Domaine Arlaud, passage au domaine pour le millésime 2017
Le mois de novembre est synonyme, maintenant depuis plusieurs années, de récupération de commandes. Et comme chaque année, le domaine Arlaud fait partie de la tournée. Accompagné de 3 autres compères, nous voilà parti de bonne heure et de bonne humeur. La grisaille et la bruine seront, comme d'habitude également, les seuls obstacles à ce périple. En prévention d'une quelconque opération de gilets jaune, nous partons prudemment un peu plus tôt, ce qui nous fera arriver avec un peu d'avance au domaine, et qui nous permettra de profiter seuls de la dégustation avec Cyprien.
Nous récupérons les verres, et nous pouvons nous diriger vers le chai à barriques. Première constatation, il est bien plein, ce qui fait plaisir à voir, et laisse clairement entendre que les volumes ont été bons sur 2017. En effet, Cyprien nous le confirmera, avec des rendements avoués de 38 hL/ha sur les Grands Crus, et environ 45 sur les villages, et encore, il a même fallu couper un peu de raisin...
La dégustation comprendra 6 vins, tous issus de pinot noir et tirés sur fûts, avec en premier lieu le bourgogne générique, 2 villages, 1 Premier Cru et 2 Grands Crus.
Bourgogne Roncevie:
La parcelle se situe exclusivement sur Gevrey Chambertin, à droite sous la RD974 dans le sens Beaune-Dijon. A noter que cette parcelle est classée en niveau régional, alors qu'il existe également une parcelle de "Roncevie" en appellation village juste avant. On a un nez friand et sanguin, sur les petits fruits rouges acidulés, avec en point de mire la groseille. On retrouve une belle structure épicée et sur la girofle en bouche, dans un style élancé, pur et sans creux. Un sacré niveau pour un générique, qui match largement plus haut que son niveau d'appellation
(mais ça, on le sait déjà! ) TB-E
Morey Saint Denis: On a un nez un peu fumé, avec de belles notes de myrtille. Les tanins, quoique fins, sont plutôt carrés en apparence, et participent d'une bouche relativement massive et rugueuse pour ce niveau de cru. On retrouve un coté terreux affirmé, complété par un superbe végétal mentholé rendant ce vin assez frais. Le fond de verre est très bien, sur le genièvre et la girofle.
TB
Chambolle Musigny:
Il s'agit de plusieurs parcelles, plutôt situées côté Morey Saint Denis, au Nord. On a un nez sanguin, plutôt léger et aérien, avec un très beau fruité primaire. La bouche est juteuse, avec juste ce qu'il faut de matière et de densité, dont la maturité du jus est superbe, rendant ce vin riche et presque sucrailleux, autour d'une arômatique complètement craquante sur la framboise...Un délice de gourmandise que ce village.
E
Morey Saint Denis 1er Cru, Les Ruchots: On a un nez fermé. La bouche est à l'opposé du vin précédent, le rendant plutôt austère, sensation accentuée par les 30% de vendange entière confèrant à l'ensemble une grosse masse tannique. Néanmoins, derrière cette approche marquée par des tanins un peu fermes et rendant le tout un peu rigide, on retrouve une structure droite et puissante, donnant finalement un vin tonique, finement enrobé par une aromatique d'une belle pureté sur les baies rouges (groseille, framboise). Ce n'est certainement pas encore un vin de dégustation, mais gageons qu'il aura toute sa place à table dans quelques années, lorsque le temps aura civilisé cette bête brute de décoffrage.
TB
Charmes Chambertin Grand Cru: On retourne cette fois dans un registre beaucoup plus expressif et gourmand au nez, marqué par une belle maturité de fruit là encore. La bouche est ronde, avec des tanins fins et gras, avec un très léger soupçon vanillé rendant le tout finement sucrailleux. On retrouve une aromatique la aussi déjà bien développée, avec de belles senteurs florales accompagnés de petits fruits (framboise, groseille). Un vin charmeur qui, finalement, porte excellemment bien son nom.
E+
Clos de la Roche Grand Cru:
Terroir d'argiles claires, dont le vin est issu de parcelles situées plutôt dans le centre et le bas du Grand Cru (Mochamps). De nouveau on alterne avec un nez plutôt fermé. Comme sur les Ruchots, on retrouve une bouche un peu rigide, la aussi marquée par 30% de vendange entière, avec une structure très droite, puissante et toute en longueur, masquant pour l'instant un peu le fruit. On est face à un vin la aussi frais, sensation renforcée par une aromatique complexe et épicée, sur la ronce, le végétal mûr et la girofle. De fins amers
(que l'on n'avait pas perçu sur les autres vins jusqu'à présent), renforcent cette impression de tension et étirent le vin de belle façon. Un vin qui appelle clairement la Côte de Boeuf maturée!!!
TB-E mais à attendre impérativement que le temps fasse son office
(ou que la côte de boeuf mature!!!)
En conclusion, on est face à un millésime qui se montre qualitatif, un peu dans la même veine que 2016, quoi qu’avec peut être un tout petit peu moins de fond. On retrouve également deux styles de vins clairement opposables: ceux empreints de gourmandise ou à l'inverse, ceux construits sur une assise structurelle puissante et méritant la garde. Il y en aura donc pour tous les goûts, et c'est tant mieux comme celà. Les arbitrages seront néanmoins difficiles à effectuer, tant chaque cuvée présent un intérêt certain pour l'amateur, du simple-
pas-si-simple Roncevie aux 2 Grands Crus goûtés, dont une mention spéciale pour ce Charmes Chambertin dont je suis presque tombé amoureux!
Merci également au domaine Arlaud pour l'accueil et cette dégustation.
Bon, c'est pas tout ça, mais direction Meursault désormais!!! Parait qu'il y aurait une cantine ou les canons sont à prix canon!!!...
Merci de m'avoir lu