Bonsoir,
J'ai eu l'occasion de rencontrer Béatrice Dubois. C'est une personne sincère, attachée à l'identité bourguignone, aux traditions et au patrimoine culturel régionnal.
Vigneronne encore assez jeune, ses vins sont sûrement perfectibles, mais sa curiosité, ses savoir-faires et ses compétences ne peuvent être remis en question. C'est à la fois une personne engagée, autant que rationelle et pragmatique.
J'ai eu l'occasion de goûter en sa présence un vin blanc à l'aveugle que j'ai pris pour un Nuit Saint Georges village, Blanc.
En fait, il s'agissait d'un Haute Côte de Nuit Blanc 2009.
Les vins blancs village étant rares en côtes de nuit, ce vin n'avait rien à envier à certains beaux villages de la côte de Beaune.
Une belle matière, de la rondeur et du gras, un vin certes plus large que long mais rafraichissant. Un petit reproche sur ce 2009 riche et jeune, l'élevage bois qui domine un peu la matière à ce stade et nous conduit sur des notes de fruits secs grillés qui passent au dessus du fruit et de l'acidité, du moins avant l'aération du vin.
Dés lors, des notes d'agrumes, (citron) et de fruits blancs à maturité apparaissent sur un registre presque confit et miellé. Le prix départ est aux environ de 12 euros et le rapport qualité prix est remarquable.
Personnellement, je suis sensible à la personnalité et au caractère d'un vigneron. Encore plus aux intentions et aux valeurs qu'il porte. A une trajectoire.
Parce que c'est d'abord une personne exigente et que cela se voit et se ressent, Béatrice Dubois ne peut faire de mauvais vins sauf à chercher encore une voie vers la qualité et l'excellence.
J'en veux pour exemple l'explication sincère qu'elle m'a donné sur l'élevage et l'apport un rien excessif du bois neuf.
Béatrice Dubois en se débarassant un peu vite de futaille de plusieurs vins s'est trouvée dans la nécessité de faire rentrer des futs neufs qui sur le millésime 2009 ont marqué la matière. Une chance, le millésime très riche va favoriser cet élevage ambitieux autant qu'imprévu, et dans 3 à 5 ans, une fois le bois fondu dans un beau jus, je suis sûr qu'à l'aveugle ce " petit vin blanc" pourrait bien tromper son monde.
Ceux qui sévères ne sont pas allés au domaine depuis un moment feraient bien d'y faire un saut, il pourrait être (agréablement) surpris. Moi, je vais m'y rendre dés que possible!
Parce que des vignerons qui ont du potentiel et des capacités en Bourgogne, qui ont une gamme étendue, des vins à vendre, à prix raisonnables, ils se font plutôt rares....et ceux là, à l'image de Cécile Tremblay et Anne Gros, pourraient bien être les stars de demain...dont les vins ne sont hélas plus accessibles au domaine!
Il suffit parfois d'un déclic, d'une rencontre...ou d'un leader d'opinion de passage.
C'est fou comme dans le monde du vin, une catégorie de population a besoin de se rassurer sur ses propres ressentis en délégant le "bon goût" à des critiques souvent sous influences commerciales ou publicitaires.
Parfois même à des gourous étrangers qui dans des concepts fumeux et des systèmes de notation qui ajoutent encore à la subjectivité de l'approche esthésique du vin en arrivent à nous dire comment apprécier notre patrimoine culturel.
Leur intention est de remettre en question ce patrimoine et le vin dans notre paysage culturel. Eux qui n'ont pas d'histoire avec leurs nouveaux vins, veulent au final nous imposer leurs propre conception du vin....un vin standard, normé, deshabillé de son caractère, de sa typicité, de son terroir. Pour nous expliquer après que les chardonnay américains, ou australiens sont de vrais vins de cépage sans défaut si ce n'est gustativement parfaits.
Aussi, cessez de mettre les vins systématiquement en compétition les uns avec les autres! Le vin n'a pas vocation à être un objet de concours, mais bien à être bu dans le partage et la convivialité.
Personnellement, je suis sûr que Gouges est parmi les plus grands vignerons à Nuits Saint Georges. Seulement voilà, je n'en ai bu qu'une fois, au restaurant, en 1/2 bouteille, parce que j'avais envie de me faire ce plaisir là.
L'ambiance, la tension puis la satisfaction du désir ont fait le reste. Un bonheur!
Maintenant, je ne prends pas l'avion tous les jours, et je suis content de monter dans des voitures pour me transporter qui sont autres que des Ferrari ou des Mercedes . Il en va aussi de même pour le plaisir du vin.
Une boisson simple qui participe à la conversation plutôt qu'un "produit tendance" devenu un sujet de conversation....de dualité et de polémiques.