il est de ces flacons que l'on a hâte d'ouvrir mais dont on sait pertinemment qu'il est bien trop tôt
il est de ces flacons qui me font de l'oeil depuis un bail, me narguant à chaque fois je j'ose descendre dans l'enceinte sacro-sainte et ténébreuse de ma cave à vins
il est de ces flacons qui ma rappellent à chaque son sourire, sa gentillesse, sa joie de vivre, de partager, malgré un mauvais caractère (le mien est 100 fois pire) d'un homme qui ne dort que très peu, occupant 2 emplois à plein temps (plus que ça même) dormant maxi 4 heures par nuit (fais gaffe à ton coeur), mais pour qui la passion la vraie avec un "P" majuscule n'a pas de prix...
ce vin c'est "son" bébé, ce qu'il veut faire depuis tout petit et quand on fait les choses avec amour, ça se sent presqu'obligatoirement.
ceCR:
chateau cornélie 2006 d'appellation haut-medoc est fait par un allumé, vous l'aurez deviné, un homme pour qui le mot moyen n'a pas de sens et que l'excellence est toujours au-dessus de ce qu'on peut faire aujourd'hui, un fou, un perfectionniste, un extra-terrestre pour ses voisins, un ami pour ses clients, du moins pour ceux qui ont eu la chance de lui serrer la main et de discuter avec.
cet homme ne fait pas 10 mètres de haut, il n'a aucun moyen financier ou presque, il fait TOUT à la main, son dos vous le dira
les 5,5 hectares qu'il cultive en fermage depuis fin 2004, il les cultive tout seul, à part un petit coup de main de sa famille proche, les vendanges sont pour lui une fête ou ne sont que ses amis et sa famille...
que dire de son vin que j'achète tous les ans aveuglément en sachant que je ne prend qu'un seul risque : celui du plaisir ; dire qu'il est bon certes, qu'il est le meilleur, non bien sûr, qu'il est honnête, certainement...
lui même prend des risques en limitant de manière effrontée les traitements là ou ses voisins traitent à tout va, là ou lui s'amuse à éliminer les entre-coeur là ou ses voisins le prennent pour un dingue, là ou le gârs a bien du mal à laisser des grappes sur ses pieds (cette année rendements de l'ordre de à peine 30 hecto/ha)
il passe, repasse et re-repasse dans ses vignes avec acharnement, soucieux du moindre détail, un homme chez qui le mot "respect du client" n'est pas qu'un argument commercial, mais plus un état d'esprit
un homme qui malgré les très difficiles temps qui courent ne courbe pas l'échine et garde le cap, tel un capitaine en pleine tempête, le cap du toujours plus et en restant droit dans ses bottes niveau tarifaire (en plus)
cet homme vous ne connaissez tous plus ou moins, certains l'aiment, d'autres non, pour ma part je pense que c'est assez clair...
quelqu'un qui, sans aucun moyen est capable de "sortir" en seconde position en dégustation primeur juste derrière sociando-mallet, alors que dans son vin rien n'est fait dans le sens du tape-à-l'oeil, mais plutot de la franchise et construit sur la durée
un fou qui ne fait rien comme les autres et qui aux primeurs 2007 présente un échantillon représentatif de ce qu'il a fait alors qu'il avait des cuves OVNIesques qui auraient tout pété sur leur passage, là ou d'autres n'ont pas hésité...
juste un petit coup de coeur...
à noter que le bouchon est long (5 cm) et pas du tout imbibé, parfait tout simplement
la couleur est d'un beau rubis moyennement profond sans aucune trace d'évolution, les larmes étant très denses et très lentes
il est clair qu'à l'ouverture on est très déçu : nez peu bavard et des arômes qu'il faut aller chercher, 3 heures après c'est une autre histoire, le nez est puissant et presque envoûtant (j'ai dit presque) sur le cassis (terres sur saint-sauveur voisin immédiat de pauillac...) la cerise noire écrasée, une belle fraicheur apportée par une acidité très juste, un nbez évioquant une bien belle maturité, avec des notes d'épices douces (cannelle) de poivre, de sous-bois, un nez qui prend de l'ampleur au fur et à mesure de l'aération
en bouche l'attaque est très nettement sur la réglisse (merlot), le milieu de bouche est bien équilibré et ou l'on sent un boisé "sec" qui mérite de se fondre encore car un peu insistant, mais je ne m'en fais pas car la matière est tellement belle que je pense qu'elle va l'absorber sans aucun problème,il est très digeste,d'une belle ampleur avec une structure d'une finesse remarquable, des tanins pour l'heure encore un peu poussiéreux qui donnent l'impresssion de croquer dans du poivre noir, aucune molesse ou creux décelable, un vin très bien construit en devenir
la fin de bouche est looooongue et s'étire harmonieusement sur la réglisse et une légère sècheresse, et un retour sur le minéral (mine de crayon ???)
personnellement je vais foutre la paix aux 10 bouteilles qui me restent pen,dant 3/5 ans minimum et vais plutot taper dans mes 2005 qui se goute très bien même si lui aussi peut attendre sans problème
je pense pouvoir dire sans trop me tromper que 2006 est au-dessus de 2005 au niveau potentiel même si 2005 se goute mieux aujourd'hui, les comparer sur une dizaine d'années risque d'être intéressant
en l'état bien++ à potentiel très bien+ au moins...
à noter que sauf erreur de ma part l'assemblage est de 52% cabernets et 48% merlot, élevage environ 20% barriques neuves (14 mois ???) et ça coute 12,50 euros...
du vrai bon boulot camarade et un sacré pied de nez pour ceux qui ne jurent que par 2005....