Domaine Gilbert Picq & Fils : le millésime 2017 et quelques autres
En ce début d’après-midi, nous prenons la direction de Chichée, pour une première visite au domaine Gilbert Picq (& ses fils). De mon côté, il y a de la curiosité car mes deux seules expériences des vins du domaine n’avaient pas été très concluantes (Chablis Dessus la Carrière 2014 et 2015 dégustés à l’aveugle chez l’ami Michel ; pour le 2014 :
www.lapassionduvin.c...). Nous sommes accueillis par Didier Picq qui nous présente le domaine et nous confirme que le millésime 2018 a été généreux (75 hl / ha en moyenne, sachant que le domaine ne fait « que » des villages et des premiers crus), davantage que 2019 (45 hl / ha). Nous attaquons ensuite la dégustation
Chablis 2018 :
100 % cuve, mise prévue début 2020.
Un chablis sur un profil solaire, bien mûr ; la sensation d’acidité est cependant présente et permet d’éviter tout côté pâteux. J’aime bien cette acidité « mûre » et pas stridente.
Chablis 2017 :
Un profil plus « classique », plus frais des fruits blancs et des notes d’agrumes. Il y a une belle concentration pour un village, de la tension et de jolies notes salines. Un chablis « sérieux », mais avec du fond.
Chablis En Vaudécorse 2017 :
Vignes sur argilo-calcaires, orientées ouest, proches de Vaucoupin.
Nez sur les zestes d’agrumes (citron mais aussi orange). L’attaque en bouche est large, avec un beau volume. Légers amers en finale et on retrouve les zestes d’orange en fond de verre. Atypique et gouleyant.
Chablis VV 2017 :
Proche du Chablis « de base », avec un profil très côté de Beaune. Beaucoup de fruits blancs au nez, avec une petite note fumée. En bouche, c’est un peu plus dense et structuré, un poil plus austère aussi.
Chablis Dessus la Carrière 2017 :
On est sur la rive gauche, avant Vosgros, en « altitude » ; 2 ha.
Nez au départ assez discret mais complexe : d’un côté des notes plutôt froides (minéral, craie, caillou) et de l’autre une touche exotique (ananas). En bouche, il y a du volume, avec un beau mixte maturité / salinité. On retrouve la touche exotique. C’est déjà assez gourmand avec une longue finale très salivante. C’est vraiment très bon et très très au-dessus des 2014 et 2015 dégustés chez Michel.
Chablis 1er cru Vosgros 2017 :
J’avais bien aimé ce climat chez Droin, c’est pareil chez Picq. Nez pur, bien qu’assez discret, citronné, avec un peu de poire et des notes « minérales » assez marquées. La bouche est aérienne, bien équilibrée, fraîche, avec des notes iodées. Finale tendue avec un peu de noisette fraîche.
Chablis 1er cru Vaucoupin 2017 :
Nez très floral, un vrai bouquet de fleurs blanches. L’attaque en bouche est large, sur le citron très mûr. La sensation de maturité élevée est cependant parfaitement contrebalancée par une belle acidité. On a donc un vin dense, dynamique, qui « avance » bien, avec une finale salivante qui claque bien. Ce très beau compromis maturité / acidité me semble être la marque de fabrique de nombreux chablis sur ce millésime 2017.
Chablis En Vaudécorse 2016 :
Un profil atypique… mais que nous avons souvent rencontré sur les chablis 2016, à savoir des notes exotiques très présentes. Un vin assez gras, avec des notes beurrées et une acidité ressentie assez basse. J’ai trouvé l’ensemble un peu mou.
Chablis 1er cru Vaucoupin 2016 :
Le jour et la nuit par rapport au 2017. Le nez est opulent, avec des notes fruits jaunes très mûrs, des herbes et des épices. En bouche, c’est encore la sensation de grande maturité qui domine, avec un vin large et presque « gras ». On retrouve les épices en finale. C’est bon, mais je préfère le profil du 2017….
Chablis Dessus la Carrière 2015 :
Nez ouvert et expressif, avec beaucoup de fruits, bien mûrs, mais sans note « chaude ». La bouche est ronde et large, mais pas molle. Le vin a de la relance et beaucoup de fruit. C’est assez salivant et surtout très gourmand. La bouteille ouverte ce midi était encore meilleure et s’est vidée en un éclair. C’est pourtant un vin que j’avais mal goûté (à l’aveugle) chez Michel il y a six mois (« En bouche, la matière est légère, c’est fluide et surtout un peu mou ; finale courte »). Les mystères de la dégustation et/ou du dégustateur…
Au final, une dégustation très intéressante, avec notamment une belle gamme de chablis villages, avec des caractères bien marqués. « L’effet millésime » est également bien sensible, ce qui n’est pas du tout pour me déplaire et constitue un bon prétexte pour revenir l’année prochaine. Un grand merci à Didier Picq pour sa simplicité et le temps qu’il a bien voulu nous consacrer.
Paul