Château Montrose 1975 :
(étiquette du format bouteille)
Bu à l'occasion du diner du 31 décembre 2005 en Magnum.
Niveau bas goulot, étiquette et capsules parfaites quoique un peu empoussiérées par les années.
Je prévoyais une bouteille de Las Cases 1975, mais par manque de temps et d'organisation, j'ai dû m'embarquer avec le 1er flacon du millésime accessible dans ma cave.
Dès lors j'avais une "petite" (doux euphémisme) appréhension, tant sur la conservation (le bouchon semblait plutôt mangé, ne nécessitant pas une grande poussée au travers de la capsule pour s'enfoncer dans le flacon) que sur la qualité intrinsèque du vin dans ce millésime.
Avec le transport en avion en sus (dans mon sac à dos qui secoue bien d'ailleurs)...
Repas chez la tante de ma fiancée.
2 heures avant de nous y rendre j'ouvre le magnum histoire d'en renifler un peu le contenu et d'en avaler une petite gorgée.
Mon coeur bas la chamade, car effectivement sous la capsule c'est très oxydé.
Le bouchon n'est plus au meilleur de sa forme et finit par se briser aux 2/3.
Entre mega hyper super tire-bouchon, bi-lames et maladresse congénitale, j'arrive par miracle à en extirper le dernier bout.
Au nez une impression déséquilibrée sur l'alcool couvre toute autre perception.
Je verse un petit verre et le tend à ma fiancée. Elle n'aime toujours pas le vin sauf très rares exceptions tenant plus à l'ambiance qu'à ce qu'elle avait eu en main. Mais elle a un radar hors pair pour détecter un problème.
Et là le scanner est catégorique : pas de bouchon, ni autre faux goût.
(bon, pas de miracle non plus elle ne veut même pas savoir ce qu'elle vient de déguster).
Je trouve qu'après 10mn le vin s'ouvre, s'équilibre. Pas besoin de carafe.
Je me dis que finalement je fais bien de l'apporter.
Je laisse le magnum se reposer un peu, puis voiture jusqu'à l'adresse indiquée, flacon entre mes mains jusqu'à sa place sur une desserte où il restera pendant 2 heures avant que nous passions à table et arrivions au plat principal.
Si ce n'est pas de l'anti bons principes de service du vin ça, il ne me reste plus qu'à rajouter de l'eau dans la bouteille la prochaine fois pour tenter pire...
Robe :
Traces d'évolution légèrement brunes sur le cercle. Mais l'ensemble reste d'un rouge sombre, opaque, qui ne fléchira pas tout au long du repas.
Nez :
Assez ouvert, sur des notes délicates de sous-bois, de mûre et de kirsch.
Bouche :
L'attaque est plutôt suave. Une trame rustique est toujours présente.
Une légère impression de dilution disparaît rapidement au profit d'un dégradé d'arômes subtils avec toujours une trace de kirsch, de fruits noirs et un léger côté variétal. Presque un joli Pomerol s'il n'y avait cette légère pointe acide en finale qui se termine sur une belle note nettement épicée (cardamone) et surtout cette colonne vertébrale rustique.
Tant bu pour lui même qu'entre des bouchées de rôti aux agrumes c'est excellent navigant entre finesse et personnalité affirmée.
Le Magnum est littéralement siphoné en 1h30 par une 10aine de personnes ne sachant pas ce qu'ils boivent (la protection placée pour le transport est restée sur le magnum par hasard). Certes certains remarquent évidemment que c'est un vin qui n'est plus un adolescent, mais personne ne lui donne plus de 15-20 ans... Alors quelle surprise lorsqu'ils voient l'étiquette (avec sa mention désuette de "
Médailles d'or" de 2 expos universelle du XIXe s. et surtout la précision très germanique sous le nom de L.Charmolüe d'un contenu de 1L48... Avant part des anges
) et prennent conscience de se délecter d'un "jeune" trentenaire.
Confirmation à nouveau que les bons 1975 commencent à se donner (pour le Montrose je ne crois pas qu'il s'améliorera, mais il tiendra sans problème vu le mauvais traitement que je lui ai fait subir).
Confirmation également qu'un bon vin réussi bu pour lui-même et bien accompagné (surtout par des convives que l'on apprécie) sans être comparé immédiatement au meilleur millésime du Château ou au meilleur Château du millésime, voire à des monstres du moment, peut faire vibrer des papilles et scintiller de futurs souvenirs gustatifs.
Cordialement,
dfried