage semble ici trop appuyé, des notes artificielles et chimiques qui ne sont pas du plus bel effet s’installent (vernis à ongles). La bouche suit ce triste constat, elle manque cruellement de fruits, elle est peu mûre, amère, sans volume. Vin extrait et alcooleux, c’est bien dommage mais sur ce flacon c’est raté.
Charmes-Chambertin 2002 Arlaud
7. Robe plus claire. Nez sur les fruits (cerises et framboises), fleurs. Bien fait sans pour autant provoquer une crise d’hystérie. Bouche que je trouve un peu plate, manquant de relief avec surtout des tannins peu mûrs qui trahissent le millésime. Asséchant qui plus est. On ne peut pas faire l'impossible.
Gevrey-Chambertin 1998 Claude Dugat
8. J’ai le dépôt. Nez séveux, frais, fruits écrasés, réglisse. Je le confondrais presque avec un bel Hermitage à l’aveugle car il y a également du minéral, un côté un peu iodé. Bouche superbe, gantelée, pleine, fruits rouges et fleurs écrasées, volume qui ne faiblit pas, finale minérale, un très beau flacon assez atypique des vins bus précédemment.
Clos de la Roche 1999 Guy Castagnier.
9. Robe sombre. Fruits noirs, nez qui peine à s’exprimer librement. Délicatement floral. Un poil de volatile. En bouche, j’ai une légère note de liège, par contre le vin s’exprime crescendo, accentuant ses saveurs, matière un peu extraite, c’est long mais les arômes manquent un peu de définition. Puissant et épicé en finale.
Clos des Lambrays 1999
10. Rubis clair de robe, ce vin dégage des parfums de minéral, de roses, (il est floral à souhait), de fruits rouges plus discrets. J’adore la texture soyeuse de la bouche, avec des notes de minéral, de fleurs liquides, une petite amertume apportée par des notes d’orange sanguine et de réglisse. Voilà un vin complexe, qui s’exprime pleinement. Finale majestueuse, florale, légèrement amère. Bien belle bouteille,
Grands-Echezeaux 1999 Mongeard-Mugneret.
11. Robe d’un beau rubis sombre. Pour moi bouchonné au nez dans un premier temps, et en bouche idem. Je constate une amélioration à l’aération, donc je le mets de côté en attendant un peu. Plus tard, on y voit plus clair, le nez est bien dans le fruit, épicé à souhait, avec des nuances de roses rouges. Le vin possède également des effluves sanguines et de guimauve. En bouche, matière longue, poivrée et épicée, terrienne qui finit intense mais paradoxalement un peu courte, minérale.
Richebourg 1999 Anne Gros
12. Robe d’intensité moyenne.
Au nez cassis, argile, boisé fin, fleurs (violettes). Bouche marquée par l’élevage qui me laisse une sensation d’amertume et d’extraction mal maîtrisée. Très bien sur la viande cependant.:-)
Vosne-Romanée 1 er cru « Aux Brûlées » 1993 Guyon
13. Gros dépôt dans le verre. Robe évoluée et délavée, le vin est vieux, cela se sent, plus d’une vingtaine d’années en tous les cas. J’aime le nez, avec ses notes de ronces, de réglisse, de minéral. En bouche, il y a un côté très fumé, on retrouve le minéral et la réglisse, avec en plus de la grenadine, du cuir. Le vin est long et puissant. Quel beau flacon !
Vosne-Romanée 1er cru « Les Beaumonts » 1983 Charles Noëllat
14. Robe ayant gardé une belle intensité. Nez foxé, fourrure, musc, « ventre de lièvre », s’y rajoutent des notes florales. Bouche encore très assortie, du peps, de l’énergie, du goût, cuir, vieille liqueur de framboises, belle rétro-olfaction minérale, encore du ressort. A survécu, superbe travail.
Gevrey-Chambertin 1980 Leroy
15. Robe encore jeune. Nez pas net, serpillère et carton, déviant. A l’agitation on retrouve un côté floral, confiture de fleurs. Bouche déviante, encore un peu de ressort. A passé l’arme à gauche.
Clos-Vougeot 1971 Domaine Gerbet
16. La robe est tuilée. Nez fongique, réduit encore, présentant un début de madérisation. On y décèle des notes florales. La bouche est somptueuse et quand nous saurons l’âge de la bouteille, on sera calmés : fruits rouges (framboises), fleurs écrasées, encore de l’acidité qui confère au vin une insolente jeunesse, les tannins sont fins, et le vin s’évanouit comme un soupir, élégant, à la fois présent et discret. Magnifique.
Nuits-Saint-Georges 1959 les Cailles Morin père et fils
Quel bon moment !
Merci Christophe pour l'ordre et la qualité du service, il y en a au moins un qui assure dans cette équipe de gloutons avaleurs de flacons. :-)
Amitités
Zapata