Pomerols 1998 Quoi de neuf docteur ?
Auteur: Zapata (IP enregistrée)
Date: le 14/01/2006 à 16:13
Bonjour tout le monde
Voici le compte-rendu d'une dégustation qui a eu lieu le Jeudi 12 Janvier aux Caprices de l'instant à Paris, animée par Raphaël et Gérard. La dégustation a pour thème les Pomerols 1998, dont on teste 9 vins, plus un pirate. Les 10 vins sont dégustés à l'aveugle entièrement, les masques ne tombent qu'à la fin. Les flacons sont ouverts à 10 heures du matin, décantés rapidement en milieu d'après-midi puis remis en bouteilles pour le soir. Nous nous sommes prêtés à l'essai de notation sur 100 pour le jeu.
Vin numéro 1 : ça commence fort, robe superbe, couleur grenat soutenu, profonde, brillante, pure. Belles jambes persistantes. Nez de bois d'ébène, de mûres fraîches, de roses, de gâteau chocolaté (forêt noire), de framboises, de chocolat au lait, avec une belle netteté. Bouche très fraîche, tannins superbes et mûrs, avec une pointe végétale, dans laquelle on retrouve la mûre liquide, la fumée, la forêt noire et le kirsch. Persistance très importante d'au moins trente secondes, le vin se mélange onctueusement à la salive et cracher devient un effort. Un superbe vin que je note à 94+.
Vin numéro 2 : robe à peine moins nette que le vin précédent mais d'un superbe grenat profond sans la brillance toutefois. Le nez délivre des notes de truffe, de sang séché, de moka, de chamallow rôti (marshmallow), de cannelle, de chocolat blanc, de fruits noirs sous un boisé qui sait se faire discret, belle complexité arômatique. La bouche est à tomber par terre : une superbe matière taffetassée, veloutée, crèmeuse, le vin accentue sa sapidité en milieu de bouche, au lieu de faiblir, il prends du corps, on trouve pêle-mêle les mûres, la fumée, la violette, le sirop de framboises. Le grain du vin est d'une étonnante texture, la persistance est très importante, un vin magnifique, de grande classe, impossible à cracher que je note à 96. Peut-être même que ça vaut plus encore, avis aux heureux détenteurs...
Vin numéro 3 : Robe d'un rouge grenat moins soutenu que les deux précédents, belles jambes sur les parois du verre. Le nez semble d'emblée moins complexe, un cran en-dessous, avec une complexité certaine mais pas forcément profonde : mûre, pierre concassée, bois précieux, charbon. On pense à un moment au pirate ou à défaut à l'une des propriété située sur la zone sableuse en dehors du plateau. La bouche est fraîche cependant avec de belles notes de fruits noirs (cassis, myrtilles), de végétal (menthol). C'est un vin moins sensuel, avec un boisé encore présent qui a besoin de temps, persistance intéressante mais inférieure en comparaison. L'ensemble est noté 92.
Vin numéro 4 : une superbe robe grenat limpide, qui dessine des jambes fines et persistantes sur le verre. Nez d'emblée plus "Pomerolesque" sur la liqueur de mûre, les fleurs sauvages, la nougatine, le caramel, le sucre candi voire mais pas genre puissant jaillissant du verre cependant, il faut bien aller chercher les effluves. Bouche sphérique, tirée par un beau fruit mûr mais qui manque un peu de pulpe ou de chair pour être dans le top, fluidité plus importante comparée à la sensation crémeuse inoubliable du vin numéro 2. La persistance est importante sur le fruit noir et des notes métalliques (légère amertume) qui trahissent la crasse de fer qui abonde dans le terroir de certaines propriétés du plateau. Le tout noté 91+ .
Vin numéro 5 : connaissant la fin de l'histoire, lisez bien ce qui va suivre.
Robe grenat, à peine trouble, plus mate. Le nez distille avec ferveur un fruité mûr, limite confituré mais qui n'évoque pas de surmaturation, avec de très belles notes de jambon fumé, de mûre, de violette, de bois fin, de réglisse, de liqueur de framboises sauvages, de Porto. Bouche fraîche, sapide, profonde avec une chair splendide, persistante, longue, plus de 40 secondes matinée de notes fumée, de pâtisserie (bavarrois), de kirsch et de liqueur diverses (cerises, framboises), tannins persistants et savoureux, finale interminable avec une très légère astringence, seule réserve sur ce vin complexe et magnifique noté 95+.
Vin numéro 6 : Une robe dans la même veine que la précédente, c'est-à-dire grenat à peine troublée. Un nez puissant, crémeux, se déclinant en notes de café moka, de framboise, de mûres, de truffe, de goudron (bitume) offrant une belle palette complexe et nette. La bouche est merveilleuse de sapidité, avec un fruité mûr en filigrane tout du long comme une dentelle, une trame tannique du plus bel effet avec des notes fumées, caramélisées, superbe, persistance pas aussi importante que le cru précédent, seul regret sur ce très beau spécimen archétypique de l'appellation, noté à 94.
Vin numéro 7 : superbe robe grenat soutenu, limpide. Du bois plein les narines, derrière lequel perce un fruit mûr, des notes de pain grillé, toasté, de rôti caramélisé (limite travers de porcs), de fumée, de champignons chinois, de sauce à la prune, complexité mais léger manque de profondeur dans le spectre du verre.
Bouche plus décevante en revanche, suave, sphérique, mûre, sucrée mais n'offrant pas la complexité attendue, pour une persistance présente mais pas exceptionnelle, noté 90+.
Vin numéro 8 : Robe toujours dans les tons grenat. Nez fumé, peu complexe,un peu éteint à ce stade dont je n'arrive pas à tirer grand-chose (ce qui ne veut pas dire qu'il n'y avait rien à en tirer mais c'est décevant). Bouche ronde, boisée, cassis, peu complexe, à l'image du nez, fondue et soyeuse cependant, avec des notes de fruits noirs, persistance assez limitée, pour moi, le vin le moins intéressant et le moins complexe de la soirée, noté 87.
Vin numéro 9 : lisez bien ceci. Une belle robe limpide aux jambes bien galbées annonce un fruit mûr qui jaillit du verre (myrtilles, mûres, cassis), avec des notes d'épices et de gingembre, de sauce chinoise, de caramel et de crème. Bouche voluptueuse, milieu superbe qui prend en densité, texture très profonde, vin évoluant sans cesse en bouche, vers des nuances de moka, de pain d'épices, de pâte d'amandes, goût fumé, d'une longueur éblouissante, qui doit dépasser la minute bref vin qui tend vers l'extatique, fraîcheur et complexité, incrachable, grandiose tout simplement noté 97+. Le meilleur de la soirée pour la quasi-totalité des participants.
Vin numéro 10 : Robe très sombre, opaque, mate. Nez de café torréfié, de viande, de prune, de morilles trahissant un léger manque de complexité par rapport aux gagnants de la soirée. Belle bouche fraîche, étayée par un beau fruit mûr, racé, de belle étoffe, un poil surmaturé cependant, persistance assez moyenne. Ce vin très bien fait trahit plutôt un terroir incapable par nature de rivaliser avec les meilleurs, peut-être est-ce là ce qu'il peut donner de mieux, il est noté à 90.
Conclusion : une dégustation de très haute volée avec un ensemble de vins très réussis dans l'ensemble et relativement homogènes dans le contexte du millésime à Pomerol. La découverte des étiquettes amène cependant quelques surprises de taille, je vous laisse juge :
Vin numéro 1 : L'Eglise-Clinet
Vin numéro 2 : Vieux Château Certan
Vin numéro 3 : Petit Village
Vin numéro 4 : Trotanoy
Vin numéro 5 : Le Moulin ! pan sur l'étiquette !
Vin numéro 6 : L'Evangile
Vin numéro 7 : La Fleur Pétrus
Vin numéro 8 : Latour à Pomerol
Vin numéro 9 : L'intrus, Vieux Château Chauvin, Saint-Emilion grand cru classé 1998, pan sur l'étiquette (bis) !!
Vin numéro 10 : Le Bon Pasteur
Amitiés
Zapata
Re: Pomerols 1998 Quoi de neuf docteur ?
Auteur: claudius (IP enregistrée)
Date: le 14/01/2006 à 17:17
mes amis quel suspense et quelle surprise!
j'ai gouté il y a moins d'un mois Chateau Chauvin 1998, je n'ai pas été aussi ébloui que Zapata, nous avons dû nous planter au service et ainsi passer à c^té de cette merveille ... je m'en vais de ce pas à la cave en chercher une autre bouteille
à noter que le vin n'4, Trotanoy vaut dans les + 200 € et que Vieux Chauvin dans les 31 € ...
merci pour ce passionnant CR
Re: Pomerols 1998 Quoi de neuf docteur ?
Auteur: claudius (IP enregistrée)
Date: le 14/01/2006 à 17:32
je remonte de la cave et m'interroge:
il y a vraisemblablement 2 domaines différents à St Emilion
1) Vieux Chateau Chauvin
2) Chateau Chauvin
Le vin dont j'ai qqs bt n'est malheureusement pas celui dont parle Zapata snniiifff!
Re: Pomerols 1998 Quoi de neuf docteur ?
Auteur: Zapata (IP enregistrée)
Date: le 14/01/2006 à 17:42
Exact Claudius.
Vieux Château Chauvin était d'après les explications de Raphaël une cuvée élaborée avec les plus vieilles vignes de Château Chauvin mais qui est maintenant additionnée à Château Chauvin tout court.
J'ai vérifié sur le Parker qui ne parle que de Château Chauvin mais ajoute Vieux Château Chauvin au panthéon des 1998 les plus réussis à Saint-Emilion.
Amitiés
Zapata
Re: Pomerols 1998 Quoi de neuf docteur ?
Auteur: Daniel S (IP enregistrée)
Date: le 14/01/2006 à 17:57
Vieux Château Chauvin 1998 est une parcelle de vieilles vignes ( environ 80 ans d'âge rachetée à un voisin )qui a été vignifiée ,à part en 1998, et qui a eu une note supérieure (Parker ) à Château Chauvin. A partir du millésime 1999, cette parcelle a été intégrée à Château Chauvin. Donc plus de Vieux Château Chauvin. Je signale un très beau 2000 de cette propriété, goûté en primeur.
Re: Pomerols 1998 Quoi de neuf docteur ?
Auteur: claudius (IP enregistrée)
Date: le 18/01/2006 à 01:06
j'ai regouté Ch Chauvin 98 tout court sans vieux devant
les tanins amers que j'ai rencontrés dans la bt précédente sont toujours là et dominent malh. la bouche, à part cela c'est correct sans plus. Je l'avais préféré dans sa phase de fruit.
suis très curieux de gouter la cuvée spéciale
Re: Pomerols 1998 Quoi de neuf docteur ?
Auteur: aidan (IP enregistrée)
Date: le 18/01/2006 à 13:34
Pour les intéressés par Vieux Château Chauvin 1998 il peut se commander chez:[
www.vogel-vins.ch]
J'en ai commandé mais je veux quand même en garder 3 pour moi....!
Cordialement