Verticale de Sociando-Mallet samedi 21 mai 2005 (merci à DidierD pour son aide dans la recherche des millésimes). Les millésimes dégustés sont : 1982, 1985, 1986, 1990, 1995, 1999, 2000 et 2001. Les millésimes sont servis dans l’ordre sauf 1985, dégusté en premier…
Premier réel cr sur LPV, vous pardonnerez ma jeunesse d'autant que ce genre de dégustation est plutôt technique...
1985 : Le niveau dans la bouteille est à la base du goulot. Le bouchon est ferme bien qu’imbibé sur toute sa longueur. La robe est rouge grenat, légèrement trouble. Le nez est sur des arômes tertiaires, champignons… En bouche, l’attaque est faible, sur des fruits noirs légèrement confiturés. Le vin évolue ensuite vers des notes de cuir et de tabac. Les tanins sont tout à fait fondus. C’est bon sans plus, il y a comme un manque de matière. Ce vin a fortement évolué au cours de la dégustation : au départ il paraissait en sursis avant une mort imminente (légèrement madérisé) et puis il s’est rajeuni, s’est ouvert pour offrir tout ses arômes. Je conseillerais tout de même de ne pas trop attendre pour boire ce millésime.
1982 : Le niveau est exactement au milieu du goulot, le bouchon est imbibé sur le tiers de sa longueur. Le nez n’annonce rien de bon… Et en bouche le vin est madérisé. Pas encore totalement mais suffisamment pour ne procurer aucun plaisir en bouche. Le 1985 avait, au départ, cette même caractéristique (mais en moins fort) qui a disparu après aération. Il est donc décidé de passer le vin en carafe, on ne sait jamais… Ce sera en vain, plus rien ne changera. Heureusement on avait prévu le coup avec une deuxième bouteille de ce millésime…
1982 # 2 : bouteille strictement similaire à la première (niveau, bouchon). Mais là pas de trace de madérisation. La robe est d’un superbe grenat profond. Le nez est encore fort puissant sur des notes épicées (muscade,…) et animales. En bouche la première chose qui surprend c’est l’ampleur du vin. L’attaque est moyenne sur des fruits rouges. Le vin monte ensuite en puissance vers du sous-bois et termine sur un mix sous-bois et animal. Excellent vin, complexe et bien structuré. Je conseillerais d’aérer le vin quelques minutes avant le service.
1986 : Le niveau est parfait et le bouchon est imbibé sur le quart de sa longueur. La robe est grenat profond, très opaque. Le nez est explosif sur des fruits rouges et noires et un peu de bois fumé. En bouche le vin évolue par palier. L’attaque est franche sur du cassis, des myrtilles puis évolue vers du bois (chêne, cèdre) et du minéral. Ce vin est massif. Superbe ! Et en début de vie !
1990 : Le niveau est parfait et le bouchon est imbibé sur le quart de sa longueur. La robe est grenat profond, très similaire au 1986. Le nez par contre commence sur du cuir. Après quelques mouvements pour aérer le vin dans mon verre, des notes fruitées et légèrement boisés se dégagent au nez. Première gorgée, l’attaque est moyennement franche, le fruit est vite rattrapé par du sous-bois puis du chêne. Le vin est bien concentré. La texture est très belle. Pleine maturité et pour de nombreuses années encore.
1995 : niveau parfait, bouchon intact. Carafé 3h. La robe est grenat foncé, très dense. Le vin dégage des arômes de fruits rouges et noirs et du cèdre. Le vin est ample, d’une texture dense. C’est très concentré, la matière y est mais le vin ne veut rien donner. Difficile à juger en l’état mais très prometteur. J’attendrai encore quelques années avant d’ouvrir à nouveau une bouteille.
1999 : niveau parfait, bouchon intact. La robe est grenat foncé. Le nez est sur le fruit (cassis) puis le bois. Le nez est aussi marqué par l’alcool. L’attaque est franche mais le vin n’évolue pas en bouche. Les tanins sont assez stricts. Le vin est un peu court en bouche, en comparaison aux autres millésimes. C’est tout de même un bon vin qui a le malheur de passer après une superbe série !
2000 : niveau parfait, bouchon intact. Carafé 3h. La robe est grenat foncé. Le nez explose littéralement sur des fruits noirs, du bois (cèdre). L’attaque est moyenne. Les tanins sont fermes. La texture est grasse, la matière est bien présente mais, comme le 1995, c’est verrouillé. Très prometteur mais à attendre de nombreuses années.
2001 : niveau parfait, bouchon intact. La robe est grenat. Beau nez sur du cassis, de la myrtille et du kirsh, le tout légèrement boisé. L’attaque est franche mais surpasse le tout. Pas d’évolution ; comme les précédents c’est fermé. Les tanins sont très présents. Difficile à juger quand il s’ouvrira.
En conclusion, Sociando-Mallet est un vrai Haut-Médoc, d’une belle typicité, nécessitant souvent de la patience avant de se donner. Millésimes après millésimes, le vin reste fidèle à lui-même. Personnellement je n’ai pas retrouvé le poivron (vert ou noble) souvent perçu par d'autres dégustateurs. On a eu trois vins excellents à boire maintenant (1982, 1986, 1990), trois vins fermés mais avec beaucoup de potentiel (1995, 2000, 2001), le 1999 reste plus difficile à juger tandis que le 1985 arrive en fin de vie.
Cordialement,
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