Ce week-end le « Club des Amis du Bordeaux » de Genève s’est réuni pour une nouvelle verticale. Après Calon-Ségur (dont les notes ont péri sans descendance notable) , nous nous sommes attaqués cette année à Haut-Bailly, château très réputé de Pessac-Léognan que crois n’avoir jamais gouté auparavant malgré un bel échantillon en cave.
Les vins ont été dégustés à l’aveugle par paire puis découverts avant de passer à la paire suivante
1.
Haut-Bailly 2001
Nez soyeux, fruité avec un très léger poivron mûr. L’attaque en bouche est souple, avec un joli volume puis l’acidité se manifeste avec des fruits. Beaux tannins, légère astringence qui serait presque un peu asséchante. Malgré du fruit en finale, c’est un peu austère avec une légère amertume. Paraît encore un peu jeune mais un beau vin de table ; la série commence bien.
BIEN++
2.
Haut-Bailly 1995
Au nez, le poivron domine le fruit ainsi que des notes de bois mouillé, de poussière, bref pas engageant. La bouche le présente un peu mieux, similaire au précédent par son attaque souple et son côté charnu mais quand même en plus fluide et plus frais. J’ai d’abord noté « pas d’astringence notable » mais à conserver le vin en bouche de longues secondes, on finit par se sécher un peu les papilles. La finale est « bordelaise » , un vin agréable.
BIEN+
3.
Haut-Bailly 1996
Le nez est plutôt réservé, on retrouve un peu de fruit et de poivron en retrait ainsi que les notes de bois mouillé.
L’attaque en bouche est toujours souple, c’est la fraicheur qui marque d’abord le palais puis les tannins se manifestent. L’astringence est assez marquée mais laisse la place à une finale fruitée. Un vin dense, assez puissant (alcool) , un peu austère façon « cabernet » mais avec un joli fruit quand même.
BIEN++
4.
Haut-Bailly 1996 (oui encore 96, l’ordonnanceur nous livrant une première facétie pour maintenir l’attention)
Joli nez, un peu réservé mais fruité. La bouche est souple, très beau volume avec du fruit, les tannins sont en retrait même s’ils serrent un peu en finale. Même finale que le précédent en un peu plus fruitée. Au global, il présente un meilleur équilibre entre l’intensité, le fruit et l’acidité que le précédent
TRES BIEN- de grandes différences par rapport la bouteille précédente mais 2 beaux vins pour la table !
5.
Haut-Bailly 1986
Nez superbe, fondu avec des épices et un peu de liqueur de cassis. En bouche, on retrouve le best-of des précédents, souplesse , vivacité, volume , fluidité , un peu d’astringence et un superbe fruit
TRES BIEN++ Et très beau à table
6.
Haut-Bailly 1990
Joli nez fondu qui rappelle le précédent en moins class’ avec en particulier une petite note végétale/poivronnante . La bouche est belle, super fondue aussi malgré des tannins plus grossiers presque séchants.
BIEN++/TRES BIEN-
7.
Haut-Bailly 1988
Nez sur la liqueur de fruits, un peu compoté, petite acidité perceptible, complexité à l’agitation. Ça parait plus puissant. La bouche est plus fluide, moins charnue, l’acidité est présente, il y a des fruits rouge, du poivron et d’autres notes végétales ; légère astringence passagère ; très persistant et très long mais de style plus austère que les 2 précédents
TRES BIEN
À table, le nez est toujours austère et la bouche un peu sévère même si elle est plus fondue
8.
Haut-Bailly 1989
Nez semblable en moins expressif, plus serré. En bouche, on retrouve le style des 86 et 90, beau volume, du fruité qui domine en finale la légère astringence passagère. Les tannins sont encore légèrement marqués.
TRES BIEN++ et du potentiel pour encore mieux. Ça se confirme à table, il domine le 86 grâce à plus de nerf, de caractère et de complexité
9.
Haut-Bailly 2004
Première robe violine de la soirée ; le nez est sur le fruit ; la bouche est dense, « moderne » façon nouveau monde : puissant, acide, démonstratif, c’est plutôt brouillon. D’abord souple, les tanins enrobés donnent de l’astringence en finale ; légèrement asséchant, un peu amer aussi.
Trop jeune, pas mon truc, à revoir dans 20 ans ? surprise à la découverte, je n’imaginais pas un 2004 comme ça, je voyais ce vin beaucoup plus jeune. Sur le repas, le vin se remet légèrement en place et remonte le moral de ceux qui en ont en cave
10.
Domaine de Chevalier 2004 tiens un pirate pour faire une horizontale…
La robe est plus rouge, le nez superbe avec un petit fruit soyeux et discret. La bouche est plus fluide sans être maigre ; quelques fruits rouges et des tannins très fins qui serrent en finale ; légère amertume , moins prononcée que le précédent. Un futur beau classique ?
BIEN+
11.
Haut-Bailly 2000 3/4 heures de carafe
Joli nez fruité, petit boisé perceptible, épices et tabac. En bouche, l’attaque est souple et volumineuse avec une acidité piquante. C’est charnu, intense, très expressif. L’alcool est perceptible, il y a de l’astringence mais elle se manifeste tard. La finale est très puissante, je dirais presque un peu fatigante mais à table il se révèle avec une gnak digne du 89.
BIEN++ (à attendre très très longtemps me dis-je après la dégustation ? et je me risque à pronostiquer un futur grand vin sur la base de son évolution à table)
12.
Haut-Bailly 2005 (4 heures de carafe large)
Le nez d’abord assez végétal, poivronnant devient plus agréable avec l’aération. La bouche est très souple, fruitée, intense et puissante façon sudiste ; les tannins sont imperceptibles jusqu’à la finale astringente. Trop jeune mais superbe vin
TRES BIEN- avec du potentiel
On termine par 2 bouteilles offertes par le domaine (qu’il en soit remercié au passage), toujours à l’aveugle
13.
Haut-Bailly 2008
Une bouche souple, vive et fruitée, fluide ; ça fait jeune comparé aux séries précédentes. Un peu puissant pour un Bordeaux mais le style est là.
TRES BIEN- à attendre en confiance
14.
Haut-Bailly 2011
Très fruité, explosif, astringence très marquée en finale mais attaque souple, des notes vanillées, lactiques. Encore un joli vin qui sera agréable dans quelques années
Au final, une très belle dégustation ; j’ai été surpris par l’équilibre et la buvabilité de ce cru ; Que soit en version jeune (des tanins pas trop rigides moyennant parfois une bonne aération) ou en plus évolué avec des bouches d’un beau volume, que de beaux vins !
S’il fallait faire un classement, je retiendrais les 86 et 89 secondés par le 88. Juste derrière, le 2000 a su faire sa place sur le repas même si en dégustation les 05, 08 et 96-le bon étaient devant.
En after, il y a eu 2 ou 3 blancs de belle qualité, même si le chasselas de qualité est souvent un vin un peu trop riche à mon goût. J’espère qu’un ou l’autre de mes acolytes viendra compléter le pédigrée, j’ai apprécié le Clos Blanc 2011, chasselas de Genève : Belle bouche fraiche même si ça chauffe un peu au réchauffement justement ; des fruits jaunes, de l’acidité et une pointe de sucrosité. J’ai préféré la Petite Arvine 2012 de N.Zufferey, très beau vin, acide , tendu malgré une certaine richesse avec de la rondeur agréable. Je n’ai pas pris de notes sur le chasselas du fromage (un dezaley ?)
Merci à Jérôme et Stéphane, nos amis du Bordeaux pour la sélection, l’ordonnancement et le service des vins. Merci à Stéphane et Christine pour l’accueil et la cuisine gouteuse. Et merci à tout le monde pour la convivialité.